Critique – Turbo
Un jeune qui rêve de participer à des courses à grande vitesse… Rush 2 ? Fast and Furious 27 ? Loin des jeunes premiers hollywoodiens habituels, notre héros est un escargot, et il s’agit du point de départ original et intriguant de Turbo, une petite pépite de l’animation. Attachez vos ceintures, cette comédie Dreamworks (Madagascar, Shrek, Dragons…) sans prétention réussit à faire marrer les grands comme à séduire les petits…
L’histoire commence comme n’importe quelle histoire de super-héros : Turbo est un escargot de jardin pas comme les autres. Sa petite vie monotone au sein d’une communauté tranquille l’ennuie profondément. Subissant les moqueries des autres, il rêve des exploits de son idole, le pilote automobile Guy Gagné. C’est là qu’intervient l’accident classique qui fait basculer le héros ordinaire et rejeté de tous en super-héros. S’étant aventuré hors du jardin, Turbo est catapulté dans le moteur d’une voiture et ingurgite malgré lui de l’oxyde nitrique, ce qui lui confère des super-pouvoirs…
Attention la comparaison avec les super-héros s’arrête ici. Point de cape et de collants (enfin de « collant » en l’occurrence) pour notre Turbo, ou d’exploits type sauvetage d’innocente donzelle en détresse. Le scénario reste somme toute assez classique : le jeune Turbo cherche sa place dans une société qui ne veut pas de lui, et doit partir pour un voyage initiatique périlleux dans lequel il se fera de nouveaux amis avant de peut-être réaliser ses rêves. Et comme c’est un film américain, toutes les clés sont données pour que tout le monde comprenne bien, les scénaristes ont même prévu un jeu de miroir entre les aventures des escargots et les aventures des êtres humains avec qui ils interagissent.
Mais la mise en scène, elle, est pétrie de bonnes trouvailles. Cette scène d’anthologie par exemple : des escargots sur la ligne de départ, prêts à en découdre dans une course sous haute tension. Leur coquille a été customisée pour leur donner une ressemblance avec des voitures de course. La tension est à son comble, les escargots trépignent d’impatience. Le public humain est en délire. 3, 2, 1… Départ. Les escargots se lancent à fond, et progressent à la vitesse impressionnante de quelques cm par minute. Le ridicule et le décalage de la situation est tel qu’on ne peut s’empêcher d’en rire. En fait, l’idée même des escargots de course est plutôt marrante à la base.
S’ajoutent à ça des vannes en veux-tu en voilà et des acolytes hauts en couleur. Le gang des escargots notamment a un côté groupe de ninjas déjantés extrêmement efficace qui rappelle les pingouins de Madagascar, avec les voix en VO de Samuel L. Jackson, Michelle Rodriguez ou encore Snoop Dogg, qui s’en donnent à cœur joie. Voir un escargot dompter et chevaucher un corbeau sauvage, ou encore mener une mission commando pour détourner un bus s’avère ainsi assez jouissif. Le milieu du film s’avère plus mou avec des passages d’une lenteur un peu décevante pour notre Turbo, mais se regarde avec un sourire indulgent et bienveillant en attendant la suite, avec des gags parfois proches du burlesque (des chutes, des poursuites sans aucun sens, un escargot qui dort dans un « lit » avec un drap en tacos réchauffé…)
Comme toujours chez ce studio d’animation, l’image est vraiment travaillée pour une expérience visuelle qui ajoute au comique de situation grâce à de nombreux petits détails qui font sourire. Les couleurs explosent littéralement à l’écran comme le veut la tendance actuelle : de ce côté nous ne sommes pas dépaysés par rapport à de grosses licences comme Rio 2 ou Cars 2, exemples récents assez parlants d’une certaine débauche de couleurs. La bande son enfin accompagne le film joliment, servant simplement de béquille émotionnelle sympathique.
Il reste que Turbo est un vrai bon moment de 90 minutes, permettant de franches rigolades. Les personnages sont attachants en plus d’êtres improbables, et nous pardonnerons aisément les quelques passages un peu plus fainéants scénaristiquement parlant. Drôle et sans prétention, ce petit film mérite d’être vu.
- Le héros est un escargot
- Les vannes
- Les voix
- Un scénario qui manque un peu d'originalité