Shaun, doux comme un mouton.
Shaun le mouton n’est pas né d’hier, mais voilà vingt ans, à l’occasion de la troisième aventure de Wallace et Groomit. Hier simple victime d’une tondeuse l’ayant rasé de bien près, Shaun a, depuis, eu droit à une série télé, des tonnes de produits dérivés et, aujourd’hui un film qui lui est entièrement consacré. Le studio Aardman Animations (Chicken Run, Souris City, Mission : Noël, Les Pirates !), sans aucun doute l’un des plus doués dans le genre si particulier de la patanimation (ou claymation pour les anglophone) profite de ce Shaun la mouton pour s’accorder une respiration, un budget moindre et une équipe réduite d’une centaine de personnes. Mais que cela ne fasse pas croire que Shaun le mouton est un film mineur !
Quand on arrive en ville.
Shaun est un mouton dont l’avenir semble devoir être de se faire tondre, encore et encore. Bien placé dans la hiérarchie de son troupeau, Shaun travaille pour la ferme Mossy Bottom, tenue par un fermier myope. Chapeauté par Bitzer, un chien aussi dirigiste que finalement bienveillant, Shaun commence à en avoir assez de se retrouver tout nu quand la bise fut venue. Alors, Shaun se met en tête de s’échapper au plus vite de cet endroit bien rasoir, ne serait-ce que pour une journée de congé bien mérité. Très pertinent, Shaun se dit que le comble, pour un fermier, serait de s’endormir en comptant ses moutons, et la bête qui fut à laine réussit son coup. Non seulement myope mais peu finaud, le fermier s’apaise et, au bout d’une folle suites de conséquences fâcheuses, se termine par une perte de mémoire pour le sympathique paysan. Shaun et sa fine équipe de bêlants se retrouvent alors lâchés en pleine nature pour finir par se retrouver au milieu d’une grande ville. Et là, un problème de taille fait face à Shaun, qui ne cesse de rechercher son fermier : comment un mouton peut-il passer inaperçu dans une agglomération aussi vaste et peuplée ?
Alors que Shaun le mouton débute, on ne peut s’empêcher de se remémorer les différentes aventures de Wallace et Gromit, et notamment l’excellent Mystère du lapin-garou. C’est fou comme Ardman Animations est capable de garder un certain niveau de qualité sur une période aussi longue (26 ans). On se fait cette remarque car l’ouverture de Shaun le mouton trouve tout de suite le rythme parfait, quoi que les gags soient assez inégaux. Le rire n’est pas toujours à gorge déployé, même si certains gags font furieusement mouche, comme l’éleveur ovin qui s’endort en comptant ses propres moutons. mais on pardonne à Shaun tant il prend soin de devenir un amour d’ovidé, tellement mignon qu’on en refuserait (presque) de continuer à manger des sandwichs grecs. On sent que l’histoire de Shaun le mouton doit avant tout être installée, et c’est un choix louable pour mieux, par la suite, lâcher totalement les chevaux d’un attelage humoristique rodé.
Shaun, un ovidé rempli d’émotions.
Shaun le mouton est tellement bien réglé en terme de rythmique qu’on en oublie presque le choix de ne pas faire parler les personnages. Sorte de Sims aux expressions physiques ultra-travaillées, les personnages de Shaun le mouton communiquent pourtant à la perfection leurs émotions, par leurs postures, et surtout leurs réactions faciales. L’animation de Shaun le mouton est un plaisir des yeux, et ce à chaque instant, tant le travail effectué est probant. Pour bien capter toute la difficulté d’un tel choix, il faut voir le boulot qu’ont dû abattre les animateurs pour faire transparaître des émotions sur le visage d’un simple mouton. Shaun n’ayant pas de sourcils, il a fallu trouver d’autres moyens beaucoup moins évidents pour bien décrire l’état d’esprit de l’ovidé. Et le résultat est une réussite totale, tant chaque partie du corps de Shaun est utile pour bien capter son ressenti. On se remémorera avec plaisir la séquence de prison, ou celle de la musique jouée sous les ponts, tout en se disant que ce mouton a une grande part de responsabilité au succès artistique de Shaun le mouton.
Encore un succès pour Aardman Animations.
Mais Shaun le mouton ne peut se résumer à son aspect technique tout du long. Car, après un début inégal en terme d’humour, on peut dire que la suite de Shaun le mouton égale parfois les meilleurs travaux du studio. Une fois que notre troupeau de broutards, mené par un Shaun toujours plus charismatique, atteint l’énorme ville où le fermier se trouve, les situations farfelues s’enchaînent, et la mise en scène devient d’une telle inventivité qu’on a du mal à cligner des yeux. On reste, heureusement, loin du train d’enfer imposé par le Tintin de Spielberg, et Shaun s’accorde quelque fois des petites respirations, joue avec les crescendo en laissant parfois retomber la cadence. Mais ne vous inquiétez pas car, même pendant ces petites pauses, Shaun le mouton reste d’un humour so british, et irrésistible. Quelques références sont glissées ici ou là, au détour de plans et non comme une figure imposée : on pense, en particulier, au chat de la fourrière, dont la minerve forme une sorte de masque rappelant celui d’Hannibal Lecter. Shaun le mouton est fin, drôle, et terriblement attachant jusqu’à un final poignant, plein de bonne humeur. A quand le prochain ?
Shaun le mouton, les bonus.
Pour voir la bande-annonce de Shaun le mouton, c’est par ici.
L’Express a visité le plateau de tournage de Shaun le mouton.
Pour retrouver le site officiel de Shaun le mouton, c’est à cette adresse.
N’hésitez pas à lire d’autres critiques de Shaun le mouton, notamment chez Ecran-miroir.
- Aussi mignon que drôle.
- Quel style maîtrisé !
- Le rythme.
- Le début, un peu inégal.