L’actrice Lauren Graham se met à l’écriture et nous livre le roman Un beau jour peut-être. Un passage convaincant d’un univers à un autre? Pas forcément. Critique d’une lecture décevante.
Un beau jour peut-être nous raconte l’histoire de Franny Banks, une jeune comédienne vivant en coloc’ à New York en 1995. Tout le monde le sait, il n’est pas facile de faire son trou lorsque l’on embrasse le métier d’acteur, alors la jeune femme s’est donné trois ans pour réussir à percer. Si elle n’atteint pas cet objectif dans le temps imparti, c’est juré, elle arrête et se trouve un boulot banal. Quand Un beau jour peut-être commence, il ne reste plus à Franny que six mois pour faire ses preuves. Le temps presse mais les propositions se font rares et son CV reste maigre. Malgré des fins de mois difficiles, elle s’accroche. Bourrée d’incertitudes, la jeune femme est peu sûre d’elle (autant de ses capacités que de son physique) mais tout le monde le lui dit : elle a du talent. Tout en essayant de se construire une carrière, Franny suit des cours d’art dramatique auprès de Stavros, un homme reconnu dans le milieu. C’est là qu’elle rencontre le beau et talentueux James, un acteur dont la carrière s’envole. A travers Un beau jour peut-être, Franny va devoir concilier vie sentimentale et vie professionnelle en tentant de faire les bons choix sans se laisser détourner de sa voie. Cela va-t-il être le cas?
Avant toute chose, je tiens à remercier les éditions Milady (Halo: Le Protocole Cole, Rose Morte, l’Ange des Highlands, A un fil …) pour l’envoi d’Un beau jour peut-être et sans qui je n’aurais pu rédiger cette critique.
Une intention …
Un beau jour peut-être est le fruit de l’écriture de Lauren Graham que le grand public connaît pour ses rôles dans Gilmore Girls et Parenthood. En parcourant la biographie de l’actrice il ne fait aucun doute qu’elle s’est largement inspirée de sa propre histoire pour raconter celle de Franny Banks, son héroïne. Tout comme son personnage, Lauren Graham est partie s’installer à New York pour faire ses preuves en tant qu’actrice, et tout comme elle, les débuts n’ont pas été simples. En écrivant Un beau jour peut-être, Lauren Graham tente de nous montrer les difficultés des débuts pour un comédien. C’est clairement son objectif premier. C’est un bon point pour l’auteur qui semble maîtriser le sujet puisqu’elle l’a vécu. Entre les castings, les petits boulots pour vivre, les refus, la difficulté de faire les bons choix et de savoir s’entourer des bonnes personnes, il n’est pas simple de se faire connaître. Un beau jour peut-être réussi à nous plonger dans l’attente et les doutes inhérents à la recherche de la gloire. La force de Lauren Graham dans Un beau jour peut-être est sa capacité à dépeindre un monde (celui des comédiens), et une époque (les années 1990). En effet, elle parvient à merveille à nous replonger au cœur de l’année 1995 en faisant de multiples références qui rappelleront quelques souvenirs à ceux qui ont connu cette période : Friends, les messageries de téléphone (car oui, les portables n’existaient pas encore), etc.
… Qui tombe à l’eau
Si le sujet est assez commun, il aurait pu être particulièrement intéressant de lire les aventures de Franny en bénéficiant de l’éclairage de son auteur qui a connu sa situation. Malheureusement, Un beau jour peut-être ne gagne pas son pari. Si le livre réussit à relater la réalité de ce milieu professionnel, il ne parvient pas à captiver. Le bouquin démarre très doucement. Pour tout dire, la première moitié du roman provoque même une sensation qu’on aurait aimé éviter : l’ennui. Le lecteur est sans cesse en quête d’un élément déclencheur qui permettrait à l’intrigue de gagner en intérêt et de le pousser à continuer la lecture. L’histoire manque de relief et, pour ainsi dire, il ne se passe pas grand-chose. Aucun élément vraiment marquant ne vient relever la sauce, et c’est bien dommage. La monotonie est malheureusement un des aspects qui s’impose au lecteur. Quand enfin on se laisse prendre au jeu, le soufflé retombe vite.
Il se dégage d’Un beau jour peut-être l’impression que l’auteure n’est pas allée au bout de ses idées. Lauren Graham avait un concept de départ, une intention intéressante, qu’elle n’a pas réussi à exploiter. Ainsi, des histoires d’amour s’esquissent sans pour autant prendre forme, les relations entre les personnages ne sont pas abouties, etc. Par ailleurs, j’ai été particulièrement déçue par le fait que Lauren Graham va jusqu’à saboter elle-même ce qui faisait tout l’enjeu d’Un beau jour peut-être, à savoir le fait que Franny Banks se lance dans une course contre la montre en se donnant 6 mois pour réussir. Sans vouloir vous en dire trop, on comprend vite que le délai ne sera pas tenu. Quel intérêt reste t-il alors à poursuivre la lecture? La fin du roman semble également refléter ce manque d’aboutissement de l’intrigue en nous livrant une pseudo-fin, une fin ouverte qui donne finalement peu de réponses.
Le personnage principal est lui aussi source de déception. Franny Banks n’est pas particulièrement attachante et ne semble pas savoir ce qu’elle veut. Tout comme l’intrigue, l’héroïne d’Un beau jour peut-être tâtonne. Par ailleurs, on nous évoque un passé douloureux pour elle qui aurait pu être nettement plus travaillé de manière à donner un vrai relief au personnage. En fin de compte, Franny suscite peu d’empathie, tout comme les personnages secondaires d’ailleurs (mis à part peut-être Dan). Ces derniers sont en effet peu travaillés.
En fin de compte, si ce n’est décrire ce que vit tout acteur qui tente de percer, il n’est pas évident de comprendre où l’auteure d’Un beau jour peut-être voulait en venir. J’ai eu cette étrange sensation que Lauren Graham elle-même ne savait pas quels choix faire à certains moments de l’intrigue et qu’elle a parfois pris le parti de ne pas trancher (cf la fin du roman).
Toutes ces choses font que je suis restée sur ma faim tout au long du livre et que malgré ma patience, rien n’est venu contrecarrer ce sentiment.
Le style d’Un beau jour peut-être
L’écriture de Lauren Graham n’a pas facilité l’immersion dans Un beau jour peut-être. En effet, j’ai eu des difficultés à apprécier la lecture en raison d’une narration parfois décousue. Je m’explique. Il arrive régulièrement que l’auteure passe d’une idée à une autre, d’une situation à une autre de manière très brutale. Pas de transition, pas d’indice montrant que le sujet est clos, rien. A plusieurs reprises, j’ai eu besoin de relire certains passages pour comprendre car je ne pouvais me défaire de la sensation d’avoir manqué quelque chose. C’est assez perturbant et peu agréable en fin de compte.
Un beau jour peut-être est un roman écrit à la première personne du singulier, ce qui devrait nous permettre de nous plonger facilement dans l’histoire puisque ce procédé nous permet de vivre l’intrigue à travers les yeux de son héroïne. Malheureusement, la première personne ne remplit pas sa mission, à cause des défauts mentionné précédemment. Par contre, Lauren Graham insère dans le livre des morceaux d’agenda de Franny, ce qui est assez rafraîchissant.
Pour conclure cette critique, j’ai été assez déçue par la lecture d’Un beau jour peut-être, tant au niveau du style que de l’intrigue qui m’ont semblé assez pauvres. Je n’ai pas été convaincue et il a fallu que je m’accroche pour ne pas laisser tomber la lecture en cours de route. L’histoire ne m’a pas semblée palpitante et manque de faits marquants tandis que les personnages ne sont pas particulièrement attachants. Reconnaissons tout de même à Lauren Graham sa capacité à dépeindre une époque et un milieu professionnel.
Pour en savoir plus sur Un beau jour peut-être :
- Se replonger dans les années 1990
- Des personnages peu attachants
- Le style parfois décousu
- Le manque d'aboutissement et de relief de l'intrigue