Critique – La famille Bélier

La Famille Bélier : la bonne surprise de la fin 2014

A l’affiche depuis le 17 décembre dernier, La famille Bélier réalise l’une des meilleures sorties de cette fin d’année 2014 avec près d’un million d’entrées en salles au cours de la première semaine. Avec un casting solide derrière la jeune Louane Emera (The Voice 2), l’alchimie de La famille Bélier opère-t-elle ?

Inspiré du roman « Les mots qu’on ne me dit pas » de Véronique Poulain, La famille Bélier propose un scénario quelque peu remanié par rapport à l’ouvrage d’origine. Paula Bélier est une adolescente qui a grandi dans une famille de sourds-muets (ses parents ainsi que son petit frère le sont). Pourtant Paula parle (parfois beaucoup) et, surtout, chante à merveille. Lorsque son don est découvert par son professeur de chant, Paula se voit confrontée à un dilemme, entre le chemin tout tracé d’exploitante agricole et celui, plus incertain, de la chanson.

Un bon film, c’est avant tout de bons acteurs, et la famille Bélier nous le démontre. La prestation de Louane Emera en tant que premier rôle est assez crédible, et bien que certains clichés d’ados font sourire au début du film, on suit le personnage de Paula qui cherche sa voix comme elle cherche sa voie. On retrouve la sensibilité dont elle fait preuve quand elle chante, et on se laisse embarquer par sa voix qui par moments parvient à nous arracher quelques frissons. A ses côtés, il faut souligner le beau rôle de composition des parents. François Damiens (Dikkenek, l’Arnacoeur), plus connu pour ses impostures et son profil d’humoriste que pour des rôles plus en sensibilité, est accompagné par Karin Viard (Polisse, l’Amour est un Crime Parfait), qui se révèle désopilante de maladresse. Leur présence à l’écran en dépit de l’absence de dialogues parlés témoigne du travail qu’ils ont dû fournir afin d’apprendre et d’interpréter le langage des signes. Ils le font ici avec brio.

Quatrième pilier du film, Eric Elmosnino joue quant à lui le rôle du détonateur. Détonateur car c’est lui qui découvre et met en évidence le don de Paula Bélier, et également détonateur car ses réparties font mouche, et empêche à de nombreuses reprises le film de s’engoncer dans un faux rythme, et dans le rose bonbon d’une œuvre pétrie de bons sentiments. Cynique et provocateur, c’est lui qui donne le la, et pour notre plus grand plaisir.

La famille Bélier est très rafraichissant, et Eric Lartigau réussit à nous faire passer un bon moment, sans pour autant nous étouffer de bons sentiments, ce que l’on pourrait redouter à première vue. De ce côté, c’est une bonne surprise de fin d’année qu’il nous fait.