Critique – Prédateurs – Maxime Chattam
Une guerre sans nom. Le débarquement libérateur est imminent. Parmis les GI’s, la tension est extrême. Mais cela ne peut suffire à expliquer le crime abominable découvert sur l’un des navires alliés : un soldat a été retrouvé pendu à des crocs de boucherie, la tête remplacée par celle d’un bélier. Le lieutenant Frewin de la Police militaire et l’infirmière Ann Dawson dépêchée sur les lieux en sont convaincus : c’est l’oeuvre d’un tueur redoutable qui jouit de la souffrance qu’il inflige. Malgré le déclenchement de l’offensive, les meurtres se poursuivent avec un raffinement croissant dans l’horreur. Frewin et Dawson orientent alors leur enquête vers la 3e section de la compagnie Raven, une poignée de durs qui forment un cercle très spécial…
Second tome de la trilogie du cycle de l’homme et de la vérité, Maxime Chattam nous plonge avec prédateurs dans un mélange entre le débarquement allié en Normandie et un enquêteur aux prises avec un tueur en série. Curieux mélange en effet, à ce propos, je n’aime pas vraiment les histoires de tueurs en série, mais, pour toi public, j’ai fait un effort et je l’ai lu (à vrai dire j’ai eu la flemme de faire 2 pas pour chercher un autre livre, ma faiblesse me perdra).
L’histoire
Le sujet du tueur en série est abordé de manière très rationnelle plutôt dans un style « les experts » mais en 1944 à bord d’un navire de guerre et ensuite en plein débarquement, ce serait du genre « les experts, la débrouille », cela ajoute du piquant et beaucoup de frustration à cette enquête. L’histoire se suit facilement avec toutes ces difficultés et l’on voit que la Police militaire n’est pas un métier aisé surtout en temps de guerre. La hiérarchie ne sera pas d’une grande aide car il ne s’agit que d’un crime à la veille du débarquement en Normandie.
Maxime Chattam alterne très bien les séquences d’enquête sur les différents crimes perpétrés par le tueur, les séquences de guerre, l’enfer des combats et les séquences calmes où les soldats peuvent se reposer entre deux affectations. Il joue énormément sur le facteur temps et fait monter crescendo la pression car les crimes sont de plus en plus violents et de plus en plus proches des enquêteurs.
Les personnages
Le personnage de Frewin est un enquêteur froid et réfléchi, la rumeur prétend qu’il aurait tué sa femme par accident. Son passé, sa carrure et son métier en font un personnage antipathique pour tout soldat : il reste sévère mais juste. Un personnage comme on les aime, simple, efficace et doué d’intelligence.
Maxime Chattam nous impose une présence féminine, l’infirmière Dawson pour mettre au jour la misogynie dans l’armée, celle ci donne l’impression d’être vraiment parachutée au début (une fan de Frewin qui s’intéresse beaucoup aux tueurs en série) mais elle s’affirme de plus en plus au cour de l’histoire. Un des intérêts de ce personnage est de poser certaines bonnes questions au bon moment, cependant, elle n’est ni un faire valoir ni le rôle féminin obligatoire à toute histoire.
Le style
La plume de Chattam est toujours aussi directe et efficace, à l’opposé d’un Franck Thilliez par exemple qui romance chacun de ses paragraphes, ce style plait forcément au lecteur car on y trouve le dynamisme attendu à toute histoire de ce genre. Ce livre nous montre l’homme sous son pire jour, nous découvrons qu’il y a toutes sortes de prédateurs. A l’instar des Arcanes du Chaos, le lecteur a tous les éléments de l’enquête et se fait son opinion en sélectionnant tel ou tel personnage comme tueur potentiel.
Pour conclure, une très bonne histoire à lire, même pour ceux qui ne sont pas fans des tueurs en série. Le style Chattam rend toujours le lecteur un peu acteur dans son roman, les personnages sont forts, peut être un peu caricaturaux comme pour Frewin mais cela ne dessert pas l’intrigue. Il y a quelques longueurs et certains suspens nous donnent envie de jeter le livre par la fenêtre mais il rend accro à terme.
- Des personnages forts
- L'implication du lecteur
- L'ambiance juin 1944
- Certaines longueurs