UnEpic, de Francisco Téllez de Meneses, épique c’est tout !
UnEpic, ici testé dans sa version PC, est l’exemple typique du jeu indépendant ayant connu des hauts et des bas. Pour être familier avec la construction de UnEpic, il faut remonter à plus d’une quinzaine d’années, alors que le tout jeune Francisco Téllez de Meneses, et quelques-uns de ses amis, débutent la création d’un jeu très inspiré de The Maze Of Galious, un jeu de Konami sorti en 1987 sur MSX. Le projet, pas encore appelé UnEpic, n’aboutira pas, mais comme toute envie artistique il restera dans l’esprit de son créateur. Il faudra attendre 2009, pour que Francisco Téllez de Meneses revienne sur son idée et débute réellement le développement de ce qui deviendra UnEpic. Comme les gens évoluent, doivent notamment travailler pour se nourrir, UnEpic est, sur conseil de la petite amie du développeur, mis en branle sur le temps libre de ce dernier. Francisco se met alors aux commande d’un travail monstrueux, qui lui demande de prendre en charge tout ce dont une équipe peut s’acquitter en temps normal. Les graphismes, le scénario, les dialogues, la musique, le moteur, tout dans UnEpic fut créé par un seul homme, aidé sur la fin par deux valeureuses personnes (Carol Sánchez Quiñones, notamment en charge du design des boss, et Ricardo Peregrina Muñoz, responsable des portraits de dialogues). On est alors en 2011, et UnEpic s’apprête à sortir un peu partout sur les Internets, notamment sur Desura, quand un coup dur est asséné en plein bide du jeu : Steam refuse de commercialiser le soft, sans véritables raisons données à son développeur. Alors que UnEpic commençait à faire parler de lui pour ses nombreuses qualités, la communauté de joueurs s’empressa de réagir en harcelant de messages le géant Steam, vilipendant sa ligne éditoriale de moins en moins compréhensible. Après la pluie, le beau temps, dit le dicton usé jusqu’à la moelle mais tellement vérifiable pour UnEpic car, en août 2012, il fait partie de ces jeux passés par la case Greenlight, un système de vote permettant (plus ou moins) aux joueurs de choisir les jeux indépendants dignes de rejoindre le service Steam. C’est ainsi que UnEpic, notamment en s’étant accordé un mode de jeu censuré afin de ne plus se faire remonter les bretelles, arrive sur nos bureaux virtuels, en juillet 2014.
UnEpic, une histoire héroïque.
UnEpic raconte l’histoire de Daniel, un jeune homme tout à fait de son temps : au chômage, hardcore gamer, pas doué avec les filles, amateur de science-fiction et de jeux de rôle, rendu cynique par son époque, un peu drogué et alcoolique. Alors qu’il est en train de participer à une partie de JDR avec trois de ses amis, le personnage principal de UnEpic s’absente pour aller au petit coin. Une destination de laquelle il ne reviendra pas, puisqu’il n’aura même pas le temps de se retourner qu’il se retrouve téléporté dans les méandres d’un château. Alors qu’il se demande si ce qu’il prend pour une hallucination dûe à des produits pas très licites va bientôt s’évaporer, Daniel est abordé par une ombre maléfique, qui prend carrément possession de son corps. Le mystérieux esprit peut communiquer avec le héros de UnEpic, mais pas contrôler ses mouvements, et le but de cette mauvaise engeance devient alors de s’échapper du corps de Daniel. Pour se faire, une seule solution : notre petit avatar dans UnEpic doit périr. Pas super convaincu du bien fondé de la solution, le joueur de UnEpic devra alors se mettre en quête de tuer Harnakon, le surpuissant maître du château.
UnEpic, boy next door.
UnEpic montre tout de suite son appartenance à un genre de moins en moins mis en valeur : le Metroidvania, ce mélange de jeu d’aventure en 2D et d’éléments purement RPG, au sein d’un décor gigantesque qui demande à être sans cesse redécouvert au fil des acquisitions d’objets. Cependant, ce qui accroche encore plus rapidement l’œil est le style technique de UnEpic, très minimaliste… Ne pensez pas rentabiliser votre toute dernière carte graphique avec UnEpic, par contre soyez sûr de pouvoir y jouer avec les configurations les plus basses, et ce sans un pet de ralentissement. La vue, éloignée, est faite pour la version PC de UnEpic, pour la façon d’appréhender physiquement cette plateforme : très proche de l’écran. Pour les joueurs de la version WiiU de UnEpic, voire pour ceux qui préfèrent avoir des gros sprites affichés, un angle de caméra plus rapproché est disponible, gâtant un peu plus les décors et ajoutant un suivi du personnage. Les technos-addict ne pourront pourtant pas nier que la patte artistique est un exemple de réussite par l’uniformisation de l’univers, tant rien ne vient décrédibiliser un seul passage de UnEpic, et ce même si certains décors ont tendance à avoir du mal à se renouveler. Mais tout de même, la finesse du rendu fait qu’il est difficile de trouver UnEpic moche. Minimaliste lui convient bien mieux, loin de la course au progrès visuel. Voilà, le bilan technique est fait, on peut s’en débarrasser pour atteindre ce qui fait de UnEpic l’un des jeux les plus accrocheurs depuis belle lurette : son gameplay.
UnEpic s’inscrit donc dans la tradition des jeux comme Super Metroid, Castlevania Symphony of the Night ou encore Shadow Complex. Le héros de UnEpic commence quasiment à poil, sans autre équipement que son sweat jaune à capuche. Après de premiers pièges bien marrants au tout début de UnEpic, que nous ne dévoilerons pas pour vous laisser l’honneur de vous y frotter, Daniel commencera à amasser des items, dans un sac aux emplacements limités. Cet inventaire est une grande réussite, facilement gérable à la manette, totalement prise en charge dans UnEpic soit dit en passant. La difficulté qui pouvait venir faire de l’ombre au tableau était le fait que UnEpic ne se met pas en pause quand le joueur farfouille dans sa bourse, donc met Daniel dans de sales draps dès qu’il faut changer d’armes. C’est là qu’une autre victoire est remportée par UnEpic, car le système de raccourci est un exemple de simplicité, donc de prise en main excellente. Les boutons de tranche (LB et RB sur le pad Xbox 360), associés aux quatre boutons classiques, permettent de gérer les modifications que notre personnage doit effectuer pour mieux aborder certains ennemis que vous rencontrerez dans Unepic. Maintenir LB et appuyer sur A pourra, si vous le décidez via l’inventaire, vous munir de votre meilleure épée. Appuyer sur B, dans UnEpic, dégainera votre majestueux arc, etc…. pareil pour RB… et encore la même chose pour LB et RB en même temps. Ce qui fait douze possibilités de raccourcis, ce qui est parfait pour toute l’aventure. UnEpic aurait-il trouvé la solution pour adapter les hack’n’slash et autres MMORPG sur console, tant on sait que la maniabilité console leur pose un véritable problème ? Nous n’irons pas jusque là, car UnEpic n’a pas non plus la dimension d’un World of Warcraft, mais on ne peut pas nier une seule seconde que cette prise en main, simple au possible, est une bénédiction pour des jeux moins gigantesques.
UnEpic ôte la répétitivité.
UnEpic réussit donc à donner au genre Metroidvania la possibilité d’inclure un inventaire digne de ce nom, mais ce n’est pas tout. Car tout le reste du gameplay de UnEpic est tout aussi abouti, toujours motivé par la simplicité d’accès. Un bouton pour sauter, un pour attaquer, un autre pour afficher la map, un dernier pour viser avec l’arc et les sorts, et basta. Mais ne croyez pas que cette facilité de prise en main signifie que UnEpic est un jeu d’une simplicité enfantine, car vous feriez fausse route à un point inimaginable. Les différentes salles, plus de 200 dans tout le jeu, sont infestées d’ennemis et de pièges en tous genres. On ne peut pas dire que les bestioles de Unepic brillent par leur intelligence artificielle, ni par leur originalité dans le design soit dit en passant, d’ailleurs c’est voulu pour pouvoir travailler la progression du joueur sur l’approche des vilains, quelle arme utiliser, quel sort privilégier. En cela, dans UnEpic, il n’est jamais trop usant de recommencer, et recommencer jusqu’à plus soif à nettoyer un écran de ses diaboliques habitants. Ces combats ne sont pas seulement intéressants pour le fun, loin s’en faut, mais surtout pour faire engranger de l’expérience à notre avatar dans UnEpic, afin de passer de niveau comme dans tout bon RPG qui se respecte. Ces évolutions donnent au joueur de Unepic la possibilité d’augmenter manuellement certaines caractéristiques, il vous revient donc de choisir la spécialisation de votre avatar. Construire un personnage surpuissant à l’épée, à la masse ou à la baguette, développer votre résistance ou votre maîtrise de certaines magies, le choix n’en revient qu’à vous et vous forcera à aborder UnEpic de différentes façons selon les parties.
UnEpic, la simplicité est la sophistication suprême.
UnEpic est loin d’être fondamentalement aussi minimaliste qu’il l’est techniquement. Sa carte est immense, et comme dans tout bon Metroidvania il vous faudra la connaître sur le bout des doigts pour la traverser aussi vite que possible. Dans UnEpic, certaines parties du château vous seront inaccessibles tant que vous n’en posséderez pas les clés, récupérables sur chacun des boss. Pour vous faciliter les allers et venues, le développeur de UnEpic a pensé à un système de raccourcis, là encore d’une simplicité épatante. La carte de UnEpic est truffée de portails, déblocables quand le héros de UnEpic s’en approche, qui donnent sur une salle commune dispatchant ces raccourcis. En gros, un écran, dans lequel vous trouverez tous les portails à une place précise qui vous rappellera celle qu’elle tient sur la carte. Vous voulez aller dans les jardins, en haut à gauche du château, alors direction la salle des portails pour emprunter l’un de ceux qui se trouve… en haut à gauche. Peut-on imaginer plus logique, plus naturel ? Tout UnEpic semble avoir été façonné non pas par des technocrates, pris par les impératifs de production, mais par un passionné de jeu-vidéo surdoué, qui y a mis tout ce qu’il a aimé, ou ce qu’il aurait aimé voir, dans d’autres jeux. Revenons à la carte de UnEpic, qui vous sera utile d’une façon surprenante : le joueur peut y inscrire, sur chaque case, une note manuscrite. Par exemple, vous vous êtes fait prendre par l’un des nombreux pièges au sol de UnEpic, caché par un squelette ? Alors, inscrivez-le en note pour vous rappeler de son emplacement. Vous avez croisé une serrure pour une salle, ou une aile du château de UnEpic à explorer plus tard ? Notez-le, ça vous évitera plus tard de chercher l’endroit pendant des plombes. Ça ne paie pas de mine, mais c’est jouissif, d’une importance à ne pas snober tant ça pourra vous aider à ne pas vous arracher la tignasse en jouant à UnEpic.
UnEpic de chaleur.
UnEpic est dur, et ce n’est rien de l’écrire. Heureusement, le jeu propose des modes de difficultés même s’il ne se donne à fond qu’en difficile, mode avec lequel Francisco Téllez de Meneses a développé son jeu. Mais les débutants pourront s’essayer sans problème à UnEpic, ce qui est fort louable même si les obstacles deviennent plus dangereux à partir de la moitié du jeu. Cette politique d’ouverture est bien vue, par contre on passera sous silence le mode censuré proposé par UnEpic, véritable tronçonnage de l’œuvre qui y perd beaucoup de son esprit. Les dialogues, qui plairont aux amateurs de Kévin Smith, sont certes fleuris mais jamais excessifs. Il serait dommage de passer à côté de la version complète de UnEpic, sous prétexte qu’une entreprise américaine comme Steam, la bouche en cul-de-poule alors qu’elle propose de trucider des millions de terroristes dans les Call Of Duty, a décidé que lire quelques propos familiers n’est pas en accord avec leur politique. Bref. L’univers de UnEpic n’est pleinement compréhensible que dans son intégralité, sans censure, et se passer de l’écriture originale en viendrait au même que de se passer de l’excellente bande originale de UnEpic : ce serait incompréhensible et ennuyant.
Les heures de jeu défilent dans UnEpic, il faut bien dire que la durée de vie du soft est exemplaire. Comptez au moins une quinzaine d’heures pour boucler une première partie, en prenant le temps de venir à bout des quêtes annexes. Pas de new game plus, mais sachez que vous replongerez dans UnEpic pour d’autres prétextes que de commencer une nouvelle partie avec l’équipement du run précédent. Vos armures, vos sorts, tout a été acheté au fil du temps dans des magasins, dissimulés ça et là sur la carte de UnEpic. L’un d’eux présente une particularité : ses objets, tous très précieux et évidemment exclusifs, ne s’achètent pas avec de l’argent, mais avec des points gagnés en réussissant des défis internes à UnEpic. Par exemple, si vous réussissez à survivre une minute, sans vous faire toucher, dans la salle de l’éboulement où des rochers ne cessent d’essayer de vous aplatir, alors vous gagnez de ces fameux points. Et vous savez quoi ? Ils sont cumulables dans les parties, ce qui fait qu’à votre deuxième, troisième partie de UnEpic vous pourrez vous emparer de tous les objets spéciaux tant convoités. Une façon intelligente de pousser à rejouer à UnEpic et on y vient de toutes façons sans peine. A cette durée de vie solo de UnEpic vient s’ajouter un mode multijoueur d’une difficulté pernicieuse, plus sadique que le Trésor Public et à l’intérêt pas très travaillé, une petite, toute petite déception.
Unepic, sous.
UnEpic, un développement quasiment en solo, arrive à nous scotcher devant notre écran. Certes, on est loin de la baffe technique que cherche éternellement, et lourdement, les jeux à budget démentiel. Mais voir autant d’amour dans un soft comme UnEpic, qui plus est d’un genre en voie de disparition, ça a quelque chose d’encourageant, de bénéfique pour toute l’industrie vidéoludique. Vous auriez tort de passer à côté de UnEpic, surtout que son rapport qualité prix est plus que convenable : dix euros sur WiiU, huit petits euros sur Desura, tandis que Steam le propose à treize euros, accompagné de ses services habituels (succès, cartes à échanger, etc). Avouez que UnEpic vous fait diablement envie !
Pour accéder au site officiel de UnEpic, traduit en Français, c’est à cette adresse.
Acheter UnEpic ? Ce sera sur Desura, Steam ou sur WiiU.
N’hésitez pas à lire d’autres tests de UnEpic, notamment chez Game Side Story ou Game Sphère.
Pour en savoir plus sur le Metroidvania, genre dans lequel s’inscrit UnEpic, regardez ce programme signé PunkY.
- Le gameplay irréprochable.
- Durée de vie faramineuse.
- Les dialogues, bien écrits.
- N'en met pas plein les yeux.
- Décors parfois répétitifs.
- Multijoueur anecdotique.