Critique du livre Insoumise de Delphine Batho, ancienne ministre de l’Ecologie.
Insoumise est le livre écrit par Delphine Batho, ancienne ministre de l’Ecologie au cours de la présidence Hollande. Il s’agit d’un livre à charges, dur, parfois féroce comme le souligne nos confrères du Point, où le Président de la République est égratigné une nouvelle fois, notamment sur les parties énergétiques et écologiques.
Après avoir raconté son passé et ses motivations pour rentrer dans la politique, Insoumise nous emmène sur chacun des terrains où Delphine Batho a bataillé, notamment face à ce qu’elle explique être un gouvernement qui la bridait. Oui, dans Insoumise, on a une nouvelle fois le droit au couplet « j’avais des idées, je voulais changer le Monde, je voulais aider, mais le gouvernement ne m’a pas laissé faire ». Mettons déjà une première chose au clair, si Delphine Batho a agi comme une véritable insoumise, si elle semble avoir porté chacun des dossiers avec son cœur et ses convictions, en tout cas c’est ce qui transpire de son livre, c’est une des personnes qui a porté François Hollande jusqu’aux portes de l’Elysée.
Une insoumise féministe
Dans Insoumise, Delphine Batho revient donc sur son passé et sa bataille en tant que femme pour accéder aux rôles les plus décisionnaires et régaliens. Cependant, elle n’oublie pas de nous fournir la petite rengaine féministe sur le droit des femmes qui devrait être encore plus important, notamment pour les chefs d’entreprise. Sur ce point, il est clair qu’elle a raison. Les grandes entreprises peuvent paraître un peu sexistes et machistes car trop de peu de femmes détiennent les plus hauts postes. Elle pointe d’ailleurs du doigt une vérité dérangeante pour tout un chacun, il n’existe que peu de femmes chefs de grandes entreprises. Cependant, elle dénonce avec sincérité et bien-fondé le fait authentique que le droit des femmes est un des évènements majeurs de l’évolution de l’humanité, notamment au cours du siècle dernier et de celui-ci. Une véritable insoumise.
La question du nucléaire
Delphine Batho semble être pour la fermeture de centrales nucléaires. Que l’on s’entende bien, si c’est dangereux, il est bien évident qu’il faut les fermer. Cependant, il faut rappeler quelques faits scientifiques importants. A l’heure actuelle, seul le nucléaire est capable de fournir une quantité d’électricité importante de manière continue. Ce qui n’empêche pas qu’il faut se tourner le plus possible vers les énergies vertes. L’éolien est une idée, autant que les panneaux photovoltaïques et j’en passe. Mais de nos jours, seul le nucléaire est capable de subvenir à nos désirs (vous remarquerez que les mots « besoins » et « nécessités » ont été évités) sans risque. Maintenant, on va se placer d’un point de vue où l’on ferme quelques centrales. Qu’avons-nous comme dispositifs prêts et aptes à remplacer les centrales nucléaires avec les mêmes performances ? De plus, on va rajouter maintenant l’aspect économique. La France, à travers ses centrales, revend son électricité. C’est un point extrêmement positif et qui ne nécessite pas d’être plus développé. Si on ferme les centrales, alors le coût de l’électricité va monter car il y aura moins d’électricité fournie avec une demande qui augmentera au cours des années à venir (ce qui suggère une autre question, doit-on instaurer un seuil de consommation par utilisateur ? C’est un vrai débat de fond). Avec l’augmentation du prix de l’électricité, il va donc il y avoir une perte de compétitivité des entreprises, dont les PME, qui dégageront moins de bénéfices et cela engendra donc la perte d’emplois, augmentant ainsi le chômage et la précarité. Alors, la question revient : doit-on vraiment fermer dans les années à venir les centrales nucléaires ?
Un problème de temps et d’efficacité
Autre point qui mérite d’être discuté dans cet article, ce qu’elle nomme «Le principal problème de l’État n’est pas son coût mais sa léthargie, son impuissance, sa lenteur, sa bureaucratie.» Cette réflexion s’insère notamment au niveau des dossiers chauds qu’elle a dû traiter, à savoir le gaz de schiste ou encore le nucléaire. C’est une réflexion intéressante et qui mériterait d’être un peu plus détaillée.
Une ministre insoumise avec seulement un BAC un poche
N’y voyez aucun caractère misogyne ni diminutif. On peut faire des études et ne pas être fait pour diriger. Comme on peut ne pas avoir fait d’études et avoir un sens des affaires inné et être apte à diriger une grande entreprise (Michel Denisot est l’exemple parfait). Cependant, entre une militante insoumise de SOS racisme bachelière et un Ministre, il y a un monde. Le même raisonnement tient pour un BAC +5. Prenons un BAC+5 en économie qui fait juste un travail de routine, sans réelle amélioration du système proposé; devrait-il être Ministre de l’Economie ? Les convictions sont une chose, les idées et la manière de les mettre en place sont complètement différentes. Cela suscite une question qui devrait être posée directement au gouvernement. Pourquoi le Ministère de l’Ecologie n’est-il pas dirigé, non pas par un politicien, mais par un scientifique qui connaît assurément le domaine ?
Insoumise aux gens de l’ENA et véritable livre à charges
Delphine Batho semble souffrir d’un gros complexe d’infériorité vis-à-vis des personnes qui ont effectué l’ENA. Plusieurs fois dans le livre, l’insoumise Delphine Batho dénonce la fameuse promotion de 1980 de l’ENA, également appelée promotion Voltaire, où F. Hollande et bien d’autres parmi ses proches collaborateurs sont issus. Elle pointe, notamment, le fait qu’elle ne soit pas de l’ENA. Non, cette femme insoumise à toute tentative de soumission morale est une simple bachelière, fille d’une photographe, militante pour SOS-Racisme et remplie de croyances. Elle dénonce également tout le long de son livre à quel point le Président est loin de ses promesses de campagne et n’écoute que ses proches collaborateurs.
D’un point de vue stylistique, Insoumise n’est pas un régal, loin de là. C’est écrit avec des sentiments mais Delphine Batho ne semble pas apte à faire ressentir au lecteur ses impressions et c’est dommage. Au final, Insoumise ne nous apprend pas grand-chose, ne montre pas grand-chose, et ne restera pas dans les annales littéraires. A l’inverse du livre de Jean-Luc Mélenchon dont vous trouverez la critique sur le site.
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- Les quelques informations
- Un ème point de vue sur notre Psdt
- Le style
- L'intérêt ?