Bridget Jones : Folle de lui – Helen Fielding

Désormais quinqua, Bridget Jones est de retour ! Critique du troisième opus d’Helen Fielding, Bridget Jones : Folle de lui.

Helen Fielding revient avec une nouvelle aventure de Bridget Jones. Depuis les débuts, le personnage a bien évolué. Bridget est maintenant une femme d’une cinquantaine d’années, mère de deux enfants, veuve et cougar. Ainsi commence Bridget Jones : Folle de lui . Que penser de ce troisième roman? Réponse dans cette critique.

Les débuts de Bridget Jones

Parce que vous n’avez peut-être pas lu les deux premiers livres ou parce que vous ne vous en souvenez plus, voici un petit retour sur ce qui a précédé le troisième opus des aventures de Bridget Jones.

En 1996, Helen Fielding nous livrait le premier roman des aventures de Bridget Jones avec Le journal de Bridget Jones. La jeune femme est une londonienne trentenaire, entourée d’amis qui adorent lui donner des conseils et faire la fête. La jeune femme est obnubilée par son poids, sa consommation de cigarettes et d’alcool, et par la recherche de l’amour. Bridget Jones subit à ce propos une certaine pression de la part de sa famille et de ses amis qui cherchent à tout prix à la caser. La jeune célibattante est maladroite, souvent ridicule et peu sûre d’elle mais heureusement, elle garde toujours une bonne dose d’humour vis-à-vis des situations embarrassantes dans lesquelles elle se met. Bref, elle est terriblement attachante. Bridget Jones travaille dans le monde de l’édition et son patron n’est autre que Daniel Cleaver, un grand séducteur, qui la drague ouvertement. D’un autre côté, sa famille (en particulier sa mère excentrique et sa tante Una) œuvre pour la voir tomber dans les bras du grand avocat en droit international, Mark Darcy (l’homme au pull à tête de cerf). Après avoir un temps succombé au charme du premier, elle finissait finalement par tomber amoureuse du second, nous offrant ainsi une happy end pour clôturer le Journal de Bridget Jones. En 1999, Helen Fielding nous livre la suite de son histoire en publiant le roman Bridget Jones : L’Age de Raison. Lorsque commence le second tome de la romancière, Bridget file le parfait amour avec Mark Darcy. Mais comme souvent avec Bridget Jones, les choses ne tardent pas à se gâter. Certes la jeune femme n’est plus célibataire, mais elle découvre aussi qu’il n’est pas facile de garder l’amour une fois qu’on l’a trouvé.

Couverture du livre Bridget Jones : Folle de lui,troisième tome de la saga d'Helen Fielding.

La couverture du livre Bridget Jones : Folle de lui, d’Helen Fielding.

Les deux livres sont des succès qui sont adaptés sur grand écran à partir de 2001. Le rôle de Bridget est endossé par Renée Zelleweger qui n’hésite pas à prendre du poids pour incarner le personnage. Daniel Cleaver est interprété par Hugh Grant (Cloud Atlas, Love Actually, Coup de Foudre à Nothing Hill) et Mark Darcy par Colin Firth (Magic in the Moonlight, Kingsman : Services Secrets). En écrivant les aventures de Bridget Jones, Helen Fielding n’a jamais caché s’être inspirée d’Orgueils et Préjugés de Jane Austen. Les marques de cette inspiration sont visibles : le nom de Mark Darcy est une référence évidente à Mr. Darcy … que Colin Firth a incarné à l’écran dans la série éponyme de six épisodes diffusée en 1995. La boucle est donc bouclée.

Un troisième tome pour Bridget Jones

En 2014, Helen Fielding décide de publier une suite aux aventures de Bridget Jones. Dans Bridget Jones : Folle de lui, nous retrouvons quinze ans plus tard une femme quinquagénaire, veuve et mère de deux jeunes enfants, Billy et Mabel. Oui, triste nouvelle, Mark Darcy, l’homme parfait qu’elle a eu tant de mal à trouver, est bel et bien décédé. Pas de panique, la nouvelle de la mort de Darcy n’est pas un spoiler, elle est annoncée dès les premières pages du roman. Au moment où nous retrouvons Bridget Jones, cela fait quatre ans qu’elle tente d’élever tant bien que mal ses enfants malgré le chagrin d’avoir perdu l’homme de sa vie. Comme elle se laisse aller, ne (sur)vit que pour ses enfants, et n’a pas eu d’hommes dans sa vie depuis tout ce temps, ses amis décident de la pousser à se remettre le pied à l’étrier. Voilà que notre Bridget Jones légendaire décide de s’inscrire sur les réseaux sociaux, de perdre du poids et de redécouvrir sa sexualité. A l’heure du 2.0, elle découvre que l’art de la séduction a bien changé depuis les années 1990. Grâce à Twitter (réseau social dont elle est totalement accro) la londonienne se trouve vite un « toyboy » de 29 ans du nom de Roxter et devient par la même occasion, une cougar. Côté professionnel, Bridget Jones se lance dans la rédaction d’un scénario pour le cinéma, l’adaptation de la pièce Hedda Gabler, mais se heurte à un monde difficile. Comme toujours avec notre anglaise déjantée, les choses ne vont pas exactement se passer comme elle s’y attendait, des embrouilles vont se mettre en travers de son chemin déjà bien chaotique, tant au niveau sentimental que professionnel.

Bonne idée de faire une suite ? Un avis mitigé.

Sur le principe, pas de doute, l’idée de retrouver notre gaffeuse de niveau international est alléchante. On a hâte de savoir ce que la vie lui a réservée durant toutes ces années. Malheureusement, une fois le livre lu, on se demande s’il était bien utile de réemployer le personnage de Bridget Jones. Helen Fielding avoue dans une interview qu’elle ne pensait pas qu’un jour elle écrirait une suite, peut-être aurait-elle dû suivre son instinct premier.

Malgré son âge et son environnement qui change, Bridget Jones, elle, ne semble pas si différente de celle qu’elle était à trente ans. Le personnage est toujours aussi drôle, dépassé, névrosé, gaffeur, irresponsable et attachant. C’est d’ailleurs pour cela que l’on prend plaisir à suivre ses frasques. Néanmoins, Bridget Jones peut aussi s’avérer très agaçante par certains aspects. Dans ce troisième opus, elle semble particulièrement incapable de s’occuper de ses enfants, elle semble incompétente dans l’exercice de son métier… mais surtout elle s’avère parfois ridicule à outrance, démontrant même une part de stupidité et d’ignorance particulièrement exaspérante. Par exemple, Bridget Jones travaille sur le scénario de la pièce Hedda Gabler mais ne connaît même pas le nom de son auteur ! De même, si l’humour est parfois parfaitement dosé, il est aussi à d’autres moments très scatologique. L’auteur y va à grands renforts de vomi, caca et excréments d’oiseaux. Une fois passe encore, mais quand cela se répète tout au long du roman, c’est vraiment lassant. Helen Fielding aurait clairement pu s’en passer.

J’ai par ailleurs une autre réserve quant à la longévité de ce livre et à la manière dont il vieillira avec le temps. Je m’explique. Bridget Jones : Folle de lui est un roman très ancré dans une époque donnée. Le personnage principal est totalement addict à Twitter, et nous retransmet en permanence des tweets échangés avec ses followers ou avec Roxster. Certains dialogues ne sont formulés qu’à base de tweets ou de sms, les références à des sites de rencontre éphémères sont multiples, … En vérité, vu la vitesse à laquelle notre quotidien et Internet évoluent, j’ai bien peur que lorsqu’on lira Bridget Jones : Folle de lui dans quelques années, on ne le trouve désuet et dépassé.

Un autre bémol subsiste quant à la fin du roman. Je ne vous en révélerai pas la teneur, mais le bouquin s’achève de manière beaucoup trop rapide et mal calibrée. L’aspect rassurant c’est qu’Helen Fielding semble avoir mis un point final aux aventures de Bridget Jones. Même si on aime Bridget, il est temps de lui dire au revoir.

Malgré ces points négatifs, il est particulièrement intéressant de constater que ce nouveau roman prend une nouvelle dimension vis-à-vis des précédents. Si les deux premiers tomes étaient de pures comédies romantiques, celui-ci se teinte de nostalgie et de tristesse. Lorsque Bridget Jones souffre de la perte de Mark Darcy et se remémore des souvenirs de lui, elle est particulièrement touchante. L’émotion est palpable, le chagrin et la douleur aussi. Bridget est une femme blessée qui lutte pour continuer à vivre et à élever ses enfants. Helen Fielding parvient parfaitement à nous faire ressentir ces émotions et révèle une part de gravité que l’on ne connaissait pas chez son personnage.

Autre aspect positif, Helen Fielding sait écrire des dialogues savoureux. Chaque personnage a réellement un ton qui lui est propre. L’auteur sait également se faire le témoin d’une époque, des évolutions de la société, de la vie et des difficultés des personnes (en particulier les femmes) de son âge tout en conservant un regard humoristique sur les situations. Bridget Jones a vieilli, elle est entrée dans une autre époque, à travers elle, Helen Fielding observe cette société qui a changé, notamment en ce qui concerne les rencontres amoureuses et les réseaux sociaux.

Enfin, j’aurais une requête personnelle (et totalement incongrue, disons-le) à formuler envers l’écrivain et qui intéressera sûrement bon nombre de personnes … Vu la vitesse vertigineuse à laquelle Bridget Jones parvient à perdre 20 kilos, il semble qu’Helen Fielding aie trouvé LA recette miracle pour maigrir TRES rapidement, et durablement. Please Mme Fielding, quel est le secret ? « C’est une fiction » … rha zut ! Vous avez fait hurler de jalousie des milliers d’accros aux régimes…

Finalement, à la lecture de Bridget Jones : Folle de lui, on est partagé entre la joie de retrouver une héroïne que l’on connaît et que l’on trouve attachante et la déception de ce qui nous est raconté. Pas sûr que la saga nécessitait un troisième tome, mais bizarrement, le livre se laisse malgré tout dévorer. Bridget Jones est un roman amusant mais sans grande profondeur. Il ne marquera pas les esprits. Un bouquin 100 % sans prise de tête, à lire pour se divertir.

Pour en savoir plus sur Bridget Jones : Folle de lui :

Bridget Jones : Folle de lui - Helen Fielding
Amusant mais peu profond, le roman mise sur son personnage principal plutôt que sur son intrigue. Pas sûr que cette suite était nécessaire. A lire pour se divertir.
Style
Personnages
Intrigue
On aime bien
  • Retrouver Bridget Jones, son humanité
  • La dédramatisation de n'importe quelle situation par l'humour
  • La nouvelle dimension plus grave du personnage
On aime moins
  • L'humour scatologique
  • Le manque de profondeur de l'oeuvre et de l'intrigue
  • Le ridicule parfois trop exacerbé de Bridget
3.1Note Finale
Note des lecteurs: (1 Vote)