Critique du premier tome de L’Assassin Royal : L’Apprenti Assassin
Robin Hobb vient de publier Le Fou et l’Assassin, quatorzième tome de L’Assassin Royal. Revenons au début de l’épopée de FitzChevalerie Loinvoyant, la série qui l’a fait connaître et devenir une référence incontestable du genre.
Apprenti assassin, un destin tracé ?
Robin Hobb nous emmène en compagnie d’un vieillard complétement drogué qui nous raconte une partie de son passé. Dans ce premier tome, nous le rejoignons alors qu’il nous dresse un portrait de ses premiers souvenirs. Elevé jusqu’à ses six ans par sa famille maternelle, il est ensuite confié au bon soin de Burrich, le maître d’écurie de Castecerf et fidèle compagnon de Chevalerie, le père de FitzChevalerie et roi-servant des Six-Duchés.
Surnommé pendant longtemps Fitz (« bâtard » en anglais), FitzChevalerie Loinvoyant découvre la vie de château, du point de vue des serviteurs et des gardes, car bien que d’une famille royale, son statut illégitime ne plaide pas en sa faveur. De fait, quand son père il apprit son existence renonçât à son rôle de roi-servant et s’exila. Une certaine éducation lui est tout de même fournie comme les lettres et les armes. De plus, le roi Subtil, son grand-père, décide d’acheter sa loyauté avec une épingle en argent et le double de ce que quiconque pourrait lui proposer. Sur son ordre, il commence son apprentissage de l’art de l’assassinat.
C’est au milieu de cette vie plus ou moins paisible que les raids des Pirates Rouges commencèrent. Ils brulèrent des villes côtières et lâchèrent, quand le roi décida de refuser de payer les rançons, les Forgisés, des humains n’obéissant qu’à leurs besoins immédiats et sans plus aucune humanité.
Le monde de l’assassin
Nous commençons L’Apprenti Assassin dans le royaume des Six-Duchés, qui, comme son nom l’indique, est composé de six duchés. Il regroupe quatre régions côtières et deux terrestres. C’est le royaume du roman le plus disparate et le plus équilibré. Il est gouverné par la lignée des Loinvoyant, de laquelle descend Fitz, notre apprenti assassin.
A l’Ouest de celui-ci se trouve le royaume des Montagnes. Plus qu’un véritable royaume, il s’agit d’un territoire peuplé de nomades qui vont et viennent même dans la « capitale » dont seuls le palais et les plus grands édifices sont inamovibles. L’Oblat, gouvernant au service de son peuple, fait régner la bonne entente, souvent en se sacrifiant lui-même dans ce pays que les Six-Duchés ont renoncé à conquérir après avoir toujours échoué. Il y fait plutôt froid et quelques biens de luxe y sont produits mais c’est un pays rude où y vivent des gens durs.
A l’Est des Six-Duchés, l’océan. Quelques îles appartiennent aux Six-Duchés mais plus loin, il en existe d’autres d’où viennent les Outriliens dont les Pirates Rouges font partie. Il s’agit de la patrie de l’ennemi, qui était principalement peuplée de pêcheurs et de gens de la mer avant les relations ne se détériorent et qu’ils ne deviennent pirates.
Et enfin le « pays » au Sud est plutôt une cité. Terrilville ainsi qu’elle se nomme est la ville des marchands. Il y a ici fort peu à en dire.
C’est dans cet univers que nous allons suivre les pérégrinations de l’apprenti assassin qu’est alors FitzChevalerie Loinvoyant dont nous avons brièvement vu l’histoire plus haut. Sa plus grande motivation est sa loyauté au roi Subtil. Malgré tout, il reste très humain avec quelques décisions purement égoïstes, et qui vont chambouler le monde évidemment. Le point de vue du livre nous donne à penser que tout gravite autour de lui, même si il reste des secrets dont nous aimerions bien connaître la teneur.
Autour de lui tourne beaucoup d’autres personnages dont l’importance va varier au fil du récit. Dans ce premier tome de L’Assassin Royal, nous pouvons citer pêle-mêle son tuteur, Burrich, le maître d’écuries de CastelCerf , son mentor et maître assassin Umbre, son grand-père le roi Subtil, son oncle Vérité qui a remplacé son père dans le rôle de roi-servant, son amie des rues Molly BrisePif ou encore « Le Fou » bouffon du roi.
Le Vif et l’Art, les magies de l’assassin
Il existe dans ce monde deux magies bien distinctes dont peu peuvent se vanter d’en posséder n’en serait-ce qu’une. Bien évidemment, notre apprenti assassin va découvrir qu’il peut les exercer avec plus ou moins de talent.
Le Vif, également surnommé péjorativement la Magie des Bêtes, permet à son utilisateur de transmettre et des lire des émotions envers les animaux, avec plus ou moins de succès en fonction du degré de réceptivité de chacun et de la force du lien entre la personne et l���animal. Il permet également de sentir les gens autour de soi, excepté les Forgisés. Il est dit que c’est à ses origines montagnardes que Fitz est sensible au Vif.
L’Art ou la magie des Loinvoyant. Elle fait aussi office de moyen de communication mais entre deux humains cette fois. Elle autorise le dialogue entre deux personnes douées de l’Art, mais il est également possible de graver un ordre dans l’esprit de quelqu’un ou de lui suggérer une action insidieusement comme si elle était la sienne propre. Rares sont ceux en-dehors de la famille des Loinvoyant à avoir eu accès à cette magie puis à la maîtriser.
Le style
Robin Hobb nous offre dans L’Apprenti Assassin son rêve de réécriture des contes de fées. Ce premier roman se lit très facilement et il est facile de se perdre dans son récit.
Le choix d’écriture de Robin Hobb est particulier. En effet, le personnage principal est également narrateur. Étant donné les situations dans lesquelles il se retrouve (souvent !), le suspense (va-t-il réussir à survivre ?) en est faussé. Mais c’est un choix qui a été fait et mis à part cette particularité, L’Apprenti Assassin est une excellente introduction à la saga L’Assassin Royal. Bien qu’il soit possible de se demander parfois, au fil du récit, si il y a un fil conducteur ou plusieurs… Mais n’est-ce pas là le destin de tout un chacun?
D’autres articles sur l’Apprenti Assassin :
http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/1193
http://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146566284
- La légéreté de l'écriture
- Les personnalités de chacun
- Parfois un peu long
- Certains choix d'écriture