Minuscule : La Vallée des Fourmis Perdues, sortez du rang et suivez le rythme !
En 2006 apparaissait sur les petits écrans Minuscule : La Vie Privée des Insectes, une série francophone atypique. Huit ans plus tard, fourmis et coccinelle bravent les critiques et reviennent au cinéma avec Minuscule : La Vallée des Fourmis Perdues. Petits insectes, grandes aventures !
Minuscule, scruté à la loupe
Minuscule raconte comment une petite coccinelle se retrouve malgré elle camarade d’une troupe de fourmis ramenant à la colonie un précieux butin, une boite de sucre. Nos compères sont malheureusement poursuivis par d’infâmes fourmis rouges qui n’hésitent pas engager le conflit pour s’emparer du trésor. Alors que l’assaut semble sans issue, le sort des fourmis noires repose entre les pattes de notre coccinelle.
Fruit du studio français Futurikon, l’univers de Minuscule est aussi riche que surprenant, puisque ses créateurs ont déjà produit des séries animés telles que Chasseurs de dragons, Captain Biceps ou encore Les aventures d’une mouche. En voyant les protagonistes à six pattes de Minuscule, difficile de ne pas penser aux films Pixar 1001 Pattes et au Dreamworks Fourmiz, tous deux sortis en 1998. La ressemblance s’arrête là, car Minuscule est bien différent dans le traitement de ses personnages. Ici, les insectes ont des vies d’insectes, bien hiérarchisés et parfois luttant pour leur survie, alors que dans les deux œuvres citées précédemment, les colonies de fourmis s’organisent à l’image d’une société humaine. Les équipes de Futurikon ont donc souhaité se démarquer de ce qui a déjà été fait auparavant. Puisant son inspiration dans des influences très variées, le studio adapte Minuscule au grand écran en un film parfaitement à son image, décalé. Un pari risqué qui a pourtant ravi le public et les critiques à sa sortie en salles l’année dernière, en janvier 2014. Un succès pas si surprenant qu’il n’en a l’air.Minuscule, petit bijou qui a tout d’un grand
Pour son film Minuscule, les équipes de Futurikon ont vu les choses en grand. Réalisé par Hélène Giraud et Thomas Szabo, les créateurs de la série originale, ce film d’animation prend le contre-pied de ce que l’on peut voir habituellement, et il le fait bien. Ici, l’animation n’est pas entièrement gérée à l’ordinateur, comme le font les géants du genre Disney, Disney Pixar (Planes) ou Dreamworks (Dragons 2 ; Turbo), mais elle n’est pas traditionnelle non plus. Les personnages de Minuscule ont été modélisés en 3D avant d’être incrustés en décors réels. Rien de nouveau, me diriez-vous, vu que cette technique est employée depuis belle lurette avec des films comme Qui veut la peau de Roger Rabbit, Space Jam ou Arthur et les Minimoys. Sauf que ces films ont en commun l’emploi de l’échelle « humaine », notamment dans la saga des Minimoys où le héros passe de la taille d’un garçon à celle… d’un insecte. Dans Minuscule, la nuance est à souligner car on n’aperçoit des humains qu’une seule fois en début de film avant de passer et de rester à l’échelle de nos petites héroïnes. C’est-à-dire que les décors ont été tournés en extérieur, dans de vrais prés par exemple. Les équipes y ont ensuite incrustés les personnages en images de synthèse, au design attachant et à la modélisation impeccable. Une approche de réalisation complexe, car elle laisse en même temps peu et énormément de liberté aux graphistes pour animer les modèles 3D de manière cohérente avec l’image filmée. Chapeau, Futurikon.
L’autre originalité de Minuscule, c’est l’audace de n’avoir aucun dialogue. Notre coccinelle et ses amies les fourmis noires ne parlent pas, contrairement à ce que l’on peut voir dans les films d’animation. Ce choix laisse place à l’une des plus grandes réussites du film : la bande son. La musique et les effets sonores ont été soignés aux petits oignons, ce qui donne à Minuscule une identité et un charme unique. Quand elles communiquent, la coccinelle émet un son de kazoo et son amie la fourmi lui répond avec le bruit d’un sifflet, tandis que les fourmis rouges grognent et claquent des mandibules. Sans doublage, la bande originale s’apprécie pleinement, surtout qu’elle accompagne chaque personnage avec un thème lui correspondant (coup de cœur pour celui de la troupe des fourmis noires !). La musique est d’autant plus remarquable que son compositeur y a intégré des instruments à vents oubliés des arrangements modernes, insufflant ainsi à Minuscule une profondeur inattendue pour une œuvre que beaucoup qualifieraient, à tort, de « film pour enfants ».
Minuscule, ou l’animé intelligent pour petits et grands
Lorsqu’un studio réalise un film d’animation, il vise bien entendu le jeune public, avec une contrainte majeure : les petits ne vont pas au cinéma tout seuls. Réussir à éblouir les enfants sans endormir leurs parents est donc l’objectif principal. Minuscule remplit cette mission haut la main, grâce à sa mise en scène digne des plus grands blockbusters américains, notamment avec de nombreuses références au Seigneur des Anneaux (de Peter Jackson, également réalisateur du Hobbit). Ouvrez l’œil, les fourmilières noires et rouges ressemblent respectivement à Minas Tirith et Minas Morgul, et la bataille finale rappelle celle des champs de Pelennor. Aucune chance donc que Kévin, 25 ans, venu accompagner son petit cousin Nathan, 9 ans, ne s’ennuie devant Minuscule ! C’est bien ici la force du film qui prouve que non, les films d’animation ne sont pas (et je lance ici un appel national !) des films uniquement destinés aux enfants. Un film d’animation peut être intelligent, sombre voire glauque, et sortir des sentiers battus pour ravir petits et grands enfants. Trop peu de films tentent l’expérience. Il est donc important de mettre en avant ces œuvres qui, comme Minuscule, prouvent que « films animés » ne rime pas avec « films pour bébés ». Je vous recommande ainsi le visionnage de Jack et la Mécanique du Cœur ou d’Astérix et le Domaine des Dieux, deux autres films français (cocorico !) également sortis en 2014, si vous souhaitez vous forger un avis avec des long-métrages aussi originaux que Minuscule.
- Le soin apporté à la musique et aux effets sonores
- Le rendu impeccable des personnages 3D en décors réels
- L’audace de la mise en scène
- Euh...