Édité au format poche chez Milady depuis le 18 mars dernier, Les traversées est le premier roman de Solange Delhomme. En voici notre critique.
Les traversées est un premier roman, porté par une construction narrative singulière, les personnages se croisent sans jamais se rencontrer vraiment. À travers trois générations de femmes que l’amour va jusqu’à empêcher d’assumer leur maternité, voire de vivre, c’est la question de la transmission qui se pose. Mais aussi celle du choix ou de la fatalité. Se sauver ou se détruire.
Les traversées, une lignée de femmes
Clara n’a que quelques mois quand sa mère, Marie disparaît. Fou de chagrin, son père, Pierre, s’exile à l’abri du monde et confie la fillette à sa grand-mère, Gabrielle. Après avoir parcouru le monde durant trois ans, Pierre revient pour sa fille. C’est en guerrière qu’il choisira de l’élever. Il la laisse se débrouiller avec les autres, ne se précipite pas à la première larme, au premier accrochage. Même lorsqu’en mer il s’est laissé surprendre par une tempête et qu’ils ont frôlé le pire, Pierre n’aura aucune parole, aucun geste de réconfort pour sa petite Clara âgée de dix ans. Après cette nuit sur le bateau, le silence les gagnera d’avantage. Heureusement Clara avait Gabrielle, sa grand-mère qui lui rendait la vie douce. Mais Gabrielle n’était pas éternelle. À sa mort, la vieille dame laisse derrière elle des carnets qui brisent des années de silence. Leur lecture révèlera à Clara des facettes insoupçonnées de la lignée de femmes dans laquelle elle s’inscrit. Elles sont de celles qui se jettent à corps perdu dans des passions qui les brisent. De celles qui souffrent d’une incapacité à vivre et aimer en même temps dont Clara se demande si elle n’a pas hérité…
Les traversées, les ravages des sentiments
Avec la lecture des carnets intimes de Gabrielle et des lettres de Marie qui étaient glissées à l’intérieur, le silence va se déchirer. Clara sera traversée par le secret des vies passées et perdues, de réalités étrangères qui ne lui disaient rien. Clara va découvrir un homme qui lui était jusqu’alors inconnu, d’une volonté et d’une épaisseur qu’elle n’arrive pas à juxtaposer à l’image qu’elle a de son père, Pierre, cet homme qui avait été un autre pour sa mère. Clara va enfin rencontrer Marie, sa mère, cette femme fragile qui s’est sentie abandonnée. A son grand étonnement, Clara apprendra ce qui a brisé sa grand-mère, un amour malheureux. Cette grand-mère qui laissera ce conseil en héritage : l’amour ne sauve de rien, ne confie pas ta vie à l’amour. Clara s’était toujours entourée d’un mur invisible et infranchissable. Submergée, tout s’écroule. Pour échapper à sa destinée, elle n’aura d’autre choix que de se réfugier dans sa maison du littoral battue par les vents, comme en écho à son propre chaos. Le vent, l’océan, la houle, les embruns, autant de remèdes pour peut-être trouver enfin la paix intérieure.
Dans ce premier roman de Solange Delhomme, l’océan et les paysages marins sont omniprésents. Ils nous embarquent dans la tourmente des sentiments et les ravages qui en découlent. Pourtant, et bien que la plume de l’auteure soit délicate et très élégante, il m’a manqué quelque chose pour que Les traversées me transportent, me remuent tel l’océan. Certainement parce que le personnage de Clara est trop effacé, qu’il manque de profondeur. J’aurais aimé être soufflée, emportée par la tempête des sentiments. Rendez-vous manqué. J’attendrai que la marée m’apporte le second roman de Solange Delhomme dont l’écriture vaut le détour.
Encore merci aux Éditions Milady de leur confiance.
- La plume élégante de Solange Delhomme
- L'omniprésence de l'océan et des paysages marins
- Le personnage principal, Clara, qui est trop effacé
- On a pas été emporté, dommage !