Critique – Snowpiercer, le Transperceneige
La fin du monde est passée et la Terre est maintenant en pleine ère glaciaire. Ce qui reste de l’humanité roule dans un train : Snowpiercer, le Transperceneige est une adaptation cinéma d’une bande dessinée française. Préparez vos moufles et cache-nez, on monte dans le Transperceneige !
Adapté d’une bande dessinée du même nom créée par Jacques Lob (scénario) et Jean-Marc Rochette (dessin), le Transperceneige nous donne une vision de l’humanité suite à un réchauffement climatique global. Ce sujet n’est pas nouveau me direz-vous, mais qui devient intéressant dès que l’on sait que cette BD date de 1984, bien avant les questions actuelles. D’autant plus intéressant quant on remarque avec quelle exactitude et réalisme le sujet est traité dans le Transperceneige. Le premier album fut récompensé du Prix Témoignage chrétien au Festival d’Angoulême 1985.
Dans un avenir proche, pour mettre fin au réchauffement climatique, les chefs d’Etats des grandes puissances décident d’utiliser un agent chimique dans l’atmosphère afin de reconstituer la couche d’ozone et de faire redescendre la température. L’effet fonctionne, peut être trop bien, puisque le monde se couvre de neige, tuant la quasi-totalité de l’espèce humaine. Les survivants rescapés se retrouvent à sillonner le monde dans un train. Celui-ci est totalement autonome, et répond aux besoins de ses passagers. Le Transperceneige est une arche. L’ambiance n’est malheureusement pas au beau fixe. Le train est cloisonné par wagons, et chaque wagon a une fonction propre : alimentation, santé, loisirs, militaire et logement. Et bien sûr, un compartiment pour chaque classe. De la première classe en tête, à la 3ème en queue du train. C’est dans cette quête d’équité des classes et dans le but d’affranchir la sous classe de queue qu’une équipe va se former pour remonter le train.
Joon-ho Bong (Corée du sud) est à la réalisation. Connu pour le film The Host, le réalisateur nous montre quelque chose de nouveau dans une adaptation sombre et recentrée sur les personnages. Toute l’action se déroulant dans le train et les différents wagons, le spectateur se retrouve alors concentré sur les acteurs. On y retrouve Chris Evans (Captain America, le soldat de l’hiver) dans le rôle principal, Jamie Bell (Billy Elliot), Tilda Swinton (The Grand Budapest Hotel) et Ed Harris (Gravity) entre autres. Cette équipe est une réussite. Il est très intéressant de voir Chris Evans, habitué aux grosses productions, où il incarne un super héros, dans une personnage plus complexe de leader de la classe populaire. Il s’agit également d’un mélange de genres, puisque certains d’entre eux proviennent de la première classe, alors que les autres sont de la troisième. Cela donne un jeu d’acteur et un mélange parfois étonnant: Tilda Swinton en excentrique maniaque est géniale.
Alors que la bande dessinée est centrée sur la lute des classes, l’adaptation le Transperceneige est plutôt un miroir de la société de consommation, et nous montre des facettes sur des thématiques plus fouillées, telles l’éducation, le contrôle de masse et l’endoctrinement. Un très bon reflet de notre société actuelle et sur sa fin possible, mais qui s’écarte de l’idée originale. Même si la différence n’est pas notable, on sent que certains raccourcis ont été faits. La finalité n’est pas aussi simple, et on se rend compte à la fin du film que « Contrôler la Machine, c’est Contrôler le Monde! » n’est peut être pas aussi radical. Le Transperceneige nous offre une remise en question de la condition humaine et de son traitement. Le film reste une illustration simplifiée, par le coté post-apocalyptique, mais qui reste une bonne façon de montrer les vrais sentiments et ambitions des personnes.
Coté technique, il est intéressant de noter que 26 wagons ont été reproduits grandeur nature, pour les besoins du film, faisant un train de plus de 500 mètres, surement proche de ce que pourrait être le Transperceneige en réalité. Filmé dans le studio le plus long d’Europe, c’est plus de 100 mètres de surface qui ont été nécessaires à la production du film. De nationalité Sud-Coréenne, l’équipe du film s’est donc mise au rythme occidental des 12 heures de travail maximales par jour. A la musique, on retrouve Marco Beltrami habitué des productions hollywoodiennes, simple et efficace.
Le Transperceneige est une bonne adaptation et illustration de notre société: le bien-être de l’élite au prix de l’asservissement de la classe populaire. Une rébellion et la prise du pouvoir n’est pas la solution la plus simple et sans conséquences quand l’humanité est réduite aux passagers d’un train. Des acteurs dans leurs personnages, une réalisation inhabituelle pour une source française, mais efficace. Le Transperceneige est un film à découvrir.
- Le sujet traité
- La réalisation
- Les acteurs dans leurs rôles
- Petits raccourcis sénaristiques