Les secrets du clan de la famille Chirac nous sont révélés par Béatrice Gurrey. Plongeons au cœur des secrets familiaux au cours de cette critique.
Grand reporter au Monde, Béatrice Gurrey a suivi tout au long de sa carrière la vie politique (et parfois personnelle) de Jacques Chirac. Elle a décidé de raconter son expérience et sa proximité avec ce qu’elle nomme « le clan Chirac ». Les Chirac : les secrets du clan est un livre très attendu et semble remporter beaucoup de suffrages depuis sa sortie, remportant au passage le Prix du livre politique 2015.
Il était une fois les Chirac
Beaucoup de livres ont été écrits sur l’ancien président Chirac et son entourage, à commencer par les deux principaux personnages publics : Jacques et Bernadette. Mais peu d’entre eux se sont consacrés à la fin de la carrière politique de Chirac (Jacques) et à la mise en avant de Chirac (Bernadette). L��auteure de Les Chirac : les secrets du clan commence donc son investigation en 2005, lorsque le président encore en fonction voit sa santé décliner et fait un AVC. Cet événement, alors tenu secret, sert de point de départ logique puisque c’est à ce moment que Chirac va devoir se verrouiller, se retirer plus ou moins du monde, et son entourage tout faire pour le canaliser. L’ancien président s’est toujours entouré de ses proches afin qu’ils l’épaulent dans le quotidien, Bernadette est incontournable (des pièces jaunes aux Guignols de l’info) mais on voit moins Claude, sa fille cadette ainsi que François Salat-Baroux, son gendre qui gère la communication extérieure de Chirac.
Alors que l’on s’attend à un énième livre sur « le Grand » (l’un des surnoms de Jacques Chirac), on se retrouve plongé dans une vision bien différente qui souvent nous rapporte plus à ces personnages « secondaires » de la famille. La seule absente est Laurence, fille ainée malade et probablement plus grande douleur de Jacques Chirac. On ne doute pas un seul instant que si la journaliste ne fait que l’évoquer du bout du crayon c’est parce qu’elle ne veut pas faire du mal à cet homme qu’elle a tant suivi et qu’elle a continué de voir après sa retraite du pouvoir. Les Chirac : les secrets du clan n’est pas destiné à attaquer l’ancien président, mais à relater le personnage privé en gardant un ton respectueux.
Plus loin dans l’intimité des Chirac
Etonnamment, Béatrice Gurrey, l’auteure de Les Chirac : les secrets du clan parle beaucoup de Bernadette Chirac, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle ne semble pas l’apprécier outre-mesure. Elle distille au cours du livre des anecdotes concernant l’ex-première dame peu flatteuses (comme ses caprices de diva ou la destruction des trajectoires politiques de ses ennemis). Si Les Chirac : les secrets du clan est présenté comme une sorte de saga familiale, il se concentre sur les animosités de Chirac épouse envers Chirac mari. On suit la déchéance de leur relation avec presque plus d’intérêt que les arrangements politiques, qui sont pour la plupart des secrets de polichinelle (la crainte de la mise en examen dans le dossier des emplois fictifs, la préférence de Jacques pour Hollande face à Sarkozy…). Un exemple de citation bien croquante, vient de Bernadette Chirac :
Quand je me suis mariée, j’avais trois objectifs. Je voulais un homme riche : raté. Je voulais un homme du même milieu social que moi : raté…
Un ami, présent lors de la scène, relance Bernadette Chirac : « Vous vouliez un mari fidèle… » et l’ex-première dame de confirmer : « Encore raté ! »
Avec ce qu’il faut de voyeurisme dans Les Chirac : le secrets du clan Béatrice Gurrey nous emmène au cœur de ce couple complexe qui semble se détester sans pouvoir vivre séparé.
L’écriture de Chirac : les secrets du clan est fluide, le format adapté à une lecture dans les transports en commun. Le reproche que l’on pourrait faire à l’auteure est de bien trop montrer sa sympathie (et même son empathie) envers Jacques Chirac, tant il semble par moments qu’elle l’absout de toutes ses fautes et toutes ses erreurs quand, à l’inverse, Bernadette Chirac est présentée comme une « impératrice – fine politique » qui cherche la vengeance envers quiconque ne respecte pas une forme de servitude. Il est également à noter que Claude Chirac et son mari François Salat-Barroux ne sont pas épargnés par les critiques à tel point que, pour ces deux personnes, Béatrice Gurrey fait entrevoir, par leurs descriptions, des manipulateurs qui ne possèdent que peu de personnalité (ce qui est assez paradoxal).
En plus de cet article, je vous invite à lire notre article sur Valérie Trierweiler et celui sur les écoutes de Nicolas Sarkozy.
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