Critique du comics Hawkeye : ma vie est une arme, écrit par Matt Fraction, dessiné par David Aja et Javier Pulido. Pas de super-pouvoirs, pas de bouclier, mais une existence à faire découvrir.
Hawkeye a beau être adoré par les fans les plus pointus de Marvel, on ne peut pas dire que ce héros figurait parmi les plus connus avant son apparition dans Avengers, puis dans sa suite. De son vrai nom Clint Barton, ce personnage s’est soudainement retrouvé sous les feux des projecteurs par le choix (plus ou moins convaincu et convaincant) de Whedon de le mettre en avant, certes dans un groupe des Vengeurs où se trouve sa véritable place, du moins quand il ne protège pas les intérêt du S.H.I.E.L.D. Hawkeye était donc jusqu’ici un personnage limité, aussi bien dans ses aptitudes (un archer et athlète d’élite, mais qui ne peut évidemment lutter avec les autres en terme de puissance) que dans les rôles que lui accordait jusqu’ici la Maison des Idées. Prendre le contrôle des West Coast Avengers, c’est cool mais ça ne parle pas à grand monde. Seulement, comme souvent avec Marvel, c’est de ces personnages moins en vogue que germent de véritable surprises (souvenez-vous de Moon Knight). Cette quatrième série consacrée à Hawkeye en cinquante ans de carrière arrive-t-elle à confirmer cet état de fait ?
Dans l’œil du cyclone.
Cet album, Hawkeye : Ma vie est une arme, regroupe les cinq premiers épisodes de cette quatrième série. Quatre histoires, dont une divisée en deux parties, qui se donnent comme objectif de bien installer le personnage, surtout aux yeux des nouveaux-venus. La première partie, titrée « Chanceux« , fait se rencontrer Hawkeye et les intérêts mafieux de Ivan, un propriétaire foncier qui n’hésite pas à projeter de mettre à la rue ses locataires afin de vendre son immeuble. Évidemment, la rencontre est explosive. La deuxième histoire, « Le code des vagabonds« , fait combattre Hawkeye contre un gang clownesque particulièrement retors. Une ambiance de cirque qui rappelle à notre héros son passé de forain… Le troisième scénario, « Cherry« , met l’accent sur le côté playboy de Hawkeye, avec l’une de ses conquêtes prise en plein milieu d’une affaire dont on ne saura rien. La quatrième et dernière histoire, « La cassette« , rappelle l’appartenance de Hawkeye au S.H.I.E.L.D. Ce dernier intervient dans le quotidien plutôt tranquille du héros et lui confie une mission : récupérer une cassette très compromettante pour l’image de marque de la puissante agence d’espionnage.
Hawkeye pour les nuls.
Hawkeye : ma vie est une arme se lit quasiment comme un album de la collection Marvel Season One : ça rentre petit à petit dans les détails, ou plutôt ça se développe à un rythme parfaitement compréhensible. Ainsi, la première histoire reste concentrée sur Hawkeye, et lui oppose une problématique tout à fait terre à terre. Réaliste diront certains, avec raison, même si bien vite la puissance certes humaine mais impressionnante de Hawkeye nous rappelle qu’on est dans du Marvel. Pas grand-chose à en dire, l’intrigue ne casse pas trois pattes à un dindon, mais permet de mettre à jour la bonté du personnage.
Un forain, et un vrai Oeil-de-faucon.
Après cette entrée en matière agréable mais sans génie, le deuxième scénario passe la seconde vitesse. Le scénariste (Matt Fraction, auteur de cet album mais aussi The Uncanny X-Men et The Invincible Iron Man) introduit Kate Bishop, une Young Avengers de talent qui l’a remplacé dans le rôle de Hawkeye voilà quelques temps. Le duo formé par Barton et Bishop deviendra au fur et à mesure l’une des grandes réussites de cet album tant elle est crédible. Mais le danger guette, et pour le coup il revêt le déguisement d’un forain qui, comme Hawkeye, a été entrainé par le Spadassin. Mis sur la trace de l’homme, notre redoutable archer découvre ses intentions en ville : le vol organisé des plus grosses fortunes de la mafia locale. Une intrigue relevée par la mise en avant d’une donnée importante et qu’il faut rappeler ici : les Avengers n’ont pas le droit de tuer, et Hawkeye doit composer avec cette règle bien handicapante dans certaines situations.
T’as de beaux yeux, Hawkeye.
Le troisième épisode est sans doute le moins bon, ou plutôt le moins utile de Hawkeye : ma vie est une arme. Tout un scénario pour mettre en avant le côté playboy au grand cœur du personnage est un peu trop cliché. Ca reste sympa à lire, notamment grâce à une grosse dose d’ironie bien vue, mais on ne saura rien sur les enjeux liés à l’enlèvement de la conquête du héros. Résulte un scénario certes assurément plein d’action, avec une poursuite en voiture intéressante, mais finalement très oubliable. Notons, et ce pour l’ensemble de cet Hawkeye : ma vie est une arme, que le dessin (signé David Aja, sauf pour la dernière partie où il est remplacé par Javier Pulido) est loin d’être grandiloquent. Ce qui ajoute au ton réaliste de l’ensemble, et pour le coup c’est tout à fait dans le ton et bien vu.
Télé K7.
La quatrième et dernière histoire donne à Hawkeye l’occasion de se rappeler son appartenance au S.H.I.E.L.D, une cellule d’espionnage à grande échelle. L’apparition de cette organisation dans son Héliporteur, une base volante, est intéressante : elle fait dire à un quidam que Hawkeye appartient aux Avengers, comme pour valider le succès planétaire de ce groupe de super-héros au cinéma. Ce scénario envoie notre héros jusqu’à Madripoor, un île que l’univers Marvel place dans le Sud-Est asiatique. Une fois arrivé sur place, Hawkeye doit récupérer un enregistrement que le lecteur sait compromettant depuis la deuxième histoire de cet album. La stratégie semble simple : une carte de paiement illimité, puisque la cassette est mise aux enchères. Évidemment, rien ne se passe comme prévu et la situation dégénère quand une certaine Madame Masque fait son entrée en scène. Là encore, la grande force du récit se situe dans le fait que Hawkeye n’est pas un super-héros invincible, et risque sa vie à chaque coup de feu tiré. On a vraiment peur pour lui, la tension est bien rendue et le suspense prend bien jusqu’à la fin.
Un héros pas super.
Hawkeye : ma vie est une arme est au final un album assez mineur, mais pas dénué d’intérêt pour qui aurait envie de mieux découvrir le personnage que Joss Whedon a mis en avant dans ses Avengers. Malheureusement pour les grands fans du personnage, l’Oeil-de-faucon ici développé est bien plus proche de la version Ultimate, donc pas très intéressant fondamentalement. Plus proche d’un agent secret sur-entraîné que d’un héros aux multiples facettes, cette approche plus réaliste pourra néanmoins toucher les moins au fait de l’univers Marvel. Une facilité d’accès qui fait de cet Hawkeye un album intéressant pour tous, mais vite lu et oublié.
Les bonus de Hawkeye.
Vous pouvez consulter d’autres critique de Hawkeye : ma vie est une arme, notamment sur Dailymars et 9emeart.
Afin de mieux connaître le travail de David Aja, dessinateur sur cet Hawkeye, découvrez son blog.
- Le dessin qui colle au ton réaliste.
- Facile à lire, mais pas simpliste.
- La quatrième histoire.
- La première histoire banale.
- Le ton trop Ultimate.