Critique du film Nebraska et de ses 6 nominations aux OSCAR
Alexander Payne (The Descendants) frappe fort dans le genre comédie dramatique. Nebraska est avant tout un film profond rempli d’émotions fortes, le tout enveloppé d’une touche d’humour noir. Ce road-trip nous entraîne dans le fin fond des Etats-Unis au plein cœur de la misère économique.
Nebraska, un long métrage à l’allure loufoque… mais profond
C’est l’histoire d’un vieil homme nommé Woody Grant, persuadé d’avoir gagné le gros lot (1 million de dollars) à un tirage absurde et voulant à tout prix rejoindre à pied le Nebraska pour aller chercher son gain. Sénile et têtu comme une mule, un de ses fils finit par céder à son caprice et décide alors de l’emmener en voiture. Par malheur, le vieil homme finit par se blesser à la tête au cours du voyage. Malheureusement, ils se retrouvent dans l’obligation de faire une escale dans un petit village perdu du Nebraska qui s’avère être l’endroit où Woody a grandi.
Nebraska c’est avant tout le talent d’aborder des sujets durs et délicats sous la finesse de l’humour. Effectivement, l’alcoolisme, la dégénérescence, la cupidité ou encore l’individualisme (révélant ici l’être humain en personne) sont ici des sujets tournés à la dérision sous forme de dialogues cultes. Le but étant de nous dévoiler d’une manière subtile, ce que la vie peut malheureusement réserver. En bref, Alexander Payne joue la carte de la sincérité détournée en humour et on aime ça !
Nebraska, le rôle d’une vie pour Bruce Dern
Bruce Dern, 78 ans, aura attendu toute une carrière pour enfin sortir de l’ombre en recevant le prix d’interprétation masculine au festival de Cannes 2013, pour ce fameux rôle de Woody Grant dans Nebraska. Egalement nommé à l’oscar du meilleur acteur, ce dernier reçoit tout de même, une reconnaissance unanime pour sa prestation qu’il mérite amplement! Comme il le dit si bien lui-même : « le rôle de ma vie, le rôle d’une vie ».
En effet, Bruce est époustouflant. Sous cette image de vieux pépé grincheux et hilarant, se cache en réalité un alcoolique ainsi qu’un père totalement absent qui se dévoile petit à petit comme un homme avec un cœur de pierre. Étonnamment, son talent nous amène à avoir de la compassion et de l’attachement pour ce vieux rabougri complètement naïf, obnubilé par ce gain inexistant. Quant à June Squibb, elle incarne parfaitement le rôle de la « vieille mégère » vulgaire et exaspérante (Kate Grant).
Les frères Grant
Tout comme dans The Descendants, Alexander Payne met le doigt sur les rapports parents-enfants. Ici, la relation père-fils, sujet central du long métrage, est très émouvante. Mais heureusement pour lui, il échappe au mélodrame. Suite à des apparitions dans quelques séries et films, l’acteur Will Forte change de registre et s’affirme pour la première fois dans un rôle marquant et touchant d’un homme quarantenaire dépressif (David Grant). Malgré des dialogues assez crus et durs à entendre, il joue tout de même son rôle de fils avec beaucoup de tendresse et d’empathie. David ira même jusqu’au bout de leur voyage, afin de voir sans doute, son père « heureux » pour la première fois.
Au grand désespoir des fans de la fameuse série Breaking Bad, Bob Odenkirk apparaît dans un second rôle (celui du deuxième fils, Ross Grant) d’une manière assez effacée. Ce qui nous parait bien dommage, vu son rôle très apprécié de l’avocat véreux aux costumes colorés. Petite parenthèse, un spin off centré sur lui est attendu début d’année prochaine!
Une touche de noir et blanc et le tour est joué!
Comme vous pouvez le remarquer à travers ces illustrations, le noir et blanc est au rendez-vous dans Nebraska et cela donne un charme fou au scénario! Il apparaît comme une vraie réussite avec une clarté des images et des paysages tout droit sortis de l’Amérique profonde, sans oublier des détails sur lesquels les couleurs ne s’arrêteraient pas forcément. Un rythme cependant trop lent, qui vient couper violemment Nebraska en scènes trop distinctes les unes des autres avec des plans fixes parfois inutilement longs. A noter aussi, le manque de quelques « rebondissements » qui auraient pu sortir le film de sa monotonie.
Au final, Nebraska est une bonne comédie dramatique très touchante qui nous fait philosopher sur la vie, avec un casting principalement peu connu du grand public mais qui a réussi à faire ses preuves !
Je vous propose une autre critique de Nebraska: http://www.avoir-alire.com/nebraska-la-critique-du-nouveau-film-d-alexander-payne
- le duo père/fils
- le noir et blanc
- l'humour noir
- Bob Odenkirk en retrait
- rythme trop lent
- la monotonie