De l’importance d’avoir sept ans, d’Alexander McCall Smith. Des pubs, des Scouts et des jeans moulants. Notre critique.
Un titre directement inspiré de la pièce d’Oscar Wilde – L’importance d’être Constant – et une galerie de personnages originaux, De l’importance d’avoir sept ans de l’écrivain écossais Alexander McCall Smith est sorti en poche chez 10-18. Il s’agit du Tome 6 des Chroniques d’Edimbourg mais peut se lire comme un roman à part entière, sans avoir connaissance des cinq précédents. Ne vous fiez pas à sa couverture enfantine et au titre tracé à la craie bleue : ce sympathique roman réserve une intrigue plus sophistiquée qu’il n’y paraît. Le Tome 7 , déjà paru en Grande Bretagne sous le titre de Bertie Plays the Blues, devrait sortir en France prochainement. Gageons qu’après la lecture de De l’importance d’avoir sept ans, vous aurez hâte de vous plonger dans la suite.
Etre ou ne pas être à Edimbourg
Avec De l’importance d’avoir sept ans, Alexander McCall Smith offre à ses lecteurs une belle visite d’Edimbourg. La ville écossaise est un personnage à part entière du roman avec ses quartiers populaires ou bourgeois, ses pubs emblématiques et la nature à portée de canne à pêche. Nous avons aussi, ça et là, quelques phrases ou chansons en gaélique dans le texte comme « Fear a’ batha » que Bertie, le personnage principal, chante à l’école avec ses camarades. McCall Smith construit un décor précis et intimiste qui donne au lecteur la sensation d’être à la fois en voyage et à la maison. Avant ses bien nommées Chroniques d’Edimbourg, l’auteur – qui aime les séries- avait écrit lorsqu’il vivait au Botswana, Les enquêtes de Mma Ramotswe – des romans policiers dont le cadre est une ville de la banlieue de Gaborone. On y retrouvait la même précision et la même envie de transporter et d’installer confortablement le lecteur dans son livre.
L’importance d’avoir sept ans… et un psychothérapeute
Comme nous le montre la couverture, le héros du roman est un petit garçon nommé Bertie Pollock. Pour ceux qui ne le connaissent pas encore, il a six ans et c’est un philosophe en herbe qui rêve de parties de pêche et de camping en forêt avec les Louveteaux. Le souci ? Sa mère tyrannique et psychorigide, Irene, qui ne lui laisse rien faire de tout cela et préfère qu’il apprenne l’Italien, fasse du yoga et aille chez un thérapeute : « Mais tu aimes tout ce que maman planifie pour toi, Bertie. Je dis bien tout. Quand tu seras grand, tu remercieras maman d’avoir tout… de t’avoir aidé à faire tout ça ». Si on ajoute à cela un père qui préfère éviter les conflits et se réfugier dans son bureau, on tremble pour l’avenir de Bertie et on comprend son impatience d’avoir enfin sept ans, l’âge de raison, et pour lui, d’une certaine émancipation.
On croise aussi, dans De l’importance d’avoir sept ans, Matthew, propriétaire d’une galerie d’art et futur papa de triplés, un expert immobilier imbu de sa personne, une jeune femme semant le trouble à l’aide de ses jeans moulants, et des amoureux qui s’ignorent. Leur point commun : ils vivent, ou ont vécu, à Scotland Street. Un patchwork riche et varié qui nous laisse entrevoir de nombreuses péripéties entre histoires d’amour, crise de l’immobilier et éducation des enfants. Simple et efficace.
Irrésistible Bertie
De l’importance d’avoir sept ans est un roman plein d’humour et de légèreté, qui brille par son style tout en finesse et ses bons mots. On apprécie son côté décalé, quelquefois grinçant lorsque les adultes agissent comme des enfants – et inversement. Si Bertie nourrit l’espoir d’atteindre enfin l’âge de sept ans, son père caresse un rêve étrangement similaire : « Quand j’aurais 50 ans, se dit-il, je partirai et j’irai vivre à Glasgow, tout seul. Le jour même de mon cinquantième anniversaire ». On pense beaucoup à Moonrise Kingdom de Wes Anderson à la lecture de L’importance d’avoir sept ans, Bertie étant, à l’instar de Sam, un petit génie un peu solitaire et d’une grande gentillesse. Il peut s’occuper seul de son petit frère et lit le journal alors que son père oublie de l’emmener à l’école. Ceux qui avaient lu les cinq premiers tomes des Chroniques d’Edimbourg pourraient être déçus que certains personnages soient relégués au second plan, comme Big Lou, la serveuse du pub. Ici, la part belle est faite à Bertie bien entendu, mais aussi à Angus et Domenica dont l’histoire est pourtant moins intéressante. Le personnage de Domenica ne retient que peu mon attention et j’ai trouvé un peu longs les passages la concernant. Le roman est très divertissant et rythmé et c’est avec un immense plaisir que les inconditionnels de McCall Smith vont retrouver le jeune Bertie Pollock et espérer que l’avenir lui soit favorable.
Pour en savoir plus sur De l’importance d’avoir sept ans, c’est par ici : https://lilacgrace.wordpress.com/2015/05/01/de-limportance-davoir-sept-ans-mc-call-smith-alexander/
- Bertie Pollock, bien entendu
- Le style à la fois simple et tout en finesse
- Les personnages d'Angus et Domenica