Critique – Fiston
Depuis qu’il a 7 ans, Alex n’a qu’une obsession : séduire Sandra Valenti, la plus jolie fille d’Aix en Provence et, à ses yeux, la plus jolie fille du monde. Aujourd’hui, il lui faut un plan infaillible pour pouvoir enfin l’aborder. Il décide de s’adjoindre les services d’Antoine Chamoine qui presque 20 ans auparavant, a séduit Monica, la mère de Sandra.
Vive le Printemps du Cinéma qui permet de regarder ce que je n’aurais jamais regardé, et, j’avoue que le soleil m’a poussé à me réfugier dans une salle au plus vite. Je n’attendais rien de spécifique sur ce film, c’est donc avec, je l’espère, un avis impartial que je vous livre cette critique.
En voyant l’affiche et la bande-annonce, je m’attendais à voir un ado boutonneux qui aime se moquer des « vieux » dans le camping des flots bleus. Il faut bien avouer que Dubosc et Adams restent sur les rôles dans lesquels nous les attendons, l’attardé et le faux beau gosse des années 70, si l’on ne supporte ni l’un ni l’autre autant ne pas aller plus loin tellement Kev Adams peut être agaçant dans le rôle. Concernant Dubosc, il a commencé à mettre un peu d’eau dans son vin, par moment surjoué à d’autres moins joué, il arrive à tenir son rôle de beau gosse des flots bleus sans trop en faire. Concrètement, les dialogues y sont pour beaucoup et sont le 3e humoriste du film. La bande-annonce donne le ton et, pour une fois, ne raconte pas toute l’histoire tout en exposant ce que sera le produit final : pas mal de Kev Adams, un peu de Dubosc en retenue et des dialogues qui imposent aux deux d’avoir un vrai jeu d’acteur et non juste deux sketchs accolés. Évidemment, si l’un comme l’autre vous insupporte, je ne sais même pas pourquoi vous lisez cette critique.
Les autres acteurs – ou plutôt actrices – sont bien dans leur rôle. Helena Noguerra tient bien le rôle de la mère qui fait craquer tout le monde, on la sent inaccessible. En parlant de mère, Valérie Benguigui a eu un rôle sur mesure tant elle semble à l’aise en mère célibataire perdue, ses interventions sont toujours sources de rigolade, elle nous sort même quelque peu de l’histoire, dommage que son personnage n’intervienne pas plus souvent. Et pour les deux derniers personnages féminins que sont Sandra, jouée par Nora Arnezeder (Angélique) et Elie, jouée par Alice Isaaz (La Crème de la crème), la première joue la fille tout aussi inaccessible que la mère (Helena Noguerra) avec brio et la seconde joue une étudiante qui travaille dans une banque, simple et adolescente. Il est vrai que ce ne sont pas des rôles de composition mais elles font le travail plus que correctement.
A noter, un petit second rôle féminin qui doit être mentionné, celui de Barbara Bolotner, excellente en fille draguée de la pire des façons et qui a un répondant assez inattendu.
L’histoire est plus que banale et même pour quelqu’un qui débranche comme moi son cerveau lors du visionnage d’un film, celui-ci est réellement accessible à tous. Nous pourrons jouer à la Pythie dès le début du film. La petite chose dommage n’est pas tant le fait de le voir que de se rendre compte qu’il s’agit d’un déroulé idyllique du film. Cela ne gâche pas le plaisir mais on se serait attendu à de l’imprévu, sachant que les deux acteurs humoristes sont assez rodés à l’improvisation, à l’écran un rebondissement ajouterait en cohérence par rapport aux acteurs. Alex, dans l’histoire, trouve un père qu’il n’a pas connu et Antoine (Franck Dubosc) se revoit 20 ans plus jeune et trouve un fils qu’il n’avoue pas vouloir. Il y a une émotion qui reste authentique sans tomber dans le pathos cher aux comédies américaines.
Fiston a l’avantage de ne pas tomber dans la caricature. Ainsi, sans vouloir être un porte-bannière, ce film montre par un humour léger (et au final pas si présent) et une émotion simple et authentique, une réalité des relations actuelles des jeunes. Bien que le portrait soit encore trop parfait, nous sentons que le réalisateur touche à quelque chose de très actuel et concret (la vie monoparentale et les difficultés qu’ont les jeunes pour séduire).
Évidemment,l’éternel conflit intergénérationnel est présent, mais celui-ci est bien présenté. Lorsqu’on voit un Antoine has been tenter de séduire une boulangère pour obtenir des croissants gratuits, c’est une approche plus subtile de présenter ce décalage tout en jouant des clichés. Tout le film montre une relation « je t’aime moi non plus » entre Alex et Antoine, l’un ouvrant son cœur et l’autre cherchant à tout faire pour s’en débarrasser.
Un mot sur la mise en scène. A noter un gros raccourci cinématographique sur le milieu du film entre Alex et Elie (Alice Isaaz) qui est un point presque névralgique de l’histoire. Sinon le film ne souffre d’aucun défaut particulier, Pascal Bourdiaux fait le boulot, le film a du rythme et il n’y a pas vraiment de longueur. Le tout est très digeste, on aurait préféré une fin un peu plus complète, plusieurs questions restent en suspens.
Pour conclure, Fiston est une comédie familiale qui a le défaut d’être comme toutes les comédies familiales, avec de l’humour (surtout au début), pour finir sur de l’émotion. Le film se démarque par son authenticité car il n’y a pas de caricature, l’humour est léger et reste assez constant (pas trop au début mais il n’en manque pas à la fin). Le duo Dubosc (tout en retenue) et Adams (dans son rôle habituel d’ado paumé) fait merveille car servi par de bons dialogues et donc sans lourdeur véritable. Si je dois pousser un coup de gueule, je trouve dommage que le film n’ai pas duré plus longtemps pour donner la part belle à de nombreux et très bons seconds rôles féminins qui ont été très bien joués.
- Kev Adams fidèle à lui même sous la coupe d'un Dubosc tout en retenue
- les dialogues
- une émotion authentique sans caricature
- Des jeux d'acteurs bons mais très marqués par Dubosc et Adams
- le scénario de sitcom américaine, totalement prévisible
- de très bons rôles féminins pas assez mis en valeur