Dribble de Sergio Rodrigues: un une-deux entre un fils et son père.
Sergio Rodrigues vit à Rio de Janeiro où il exerce le métier de journaliste et de critique littéraire. Il a obtenu en 2011 le prestigieux Premio Cultura pour l’ensemble de sa production romanesque. Dribble est le premier de ses romans traduits en français. L’occasion de découvrir un nouveau talent ? Voici notre critique.
Match retour entre un père et son fils
Après vingt-six années de brouille, Neto retrouve son père Murilo qui fut un journaliste sportif célèbre dans le Brésil des années 60-70. Avec lui il souhaite évoquer quelques trous noirs de leur existence et notamment les circonstances de la disparition d’Elvira, la mère de Neto. Dribble réunit les deux protagonistes de ce roman au cours de parties de pêche où Murilo dissimule malicieusement ses révélations sur le passé familial avec des récits de matchs de foot et notamment celui qui opposa lors de la coupe du monde 1970 l’Uruguay à la prestigieuse Seleçao brésilienne conduite par le grand Pelé. Murilo qui arrive au terme de sa vie a un passé trouble, notamment sous la dictature militaire. Mais plutôt que de confier ses secrets à son fils, il préfère continuer à le dribbler et à esquiver son passé jusqu’à lui remettre un énigmatique manuscrit qu’il a écrit à l’époque de sa gloire, dans les années 1960.
Dribble : une rencontre finalement insipide
Ponctuées de multiples extraits de matchs qui permettent à Dribble de filer la métaphore, les révélations de Murilo tardent à se produire. La description de cette relation finalement assez classique et par trop silencieuse entre un père et son fils joue inutilement les prolongations sans aboutir à un but qui aurait soulevé l’enthousiasme du lecteur. Certes, Sergio Rodrigues croise les récits, les enchâssant les uns dans les autres, avec notamment de longs extraits du fameux manuscrit de Murilo, mais finalement Dribble ne parvient pas à respecter le plan de jeu initial. On circule dans les sombres années du Brésil des années 60 et on apprécie quelques répartis sur le foot.
Voici comment le foot brésilien est devenu ce qu’il est aujourd’hui : en grande partie à cause de l’effort surhumain que les joueurs ont eu à accomplir pour se maintenir à la hauteur des mensonges que débitaient les journalistes à la radio.Dribble p.85
Mais finalement, malgré un programme alléchant, on assiste, passif, à une rencontre quelque peu insipide sans aucune occasion de but et on quitte le stade déçu.
Pour un avis différent sur Dribble: http://www.letemps.ch/culture/2015/03/20/sergio-rodrigues-signe-dribble-foot-se-metaphore-bresil
- Quelques réparties sur le foot
- Une certaine monotonie
- La relation tres classique qui est décrite