Critique – Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ?
Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ? est d’ores et déjà un carton dès le premier week-end après sa sortie, avec plus d’un million d’entrées au compteur. Comédie potache et sympathique, il s’agit typiquement du genre de film qu’on va voir avec de la famille en se disant que ca sera bien consensuel, et puis on se laisse finalement prendre au jeu. En cela il y a quelque chose de Intouchables dans ce petit film sans prétention.
Réalisé par Philippe de Chauveron, déjà aux commandes des comédies L’élève Ducobu et Les vacances de Ducobu, Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ? surfe sur la thématique de l’intégration, thème ô combien d’actualité, et la tourne à la grande déconnade. Claude et Marie Verneuil, issus de la grande bourgeoisie provinciale, sont des parents traditionnels. Mais charité chrétienne avant tout, ils se sont toujours obligés à faire preuve d’ouverture d’esprit. Quand leurs filles chéries ont pris l’une après l’autre pour époux des hommes d’origines et de confessions diverses, les pilules furent bien difficiles à avaler. Mais pour rien au monde ils ne s’avoueraient racistes… d’ailleurs ils ne le sont pas, c’est contre leurs valeurs ! Leurs espoirs de voir enfin l’une d’elles se marier à l’église se cristallisent donc sur la cadette, qui, alléluia, vient de rencontrer un bon catholique. Catholique, certes, mais d’origine ivoirienne…
Le synopsis commence comme le récit d’une blague, et il faut bien l’avouer on rit beaucoup et de bon cœur dans Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ?, même si on se pinçait le nez devant l’affiche passe-partout en dénigrant déjà intérieurement la débauche de bons sentiments auxquels on pensait – à juste titre tout de même – assister. Tout l’intérêt du film réside dans la pléïade de personnages hauts en couleur qui viennent se confronter au racisme ordinaire « à la Guerlain » (rappelez vous sa « sortie » au JT) des deux parents. Comme dans une comédie de boulevard, tout le monde en prend pour son grade, et cela s’avère assez jouissif : les gendres musulman, juif et asiatique se balancent à la tête tous les clichés possibles et imaginables sur leurs communautés respectives, et se voient cassés systématiquement par les deux parents qui de toute façon les voient comme les étrangers de service. Cet échange bouillonnant et ces allers-retours permanents avec des vannes très potaches sont assez drôles et percutants pour provoquer l’hilarité d’une salle pleine à craquer.
Portant littéralement le film, Chantal Lauby (vue dernièrement dans La Cage dorée) et Christian Clavier (Les Profs) incarnent avec brio le couple Verneuil. Mention spéciale même pour un Clavier très bien dirigé, qui pour une fois joue tout en sobriété, et qui perd donc le côté surjoué agaçant qu’on pouvait lui reprocher dans ses derniers films – hormis Les Profs. A côté, Medi Sadoun (Les Kaïra), Ary Abittan (Vive la France), Frédéric Chau (Halal police d’Etat) et Noom Diawara (à l’affiche du spectacle et bientôt du film Amour sur place ou à emporter ?) incarnent des gendres sans grand charisme mais attachants, et dont les vannes sont plutôt efficaces. Au rayon des quatre filles, Frédérique Bel (L’amour dure 3 ans), Julia Piaton (Mince alors !), Emilie Caen (Working Girls) et Elodie Fontan (Clem) habillent joliment l’écran, mais c’est bien tout.
Casting sympathique et vannes qui claquent, c’est le mélange assez réussi d’un Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ? qui s’avère au final une assez bonne surprise, et qui devrait bénéficier d’un bon bouche à oreille. Il ne s’agit pas du film de l’année, mais cette comédie a le mérite de faire du bien, de nous faire ressortir de la salle avec le sourire, et de ne pas nous prendre la tête. On l’aura probablement oubliée d’ici quelques mois, mais en attendant, elle vaut le déplacement.
- Le duo Clavier-Lauby
- Les décors
- Les vannes qui fusent dans tous les sens
- Les 4 filles un peu potiches
- Le côté très consensuel
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