Test – Ori and the blind forest

Test du jeu Ori and the blind forest, développé par Moon Studios et édité par Microsoft. Que vaut ce voyage pas vraiment bucolique ? Notre avis vous aidera à y voir plus clair.

Il faut remonter à l’E3 2014 pour se remémorer la présentation de Ori and the blind forest. Le contexte est alors déjà très ouvert aux jeux indépendants, et les mastodontes du marché présentaient aussi bien des jeux à très gros budgets que des softs d’apparence plus intimiste. Ori était donc dévoilé par Microsoft, tout fier d’avoir récupéré dans son escarcelle ce qui semblait à tous être un petit bijou d’ambiance, dans le plus pur style des Metroidvania (pour en savoir plus sur ce genre, retrouvez nos tests de Castle in the darkness et UnEpic). Derrière le gigantesque constructeur de Redmond, on trouve Moon Studios, un tout petit développeur par la taille, mais qui mérite toute notre attention. Thomas Mahler, qui fut notamment au travail sur les cinématiques de Starcraft 2, et Gennadiy Korol fondèrent le studio en 2010. Dans la foulée, ils annoncèrent un concept alléchant : Warsoup, un FPS-stratégie toujours pas sorti à l’heure actuelle (le jeu serait toujours en développement). Alors que leur projet avance doucement, ils décrochèrent un contrat avec Microsoft pour l’un de leurs prototypes. Nous étions alors en 2011, et celui qui deviendra Ori and the blind forest n’en est qu’à ses balbutiements.

Aux ori-gines.

Ori and the blind forest débute alors que la forêt de Nibel est en proie à une puissante tempête. Cette grande bourrasque provoque le départ de Ori, une petite créature aussi mignonne qu’improbable, arraché à son père : le grand Arbre. Perdu dans l’immensité du lieu, le petit être est recueilli par Naru, qui deviendra sa mère d’adoption. Après quelques temps paisibles, et alors qu’Ori semble s’être fait à sa nouvelle vie, une malédiction semble frapper la forêt de Nibel. Les arbres se meurent, la nourriture vient à manquer. Et Naru, la mère protectrice, plonge dans un coma profond. De nouveau abandonné, isolé, le petit héros de Ori and the blind forest est à deux doigts de mourir de chagrin. Mais la destinée d’Ori est toute autre. Bientôt, il découvrira le monstre qui est à l’origine du mal : Kuro, l’immense hibou devenu agressif après que la tempête lui ait fait bien des misères…

Un peu de Ghibli, un zest de Disney.

Dès son ouverture, Ori and the blind forest installe une ambiance incroyablement puissante en proposant l’un des débuts les plus touchants qu’on ait pu jouer, et ce de mémoire de joueur. Tout y est travaillé pour faire mouche, on fait connaissance avec la patte artistique, la musique nous émeut comme rarement, et le peu de ce qu’on a à jouer se borne à faire avancer le récit. On abordera le gameplay par la suite, car il semble nécessaire de d’abord commencer par l’emballage. Visuellement, c’est tout simplement exemplaire, beau à couper le souffle. Non pas dans la qualité technique, n’allez pas vous lancer dans un concours du nombre de polygones qui n’intéresse pas grand monde, mais dans la direction artistique et l’utilisation de ce qu’elle propose. Pour bien situer Ori and the blind forest, il suffit de se remémorer les travaux de Hayao Miyazaki, mais aussi Avatar pour l’utilisation des couleurs froides et même du Disney (regardez bien Ori, il vous rappellera quelque chose). Le mélange donne quelque chose de sidérant, un environnement quasi-organique qu’on prendra plaisir à parcourir, et on sait que cette donnée est importante pour un Metroidvania, un genre demande des voyages fréquents sur la carte.

Ori and the blind test.

Ori and the blind forest est donc visuellement merveilleux, et il en est de même dans les compositions musicales, signées par un certain Gareth Coker. Le compositeur devient instantanément un artiste à suivre de très près, tant les musiques du jeu s’impriment dans nos esprit, et deviennent indispensables à la réussite de l’entreprise. Les thèmes, pas si nombreux et proposant parfois de simples variations, font tellement mouche que les écouter sans jouer reste un grand plaisir. Parfois triste, mélancolique, mais aussi pleine de vie, d’entrain, de menace, d’héroïsme, cette bande-son de Ori and the blind forest a tout d’un petit chef-d’œuvre pour son auteur. Presque perturbant, tant on ne s’attendait pas à ce niveau de qualité. C’est très simple, Ori and the blind forest est un modèle de plaisir pour les yeux et les oreilles.

A la manette, sinon rien !

Mais une fois qu’on a abordé le chapitre du contenant de Ori and the blind forest, il reste la partie la plus importante, celle qui fait principalement la qualité d’un jeu : le contenu. Après l’ouverture émouvante à souhait, on prend possession de notre avatar tout mignon, et on découvre un gameplay réglé comme une horloge. Qu’il est simple de jouer à ce jeu, qu’il est grisant de bien le contrôler pour venir à bout des innombrables pièges qui l’habitent. Évidemment, Ori and the blind forest doit se jouer à la manette, les joueurs PC découvriront que le saint clavier n’est du tout recommandé pour une expérience optimale. Ça tombe bien, la version Windows de Ori and the blind forest prend totalement en charge les manettes Xbox. Une fois une de celles-ci branchée, on découvre la maniabilité, et de la façon la plus agréable qu’il soit : par le level design. Le jeu vous donne en pâture à son environnement, et par un savant dosage dans la phase d’apprentissage, qui nous prend par la main juste ce qu’il faut pour ne pas non plus se sentir assisté, on apprend comment diriger parfaitement Ori.

Papillon de lumière.

Car c’est un véritable bonheur que de prendre en main le petit héros de Ori and the blind forest. Pas une seule fois au cours du jeu le joueur ne peut prétendre avoir été trompé par autre chose qu’une erreur émanant de lui. Tout est précis, les commandes sortent toutes à la perfection. On retrouve les figures classiques, comme le double saut ou l’appui contre le mur (et c’est bien intuitif, hein Super comboman !) et, évidemment, le moyen de défense parfait : l’attaque. Dans Ori and the blind forest, notre avatar a recours à la lumière spirituelle, une arme de proximité donc au champ limité. Ça implique évidemment que le joueur est continuellement attiré par l’ennemi pour pouvoir lui botter le derrière. Ce qui est une très bonne idée pour éviter à tout prix l’aspect répétitif des Metroidvania, qui pousse parfois à éviter le combat et non à le provoquer. Cette lumière spirituelle peut aussi être chargée pour lancer une explosion dévastatrice, capable notamment de briser certains éléments du décor. Car, qu’on se le dise, Ori and the blind forest regorge de secrets à découvrir.

Il est passé par ici, il repassera par là.

Comme tous les Metroidvania, Ori and the blind forest propose une carte qu’il vous faudra parcourir plusieurs fois afin de découvrir complètement le jeu. Vous venez d’acquérir le double saut, alors vous allez pouvoir atteindre le bonus de vie que vous avez remarqué bien auparavant, sans pouvoir l’atteindre. Vous venez d’obtenir la capacité de planer ? Vous pouvez alors rebrousser chemin pour accéder à des zones jusqu’ici inaccessibles. C’est évidemment un grand classique du genre, mais Ori and the blind forest est tellement agréable à visiter de fond en comble qu’on se doit de le souligner. Seule petite ombre au tableau, du moins pour les plus acharnés d’entre nous : Ori and the blind forest facilite sans doute trop l’accessibilité du 100%. Par exemple, les objets cachés sont visibles directement sur la carte, via un pouvoir déblocable, ce qui enlève quand même beaucoup du challenge. D’ailleurs, abordons l’évolution de notre Ori tout mignonnet (on aimerait tellement le voir décliné en peluche). Tuer un ennemi nous rapporte des orbes d’expérience et, à un certain stade, permet au joueur de gagner un point qu’il peut ensuite utiliser dans l’arbre de compétences pour débloquer moultes capacités. Attaque plus puissante, passages secrets rendus visuellement plus faciles à débusquer, triple saut, vous pourrez voir votre personnage devenir véritablement plus complet au fil du temps.

Un système de sauvegarde Ori-ginal.

Jusqu’ici on voit que Ori and the blind forest est très solide, mais plutôt classique dans son fonctionnement. Heureusement, Moon Studios apporte une dose de fraîcheur, notamment dans le système de checkpoint. Mis à part à certains endroits précis de la map, voir après certaines cutscenes, c’est au joueur de gérer ses sauvegardes, manuellement, et ce grâce à des orbes bleues. On peut donc valider son avancée comme on le souhaite, en gérant toutefois cette réserve d’orbes bleutées. Car si vous en êtes à court, il faudra vous passer d’une sauvegarde. A cette gestion qui donne au joueur des responsabilités, s’ajoutent des endroits où garantir ses progrès est carrément impossible, quand la zone est beaucoup trop dangereuse. Ça donne lieu à certains passages de pur die and retry, et, sans vous spoiler plus, le spectacle est au rendez-vous dans ces phase de Ori and the blind forest.

Rapprochement caméra.

Ori and the blind forest serait donc un jeu parfait ? Non, aucun ne l’a jamais été et ça ne commencera pas avec ce jeu, tout aussi excellent qu’il soit. On exprime quelques regrets, qui ne gâchent pas vraiment l’expérience mais sont tout de même assez notables. Premièrement, la caméra est très éloignée de Ori. On comprend l’envie de montrer le décor le plus possible, étant donné sa magnificence, mais on pense aux joueurs console qui, à quelques mètres de leur télé, vont avoir du mal à distinguer certains ennemis. Un problème que ne connaîtront pas les gamers PC, bien plus proches de leur écran, même s’ils devront faire attention à la configuration de leur bécane. Posséder un Intel Core i5 2300, ou l’équivalent chez AMD (FX6120), 4GB de RAM et une carte graphique GeForce GTX 550 Ti est recommandé pour tirer le maximum de Ori and the blind forest. En-dessous, sachez que ça ne sera pas optimal, tout en restant jouable sur les petites résolutions hors HD. Le deuxième regret porte sur le bestiaire qu’on aurait aimé voir plus généreux, moins répétitif dans les patterns. Le troisième et dernier est lié à l’absence d’une rejouabilité intéressante. Une fois Ori and the blind forest terminé, il l’est pour de bon. N’espérez pas un mode de difficulté accrue par exemple. C’est dommage, mais la durée de vie reste satisfaisante : comptez une dizaine d’heures pour bien retourner le jeu.

Ori, candidat sérieux au titre Jeu de l’année.

Mais malgré ces retenues minimes, Ori and the blind forest reste un jeu d’une telle qualité qu’on se demande presque ce qui pourrait venir le concurrencer pour le titre de jeu de l’année. The Witcher 3 est évidemment un concurrent de taille, qu’on attend avec impatience, mais en l’état Ori and the blind forest propose un tel divertissement qu’il sera très difficile de ne pas penser à lui en fin d’année, quand il sera temps de parler du Game Of The Year. En attendant, on vous recommande très fortement d’aller vous perdre dans la forêt de Nibel, d’admirer l’animation toute mimi de Ori, de vous prendre la tête sur des passages bien tendus, et de finir l’aventure avec ce petit pincement au cœur que seuls les grands jeux provoquent. D’autant plus que son prix, 19,99€, est plus qu’abordable à la vue de ce que Ori and the blind forest propose.

Ori and the blind forest, les bonus.

Pour acheter Ori and the blind forest, rendez-vous sur Steam.

Retrouvez toutes les information sur Ori and the blind forest sur son site officiel.

Gareth Coker, compositeur du jeu, possède une page officielle intéressante pour mieux cerner son œuvre.

N’hésitez pas à lire d’autres tests de Ori and the blind forest, notamment chez Gameblog et Jeuxvideo.com.

Test - Ori and the blind forest
Ori and the blind forest est une réussite exemplaire, sérieux dans sa gestion du classicisme lié à son genre, son gameplay, mais aussi très ambitieux dans son ambiance. Un joyau.
Graphismes
Durée de vie
Ambiance
Gameplay
On aime
  • Une ambiance somptueuse.
  • Un Gameplay exemplaire.
  • Des musiques enchanteresses.
On aime moins
  • Petite redondance des ennemis.
  • On aurait aimé un new game +.
  • Caméra un peu trop éloignée.
4.4Note Finale
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