Criminal Loft, un thriller qui met en scène six hommes et deux femmes pas vraiment comme les autres.
Criminal Loft, le premier roman publié d’Armelle Carbonel, vient de paraître en format poche aux Éditions Milady, que nous remercions pour leur confiance.
Un show de télé-réalité de l’extrême
Loft Story ça vous parle ? Alors imaginez ce même type de concept de télé-réalité avec des candidats, pas franchement comme les autres. Huit personnes, six hommes et deux femmes, tous condamnés à mort par la justice américaine, attendent leur exécution. Ils sont tous volontaires et ont été sélectionnés pour leur pedigree criminel et pour être enfermés ensemble dans le sanatorium de Waverly Hills, le lieu que l’on dit le plus hanté des États-Unis. Les règles ? Convaincre le public qu’ils sont victimes d’une erreur judiciaire dans l’objectif d’être réhabilité, de quitter le couloir de la mort et de retrouver la liberté. Comment ? En étant filmé partout (ou presque) 24 heures sur 24 et être le dernier renvoyé dans le couloir de la mort. Point besoin d’être le meilleur pour gagner, il suffit d’être le pire…
Un huis clos sous haute tension
Les candidats, tous particulièrement dangereux et déjantés, ne se connaissent pas et ne connaissent pas le passé criminel des autres codétenus. Sous les yeux des téléspectateurs, chaque participant est invité dans un temps imparti à se présenter sans dévoiler la nature des crimes qu’ils ont commis. Filmés 24 heures sur 24, guidés par une voix off, surveillés par deux matons, ils devront faire tout ce qu’ils peuvent pour plaire à ce public qui représente leur unique chance de survie. Pour mettre les nerfs des participants à rude épreuve, de drôles de phénomènes se produisent à Waverly Hills. L’ambiance est tellement sous tension que certains se suicideront. Mais est-ce seulement un suicide ? Les uns et les autres se suspectent, se scrutent, manipulent pour finalement mieux se piéger. Ce jeu semble n’avoir été créé que pour générer de l’audimat et réjouir un public voyeur et fantasmant devant ces monstres. Mais n’a-t-il pas une autre finalité ?
Et si les victimes c’étaient eux ?
Criminal Loft fait en quelque sorte l’apologie du crime et de la violence. Les candidats désignés chaque semaine par le public pour quitter le loft, doivent, avant de partir rejoindre le couloir de la mort, révéler lors du prime-time leurs crimes, décrire les atrocités qu’ils ont fait subir à leurs victimes. Filmer d’odieux criminels pour assouvir leurs fantasmes et le voyeurisme du public, n’est-ce pas faire de ces criminels des victimes ? L’auteure pointe la responsabilité des candidats, téléspectateurs et concepteurs de ce type de jeu. Au bout du compte, remettre un criminel en liberté est-ce bien moral ? Ne faut-il pas être plus fou qu’eux pour prendre un malin plaisir à les épier, à les écouter narrer leur périple de tueur ?
Bien que Criminal Loft soit un sympathique thriller, on est loin de la bombe, ou du chef d’œuvre annoncé sur la couverture. Il faudrait veiller à ne pas manipuler les lecteur(rice)s. N’oubliez pas que nous ne sommes pas ces téléspectateurs lobotomisés, avides de sensations fortes qui ne vivent leurs fantasmes que par procuration…
- Le but servi par l'histoire, dénoncer le voyeurisme
- Le décor propice à l'angoisse
- Certains personnages ne sont pas assez travaillés
- La fin que l'on devine