Whispering Willows, à la recherche du père perdu.
Whispering Willows nous place dans la peau de Elena Elkhorn, une jeune fille descendante de la tribu Kwantako, dont le père a disparu inexplicablement. Au lieu de se morfondre chez elle, Elena enfile le manteau de son parent volatilisé et se met immédiatement à la recherche de son paternel, dont la piste s’arrête au manoir des Willows. Cette grande demeure, dont l’histoire prétendument glorieuse cache bien mal un passé tragique et sanglant, détient les clés non seulement de l’affaire, mais aussi des origines de Elena, qui va découvrir à quel point sa lignée a connu des périodes bien plus sombres que ce qu’elle pouvait imaginer…
Whispering Willows, jeu en 2D issu du studio indépendant Night Light Interactive et kickstarté avec succès, se donne comme objectif d’offrir au joueur une aventure classique, avec comme fonctionnement la résolution d’énigmes et la recherche de nombreuses notes qui viendront gonfler l’univers du jeu. Assez traditionnelle, la formule a pourtant encore de beaux jours devant elle tant elle peut offrir l’aisance nécessaire pour construire une ambiance marquante pouvant relever l’intérêt. Les développeurs de Whispering Willows l’ont bien compris et s’engouffrent dans le filon, en faisant notamment de leur jeu un porte-étendard de la console Ouya (aussi disponible sur PC et Linux), désormais tombée dans un profond oubli.
Whispering Willows, le sixième sens.
Whispering Willows commence de façon abrupte. Notre Elena se faufile dans ce qui ressemble fortement à des catacombes, et l’ambiance sinistre du lieu a tendance à nous demander de rester alerte, à l’affut du moindre mouvement. Mais on comprend bien vite que le jeu ne nous demandera pas de réflexes typiques du survival horror. Ici nous sommes plus dans une sorte de jeu à la Monkey Island, en 2D mais sur un seul plan horizontal : on avance ou on recule, ni plus ni moins. Les premières énigmes nous sont exposées, déconcertantes de facilité. C’est dans le but de nous aider à avancer que se découvre la petite originalité du gameplay de Whispering Willows : grâce à une amulette récoltée, Elena peut libérer l’âme en elle qui, sous sa forme fantomatique, est totalement autonome, rencontre d’autres spectres ou peut se glisser dans des passages que notre forme humaine ne pourrait pas atteindre, par exemple pour débloquer une porte. Si l’idée est surpuissante, on est tout de même un peu déçu du manque d’imagination (lié au temps de développement ?) des développeurs pour nous proposer des énigmes tirant vraiment parti de ce gameplay intéressant. Whispering Willows est sage, un trait de caractère certes gage de qualité mais pas vraiment synonyme de possibles surprises.
Whispering Willows, l’aventure tranquille.
Whispering Willows ne tente pas de nous faire surchauffer du bulbe, mais essaie de construire son histoire tout en nous proposant de l’interactivité. En résulte une impression de linéarité très prononcée, mais jamais gênante tant on avance avec un plaisir non feint. On récupère en chemin une multitude de notes, que l’on collecte dans un journal et qui nous en apprennent plus sur l’histoire douloureuse des lieux. Précisons au passage que Whispering Willows est entièrement traduit en français, aussi bien concernant les dialogues, les menus et, donc, les annotations disséminées un peu partout. L’histoire nous en apprend des vertes et des pas mûres sur les anciens propriétaires de l’immense demeure, on pensera par exemple à Shining et son hôtel bâti sur un cimetière de natifs Amérindiens. Prenant, voire émouvant et plus mature qu’il n’y paraît, ce scénario devient même assez glauque quand, sous notre forme spectrale, nous rencontrons d’anciennes mains-d’œuvre du manoir, assassinées, dupées, ou simplement mortes dans ces lieux. Whispering Willows se déroule certes sans anicroches, sans difficultés notables si ce n’est quelques moments de tension, mais est un vrai plaisir à suivre.
Whispering Willows, entre minimalisme et contemplation.
Whispering Willows assure un emballage technique satisfaisant. C’est joli, la direction artistique est bien maîtrisée, et ça ne tombe jamais dans le gothique forcené afin de forcer une ambiance dark. Non, ici tout est logique, les couleurs ne se font pas plus sombres qu’elles ne doivent l’être, le ressenti du joueur reste pur du début à la fin, bien aidé par une bande-son peut-être un peu pauvre en morceaux mais convaincante. Le souci vient des animations, qu’on aurait aimé plus nombreuses, que ce soit pour les personnages ou les décors joliment crayonnés. Car si l’une des qualités de Whispering Willows est d’être juste assez contemplatif pour ne jamais ennuyer, on peut tout de même regretter ces environnements certes travaillés mais terriblement sans vie. C’était évidemment le but recherché, mais par exemple une petite brume virevoltante au-dehors n’aurait pas été un luxe. D’ailleurs, à chaque fois que le jeu offre une animation contextuelle c’est réussi, et on se demande vraiment pourquoi les développeurs ont à ce point été avare en mouvements alors qu’ils ont le talent nécessaire pour nous proposer de la qualité en la matière. Et c’est pareil pour Elena dont la démarche (accélérée depuis une mise à jour datant d’Octobre 2014) paraît un peu robotique à la longue mais qui, selon certaines circonstances assez rares, peut être modifiée, et à chaque fois d’une façon probante. Whispering Willows souffre d’un minimalisme certes recherché, mais sans doute un peu trop poussé.
Whispering Willows ne remet pas le couvert.
Ce Whispering Willows reste plus qu’agréable à pratiquer, apporte quelques petits frissons sans non plus les surjouer. Comme dit plus haut, n’attendez pas de véritables accrocs liés aux énigmes, si bien qu’on avance vite, très vite. Le soft se boucle en quatre à cinq heures, ce qui est plutôt honnête pour le genre aventure à énigmes, mais qui déçoit par sa rejouabilité proche du néant absolu. Car rien ne vous poussera à vous y replonger, n’attendez pas de « new game + » ou une quelconque collecte d’items secrets. D’ailleurs, signalons une fin moins bonne côté scénario, et des choix de gameplay pas toujours heureux. Pour le prix à débourser, quinze euros hors soldes, on pourra peut-être réfléchir à deux fois avant de se lancer, et attendre des remises pour tout de même se plonger dans ce petit jeu plein de qualités. Signalons enfin que Whispering Willows tourne très bien sur les configurations les plus humbles : graphismes et résolution au maximum à portée d’ordinateurs portables bas de gamme (test effectué sur un PC portable AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3), ainsi qu’une compatibilité parfaite avec la manette Xbox 360, pour un meilleur confort de jeu.
Whispering Willows, les bonus.
Découvrez l’étonnant trailer live de Whispering Willows.
Pour la postérité, et les quelques détails de production qui y pullulent, la page du kickstarter de Whispering Willows est à découvrir.
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- Super ambiance.
- Visuellement réussi.
- Scénario plus mature qu'il n'y paraît.
- Aucune rejouabilité.
- Le manque d'animations.
- Gameplay bien fini mais trop frileux.