Critique – Jamais le premier soir

Critique – Jamais le premier soir

Le printemps, synonyme de soleil, de chaleur retrouvée, d’hormones qui montent en flèche… Oui, tout vous oriente vers l’amour. Et ça tombe bien, car une fois n’est pas coutume, nous allons vous parler d’amour avec une comédie romantique française : Jamais le premier soir, emmenée par ses trois amazones Alexandra Lamy, Mélanie Doutey et Julie Ferrier. L’amour à la française : mauvais piège à filles ou vraie réussite ? 

Mélissa Drigeard, scénariste et réalisatrice de Jamais le premier soir, se lance pour son tout premier long-métrage dans le genre très codifié de la comédie romantique. Le titre est déjà évocateur. Notre imaginaire s’envole vers des jeunes femmes d’aujourd’hui qui savent ce qu’elles veulent, qui maîtrisent leur vie amoureuse et leur corps, bref qui décident et n’attendent plus passivement le grand amour. Elles ont des principes, elles ne couchent pas le premier soir car nos femmes libérées ne sont pas si faciles. Vous pensez au scénario de Bridget Jones ? C’est normal, c’est la référence du genre. Codifié on vous dit.jamais-le-premier-soir-affiche

D’ailleurs notre scénario « à la française » reprend complètement les poncifs du genre. Julie est une quadragénaire (le film essaie de nous faire croire qu’Alexandra Lamy est trentenaire… mais objectivement…) qui a tout pour plaire. Elle est à la fois mimi, fashion, elle a un super job, elle est sympa, franche et un peu maladroite. Julie est une femme Barbara Gourde, c’est vous, c’est moi. Et comme vous et moi, Julie connaît lose sur lose en amour. Julie rêve de l’homme de sa vie dès qu’elle rencontre un inconnu qui lui plaît, mais connaît de graves déconvenues avec des salauds qui ne la méritent pas. Heureusement, ses meilleures amies sont là pour ramasser les morceaux, et lui prodiguer mouchoirs et plus ou moins bons conseils. Julie décide aussi de dévaliser le rayon développement personnel de la librairie de son quartier pour s’assurer d’être enfin heureuse. Julie va devoir se sentir bien avec elle-même pour peut-être réussir à trouver sa perle rare. C’est donc un véritable voyage initiatique que nous propose Jamais le premier soir. jamais-le-premier-soir-lamy-doutey-ferrier

Comme dans toute comédie romantique, le casting est primordial pour incarner ces héros proches de nous. Dans le rôle principal, Alexandra Lamy (Lucky Luke), un peu loseuse sympathique, un peu sans aucun charisme comme à son habitude. Ce n’est pas grave, si elle n’a pas de relief-pas de saveur nous nous identifions mieux. Dans le rôle des copines hautes en couleur : Mélanie Doutey (Le Bal des Actrices) et Julie Ferrier (L’Arnacœur). Le trio fonctionne plutôt bien, la folie présente dans certaines scènes de débauche est parfois très drôle. Une certaine sincérité émane de leur jeu et nous sentons le réel plaisir que les actrices ont eu à jouer ensemble. Plaisir partagé par le spectateur. Les histoires annexes de ces deux autres loseuses modernes sont en revanche trop faibles pour vraiment nous intéresser.

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Et pour des histoires d’amour qui envoient du bois, il nous faut également un casting masculin au top. Hollywood avait Hugh Grant, parangon de charme et de sensualité. Le cinéma français a trouvé… Jean-Paul Rouve. L’acteur des Tuche, l’ancien Robins des bois un peu pataud, incarne le libraire de quartier, toujours accompagné d’une bombe dans la vingtaine (à noter la présence parmi elles de « la copine » de Bref). Vous pouvez arrêter de rire immédiatement, car aussi improbable que cela puisse paraître en théorie, Jean-Paul Rouve est en réalité très bon dans son rôle de french lover. Il réussit même à toucher par sa justesse sans surjeu. Disons-le carrément, Jean-Paul Rouve est charmant dans Jamais le premier soir, et possède une vraie présence dans ses dialogues. Pour compléter ce casting masculin, et sans vous spoiler, le toujours sexy Gregory Fitoussi (Engrenages), l’exceptionnel Julien Boisselier (Je vais bien ne t’en fais pas) et le sociétaire de la Comédie Française Michel Vuillermoz (Camille redouble), nous livrent des moments hilarants avec des idées assez originales.

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Jamais le premier soir est donc une comédie sympathique, servie par des acteurs sympathiques, qui montre bien le dilemme de la femme moderne, prise entre ses attentes d’amour éternel et la réalité des amours faciles et jetables. Le spectateur passe un bon moment. Nous regrettons toutefois un manque d’originalité, car nous en avons strictement pour ce que nous attendons : la réalisatrice nous embarque dans un voyage dont nous connaissons déjà toutes les étapes, et quasiment toutes les situations comiques (à quelques variations près). La fin se devine dès le début, la seule question est comment le personnage principal réussira à en arriver là. Le spectateur rit devant cette jolie comédie, mais il rit à la joie de retrouver la structure classique du genre de film qu’il aime… De ce point de vue là Jamais le premier soir me semble tout de même une réussite, car le film fait le job sans prétention. Il nous manque tout de même la vraie capacité à surprendre d’un Arnacœur.

Critique - Jamais le premier soir
Une comédie romantique sympathique mais pas très originale.
Acteurs
Scénario et mise en scène
Image et son
On aime
  • Jean-Paul Rouve
  • Un film qui donne la pêche
On aime moins
  • Scénario peu original
  • Le choix des actrices ?
2.6Note Finale
Note des lecteurs: (0 Vote)
    • zeddcara

      Voilà une critique bien rédigée et plaisante à lire. Merci pour ce petit moment de plaisir solitaire dans la lecture.