Retro City Rampage DX, faire du vieux avec du vieux.
Retro City Rampage DX vous propulse dans la peau d’un voyou, « The Player », de la ville Theftropolis, en 1985. Voulant au plus vite grimper les échelons du foutoir vidéo-ludique, notre avatar s’engage comme homme de main auprès d’un syndicat du crime local, dirigé par le machiavélique Jester. Trois ans plus tard, The Player fait partie d’un casse qui tourne plutôt mal. En fuite, il se réfugie dans une machine à voyager dans le temps, dont la forme d’une cabine téléphonique trompe notre valeureux voyou. Catapulté en l’an 20XX, notre personnage est accueilli par un savant complètement fou, Doc Choc, qui lui propose de lui organiser le voyage retour à bord d’une voiture quelque peu modifiée. Le seul petit soucis, c’est que certaines pièces du véhicule sont manquantes. The Player va donc devoir partir à l’assaut d’une Theftropolis rongé par bien des maux.
Retro City Rampage fut l’un des jeux indépendants qui ont fait le plus parler voilà quelques années, en 2012 plus précisément. En effet, après dix années à vivoter, Brian Provinciano finit par commercialiser ce qu’il voyait comme un « remake 8 bits de Grand Theft Auto 3« , après notamment l’avoir débuté avec un kit de développement Nes. Véritable fourre-tout aussi référentiel que bordélique pour les uns, fantasme de hardcore gamer, mariant le genre bac à sable et l’hommage à toute la culture geek pour les autres, le joueur mesuré se rappellera que le résultat se situait entre les deux. Retro City Rampage sortit aussi bien sur PC, PS3, Xbox 360 et Vita, s’écoulant à plus de 400 000 exemplaires à travers le monde, ce qui ne semble pas imposant face aux chiffres des grosses production. Mais remis dans le contexte de ce que pouvait offrir le jeu : un trip nostalgique et jusqu’au-boutiste, on peut dire que l’objectif de toucher une cible précise, les joueurs passionnés, fut atteint. De nouvelles consoles sont, depuis, sorties et les constructeurs font les yeux doux aux développeurs indépendants. L’occasion pour Brian Provinciano et son studio, Vblank Entertainment, de ressortir, début Novembre 2014, le jeu dans une version remaniée, dopée en terme de contenu et sobrement titrée Retro City Rampage DX.
Retro City Rampage DX garde évidemment la forme de son petit frère. On est dans un jeu à monde ouvert, avec une vue de dessus, comme on pouvait le voir dans le tout premier Grand Theft Auto. Le tout avec une technique certes 8 bits, donc époque Nes ou Master System. Sur le papier, l’idée est plaisante, et ça l’est aussi manette en main. Évidemment, la ville est d’une taille absolument ridicule face aux environnements étendus des derniers GTA-like en date, mais elle offre un terrain de jeu suffisant pour ce qui fait la spécificité de Retro City Rampage DX : son univers, et son histoire invraisemblable. C’est sûr, ceux qui adorent trouver des clins d’œil à la culture qu’ils apprécient en auront pour leur argent, que ces références soient simplement formelles, comme l’apparition d’un personnage sorti tout droit de Retour vers le Futur, ou plus fondamentales comme des phases de jeu tirées des cultissimes Smash TV, Splosion Man ou encore Tortues Ninja (oui, celui sur Nes dont la difficulté a traumatisé toute une génération). Compter les hommages serait un calvaire, tant ils sont en nombre impressionnant. Citons pêle-mêle : Super Mario Bros, Legend of Zelda, Super Meat Boy, Minecraft, Robocop, Metal Gear, Sonic, Frogger, Punch-Out, Duck Hunt, The Dark Knight, Virtual Boy, Mega Man 2, Ghostbusters… Et tout ce petit monde trouve sa place dans Retro City Rampage DX, en s’insérant plus ou moins grossièrement au sein d’une histoire qui n’est certainement pas à prendre au premier degré.
Retro City Rampage DX se joue de la façon la plus classique possible, n’en attendez pas la moindre fantaisie. Vous irez droit vers des points indiqués sur la carte afin de débuter une mission. Bleue, la tâche fera partie de l’histoire principale et fera avancer le scénario. Jaune, ce sera un objectif secondaire, histoire de donner une ampleur toute relative à l’ensemble. Évidemment, les premières missions auront une saveur de tutoriels, nous permettant de nous familiariser avec un gameplay très simple. Si vous êtes armés, deux façons de tirer sont à noter. Par le biais d’un bouton qui active automatiquement le verrouillage de cible si on maintient la pression, ou par le biais du stick droit qui donne une maniabilité plus shooter et surtout plus précise. Un autre bouton pour sauter, et il est d’importance car bondir sur la tête des ennemis, ou de pauvres passants innocents, aura le même effet que les baskets de Mario sur le crâne des goombas. Un dernier bouton fera office de déclencheur d’action, et vous servira par exemple à « car-jacker » comme mal vous semble. La conduite dans Retro City Rampage DX est, elle aussi, pensée pour être le plus accessible possible. On peut tout de même regretter un manque, global, de précision. Notamment pour les sauts, qui ont bien du mal à faire mouche uniquement grâce à la dextérité du joueur. Autre chose, la police est en nombre bien trop élevé. C’est simple, on ne peut pas écrabouiller un honnête citoyen sans risquer de se faire prendre en chasse par la maréchaussée moderne. Pire, les poursuites qui s’ensuivent sont d’un ridicule plutôt gênant. Comme on pouvait le craindre, l’IA n’est pas du tout le fort, ni le souci, du soft. Bilan, on a toujours deux ou trois flics sur le dos, mais leur présence est totalement inoffensive. Lourd, on aurait aimé des progrès à ce niveau. Aussi, on peut regretter que l’ambiance de Retro City Rampage DX, survoltée, ne soit pas suivie d’effets dans le déroulement des missions qui, si on enlève l’ambiance, restent très basiques et même répétitives.
Retro City Rampage DX propose pourtant bien des ajouts et autres améliorations. Qu’ils soient accessoires comme ces nouveaux filtres visuels bien stylés, ou bien plus réjouissants comme un rééquilibrage de la difficulté, pas moins prononcée mais plus juste, notamment via une meilleur gestion des auto-save en cours des missions. Plus de véhicules, une caméra aux mouvements plus dynamiques et moins saccadés, des armes mieux équilibrées, plus de choses à débloquer (tenues, personnages, coupes de cheveux, etc), des zooms dans l’image très utiles pour être au plus près de l’action notamment sur consoles portables, et bien plus encore. L’exemple parfait pour imager le soin apporté à ces nouveautés qu’apporte Retro City Rampage DX est le mode 8-bits, qui renvoie le jeu au visuel de la version d’origine, et avec lequel on peut switcher vers l’aspect de base dans ce remake, nommé « retro + », d’aspect plus fin, moins pixellisé. D’ailleurs, rassurons les possesseurs de PC loin d’être à jour : le jeu tourne parfaitement sur les bécanes les plus modestes. Pour dire, ce test a eu lieu sur un ordinateur portable (AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3) bas de gamme, sans aucune anicroche technique et ce même avec un écran parfois très chargé. En même temps, on ne peut dire que ce qui s’affiche en met plein la vue : on est dans du « pixel art » bien gras, qui ne se réconciliera pas avec ceux qui n’accrochent pas, ou peu, à ce courant. Niveau ambiance sonore, l’excellent travail de Freaky NDA est agrémenté de nouveaux morceaux qui ne dénotent pas. Certes, il faut aimer le chiptune parfois bien hardcore, mais les rythmes s’intègrent parfaitement à l’action. Quand à la durée de vie du soft, elle est allongée avec de nouveaux défis qui vous occuperont un certain temps, et des trophées/succès rendus plus facile à obtenir mais apportant toujours une bonne dose de challenge. L’aventure principale tourne autour de quatre heures de jeu. Si vous accrochez au jeu, assez pour tenter un 100%, voire se motiver pour une quête individuelle pour noter toutes les références, comptez la douzaine d’heures pour bien boucler Retro City Rampage DX. Ce qui est honnête vu le prix de vente : neuf euros, voire moins avec les immanquables soldes Steam, ou autres offres limitées sur les différents services en ligne.
Retro City Rampage DX ne fait pas que bonifier sa formule, il l’étend aux nouvelles consoles du marché. Le test est effectué sur PC, mais vous pourrez vous le procurer aussi bien sur Mac, WiiU, 3DS que sur PS4. Mais, surtout, Vblank Entertainment ne prend pas le joueur pour une vache à lait, paraît conscient qu’il ne s’agit pas d’une suite mais d’un remake. Ainsi, les possesseurs de la version PC se voient offrir la toute nouvelle version Mac. Pour les joueurs qui choisiront de jouer sur console Sony (Vita, PS4 ou PS3), ils se voient offrir le jeu… sur les deux autres plates-formes. Donc si vous optez pour le soft sur Vita, vous pourrez y jouer aussi bien sur PS3 et PS4, et ça c’est classe. Pas de version Xbox One pour le moment, mais la version DX est carrément offerte, sous forme de mise à jour, aux possesseurs de la version originale sur Xbox 360, et ça c’est tout autant classe. On sent une véritable volonté commerciale de faire de ce Retro City Rampage DX la version définitive, de par ses offres et son contenu, d’une parodie sincèrement amoureuse de l’univers vidéo-ludique.
- L'ambiance, bourrée de références.
- La bande son, excellente.
- Plein de nouveaux contenus.
- Gameplay toujours aussi moyen.
- La VF, scandaleuse.
- La police, omniprésente.