Test – Claire

Claire, une jeune femme plongée dans l’obscurité.

Claire est le premier jeu de Hailstorm Games, un studio américain (texan, pour être précis) aussi petit qu’indépendant, composé de quatre personnes. Ces quatre braves gens se sont retrouvés autour de cette entité avec un objectif : communiquer leur amour du cinéma d’horreur par le biais de l’expression vidéoludique. Ainsi, Claire s’inscrit dans le genre survival horror qui aura fait les beaux jours de nos consoles, à cela près que le budget est ici absolument minimaliste.

image cover claire

Claire est seule, perdue dans une existence qui n’a pris aucune pincettes avec elle. Jeune étudiante, la jeune fille rend visite régulièrement à sa mère plongée dans le coma, et handicapée depuis des années. Claire doit de fait assumer de lourdes responsabilités, ses études et sa sociabilité en pâtissent donc fatalement. Quand au père, il s’est volatilisé depuis bien longtemps, laissant la cellule familiale à l’abandon. Alors que l’ambiance est déjà bien morne, Claire doit se débrouiller dans un monde obscur, véritable miroir de son ressenti.

Claire, un survival horror néo-rétro.

L’histoire de Claire fait évidemment penser à la licence Silent Hill, et ce n’est pas pour déplaire. Le genre du survival horror n’est jamais mieux servi que par une histoire qui met en avant le contexte plutôt que l’action, les états d’esprit de son héros plutôt que la simple addition de séquences spectaculaires. Les joueurs des récents Resident Evil le savent mieux que personne, entre deux larmes nostalgiques. Le jeu débute par une séquence de flashback, où l’on retrouve une Claire encore enfant et seule dans sa chambre. Dès cette introduction, on se rend compte du talent des développeurs pour créer la peur, la vraie. Tout d’abord, le visuel fait son effet. Le jeu s’inscrit dans le style néo-rétro, avec du bon gros pixelart qui ravira autant les fans qu’il pourra agacer les détracteurs. Il est tout de même difficile de ne pas tomber sous le charme de cette patte artistique, rappelant le très cauchemardesque Lone Survivor mais sans forcer l’usage de couleurs sombres pour autant. Au contraire, le soft sait utiliser des couleurs gaies quand il le faut, créant un véritable décalage entre les émotions du joueur et ce qu’il voit. Ce début, dans la chambre de Claire, en est le parfait exemple : papier-peint rose à pois blanc, poster de licorne accrochés au mur. Un fin rayon de lune transperce la fenêtre. Claire se réveille, semble un peu paniquée dans son lit. Le joueur a le choix de ce qu’il doit faire dire à l’enfant, mais l’effet est le même pour chacune des possibilités : l’enfant sort de son lit. La porte est la seule option, donc on s’y rend, on tente de l’ouvrir. Et là… Et là Claire nous offre notre premier sursaut, le premier d’une longue série.

image chambre claire

Comment avancer dans Claire.

Après cette séquence d’ouverture, on retrouve Claire à l’hôpital, là où l’action prendra place pour un bon moment du jeu. Après une petite cinématique, on reprend le contrôle de la jeune fille, devenue jeune femme et très bien modelée par les développeurs. On n’est pas dans le sexy, ni dans le dépressif, Claire porte un jean, une veste rouge et est coiffée d’une barrette, comme quand elle était enfant. C’est important d’être projeté dans la peau d’un personnage d’apparence normale, à la fois pour l’équilibre du jeu et la fameuse suspension consentie de l’incrédulité, très importante dans le genre survival horror. Le jeu dévoile alors ses mécanismes avec notre premier vrai objectif : rejoindre la cafétéria de l’hôpital. Ouvrir l’inventaire, via le clavier ou votre manette Xbox 360 (entièrement prise en charge), vous montre notamment cet objectif, ainsi qu’une carte sur laquelle est entouré le but, ou encore la liste des objets transportés. On est prêt pour une exploration des lieux qui s’avérera d’une importance capitale dès que l’univers du jeu sera devenu horrifique. Ne pensez pas que vous pourrez avancer dans Claire seulement en vous rendant aux objectifs, ce serait passer à côté de moult items de grande importance, notamment pour votre énergie et votre maîtrise du stress, ce dernier ayant un impact sur la vision à l’écran, sans non plus aller jusqu’à un rendu renversant comme dans l’excellent Eternal Darkness. Claire se retrouve vite à devoir examiner les dizaines de salles de cet hôpital devenu sordide, et bientôt elle devra composer avec des manifestations loin d’être amicales.

Les monstres de Claire.

Qui dit survival horror dit possibilité de tomber nez à nez face à des êtres malfaisants. Claire ne déroge pas à cette règle, avec son lot de monstres bien flippants. Sortes d’arachnides coiffées de masques blancs à visage humain, ces bestioles ont le don de faire véritablement froid dans le dos, arrachant à l’auteur de ce test des hurlements loin d’être virils. Ces apparitions sont accompagnées d’un effet sonore saisissant (un conseil : jouez au casque), autre point commun avec Silent Hill, et sont totalement invincibles. Vous avez bien lu, Claire ne peut se défendre autrement que par la fuite ou la trouvaille d’un placard pour s’y cacher momentanément. Le jeu devient vite angoissant au possible, même si la jeune fille est bien aidée par son chien, astucieusement appelé Anubis (divinité égyptienne faisant le lien avec le monde des morts). En effet, le joli canidé grogne à l’entrée des pièces hantées par les ignominies, et donc nous donne la chance de pouvoir réagir au plus vite. Mais attention, car changer de salle n’est pas synonyme de tranquillité ! Sur le même modèle que le Némésis de Resident Evil 3, les monstres peuvent vous suivre, et il faudra attendre que l’excellente bande originale retrouve son rythme de croisière avant d’être totalement en sécurité. Si vous êtes sensibles à la peur vidéoludique, sachez que Claire peut très vite devenir assez insoutenable pour vous pousser à n’y jouer que par petites sessions.

image jeu claire

Claire, mais pas comme de l’eau de roche.

Claire se vit très bien, enfin on se comprend, jusqu’à ce que quelques petites imperfections viennent un peu noircir un tableau tout à fait honorable. En premier lieu, les décors sont un peu répétitifs. Beaucoup de salles sont à explorer certes, que ce soit dans l’hôpital ou les autres endroits, mais ce n’est pas rare d’avoir un sentiment de déjà-vu parfois assez insistant. Et plus on avance dans Claire, plus on a l’impression de ne faire qu’ouvrir des portes et passer de salles en salles. Rien de véritablement lourd, mais on peut ressentir parfois un petit agacement. Mais surtout, il faut parler des énigmes, heureusement peu nombreuses car parfois sans queue ni tête. Par exemple, celle des portraits, que l’on doit soit laisser en place, soit retourner : elle n’a aucune autre logique que celle de vous faire travailler au hasard. Claire aurait dû en rester à travailler son ambiance, car c’est ce que le jeu fait de mieux.

Claire, net et précis.

Du reste, rien ne vient vraiment gâcher l’expérience de Claire, que même les plus modestes configurations peuvent faire tourner au niveau maximum de ce que le soft propose techniquement. Le test, effectué sur un ordinateur portable tout sauf gamer (AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3), s’est effectué en résolution 1600 x 900 sans provoquer une seule baisse de framerate. Signalons tout de même que Claire n’est pas traduit en français, mais le niveau est assez simple pour ne pas perdre même les moins anglophones d’entre nous. Quand à la durée de vie, elle est plus que correcte, en proposant une aventure qui dure environ trois heures, auxquelles peuvent venir s’ajouter bien d’autres : un « new game + » est de la partie. Et si vous voulez voir toutes les fins du jeu, dont certaines valent vraiment le détour, il faudra vous replonger dans Claire bien plus d’une fois, et à chaque fois avec le plaisir de jouer à un soft certes imparfait mais plein de personnalité.

Claire, en bonus.

Le trailer de Claire, c’est par ici.

Le site de Hailstorm Games, à visiter pour mieux connaître cette petite structure prometteuse.

Le site Survival Horrors, entièrement en français, pas souvent mis à jour mais assez fourni pour mieux capter le genre survival horror.

Pour acheter Claire, c’est sur Steam ou Desura.

 

Test - Claire
Claire réussit à créer une ambiance efficace, et provoque le sursaut. Quelques petits défauts, mais pardonnables. Vivement la suite pour Hailstorm Games.
Graphisme
Durée de vie
Ambiance
Gameplay
On aime
  • Une atmosphère tendue.
  • Bonne durée de vie, pour le genre.
  • Gros boulot sur le son.
On aime moins
  • Décors un peu répétitifs.
  • Les énigmes capilotractées.
3.5La note
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