Papa was not a rolling stone : ma cité ne va pas craquer.
Dans Papa was not a rolling Stone, Stéphanie (Doria Achour) est une jeune lycéenne tiraillée entre son envie de quitter sa cité de la Courneuve et son attachement à ses amis. Quelque peu délaissée par sa mère (Aure Atika) dépressive, malmenée par son beau-père violent et alcoolique (Marc Lavoine), Stéphanie trouve des ressources dans ses passions pour la danse, la littérature et Jean-Jacques Goldman. Son objectif : continuer ses études dans une grande école Parisienne, ce qui ne plaît pas à sa meilleure amie Fatima (Soumaye Bocoume).
Première réalisation pour la romancière, et ancienne publicitaire à succès (le slogan de la marque Wonderbra, « regardez-moi dans les yeux… j’ai dit les yeux. », c’était elle) Sylvie Ohayon, Papa was not a rolling stone est aussi l’adaptation de son livre autobiographique du même nom. Elle avouait vouloir, à travers ce film, vouloir mettre en image son expérience, loin des stéréotypes. Essai transformé ?
Papa was not a rolling stone débute par un flashback dont la fonction est primordiale. Pas spécialement pour ce qu’on y voit, soit la façon plus ou moins drôle et gênante avec laquelle Stéphanie fut conçue par ses parents, mais pour le ton avec lequel la réalisatrice aborde son histoire. En se mettant à hauteur du point de vue de son héroïne, et surtout en choisissant délibérément une lecture positive des événements. Ces deux faits seront ce qui fait de Papa was not a rolling stone un feel good movie à la fois distrayant et énervant.
Distrayant car on ne peut nier une certaine fraîcheur, une énergie positive qui se dégage de Papa was a rolling Stone. Le casting féminin, et notamment la très marquante Soumaye Bocoume, est au centre du sujet pour Sylvie Ohayon. Et ça se sent, tant le rythme va tambour battant quand Stéphanie et Fatima sont à l’écran. Ça se répond du tac au tac et les phrases mémorables se succèdent, faisant le bonheur du jeune public : hilarité garantie dans les salles.
Énervant, car Papa was not a rolling stone souffre de défauts assez troublants pour faire de l’ombre au sympathique tableau. Si les actrices sont toutes dans le ton et leurs personnages bien traités, ce n’est pas le cas pour les hommes. Que ce soient les comédiens ou les personnages, on sent un intérêt moindre de la part de la réalisatrice. Marc Lavoine, par exemple, est en surjeu total, pour un personnage complètement cliché, étrangement stéréotypé. Autre chose, les dialogues sont certes savoureux mais parfois tellement anachroniques qu’on a du mal à se situer. Alors oui, il fallait toucher le jeune public d’aujourd’hui, mais le faire en évitant ce genre de maladresses aurait été souhaitable.
Maladroit est bien le mot qui domine au sortir de ce Papa was not a rolling stone. On sent des techniciens très au point, c’est loin d’être visuellement laid. Mais même avec le meilleur ingénieur du son, même avec le meilleur directeur photo, on ne peut pas s’en sortir sur la mise à scène ou les compositions de plan. Et de ce côté, on tire plus vers le téléfilm que vers une véritable vision de cinéma. Ça se borne à être académique, on sent la réalisatrice pas très à l’aise, peut-être trop sous pression. De même, le fondamental pâtit du manque d’engagement lié au point de vue positionné chez Stéphanie, qui se borne à être une ado hors des réalités. Car si la trajectoire de cette Cendrillon des années 80 est pleine d’une vigueur remarquable, elle passe sous silence le social dans un scénario terriblement frileux. Impossible de ne pas tiquer quand Stéphanie annonce à sa mère son licenciement : c’est traité en cinq secondes. Qui a vécu ce genre de situation, dans ce genre de lieu, ne pourra qu’être déstabilisé. Papa was not a rolling stone n’est qu’une tranche de vie dans son état brut, et jamais une réflexion, après coup, sur celle-ci. Amusant, sincère, mais pas inoubliable.
- L'interprétation féminine
- Techniquement sérieux
- Des dialogues drôles
- L'interprétation masculine
- Mise en scène de téléfilm
- Socialement très léger