Un beau début d’Eric Laurrent… ou un bel exercice de style qui laisse de marbre ! Voyons cela dans notre critique.
Eric Laurrent signe avec Un beau début son onzième roman. Les premières pages de ce livre sont prometteuses. Le lit d’un prisonnier avec au-dessus un portrait superbement décrit d’une pin-up dénudée. Rien de bien original me direz-vous. Sauf si la fille en question est sa propre fille et que le prisonnier lui-même ne saura jamais qu’il a eu une fille. Alors pourquoi ce roman, si habilement débuté, ne parvient il pas à convaincre totalement le lecteur?
Une histoire simple
Après un premier chapitre alléchant, Un beau début nous raconte finalement l’histoire relativement classique d’une jeune fille, Nicole Sauxilange, celle dont la photo trône, entre autres, dans la cellule de ce prisonnier. Née d’un inceste entre son grand-père et sa mère, alors âgée d’une quinzaine d’années, Nicole va d’abord plonger dans la foi puis, en racontant son histoire et en s’apercevant de l’intérêt qu’elle suscitait dans son entourage, dans la recherche éperdue de la célébrité. Quelques pages amusantes nous la présentent en train de chercher un moyen d’y arriver en ressemblant à la célèbre gymnaste roumaine de l’époque, Nadia Comaneci, ou bien en se lançant dans le roman à l’instar de Bonjour tristesse de Françoise Sagan. Bien que situé dans les années 70-80, le roman fait des clins d’œil aux nombreux candidats à la célébrité de nos vulgaires émissions de télé-réalité. La linéarité de l’histoire qui part de la naissance jusqu’à son embauche comme top model ne passionne pas, ne transporte pas, et le style, bien que brillant, n’aide pas le récit.
Un style excessivement construit
Le principal problème d’Un beau début réside dans son style fait d’amples phrases enchâssées qui diluent progressivement l’intérêt du lecteur au fil de ces noms, verbes et propositions qui s’extraient du récit pour ne devenir que leur propre moteur. Les phrases et le style trop souvent manié à l’excès figent le récit plus qu’ils ne l’embellissent donnant ainsi l’impression d’une leçon de choses superbement composée mais l’effet s’arrête là. Un style brillant, mais comme posé au dessus du récit. Sans l’incarner. Alors, au fil des pages, la répétition incessante de ces longues phrases qui, passé le moment d’admiration du début, finit par éreinter le lecteur, lui fait perdre patience et tout intérêt pour l’histoire qui ne semble plus qu’être le support de ce style. Dommage qu’un tel talent littéraire ne puisse faire éclore autre chose que de la déception une fois Un beau début refermé.
Un avis plus enthousiaste sur Un beau début: http://www.telerama.fr/livres/un-beau-debut,138996.php
- Le style
- Les excès de style dans lesquels se fourvoie quelquefois l'auteur