Critique du comics Venom vs Carnage, dessiné par Clayton Crain, scénarisé par Peter Milligan et sorti chez Panini Comics France dans la collection Marvel Dark. Cette rencontre aboutit-elle à une tuerie ou un gâchis ?
Mai 2013, Panini Comics France lance une collection rassemblant des comics Marvel bien plus sombres que la moyenne, sobrement appelée Marvel Dark. Le premier album, Venom vs Carnage, sert de fer de lance pour cette anthologie, un choix qui peut surprendre tant l’œuvre ne s’est pas fait remarquer lors de sa sortie US. Mais soit, savourons tout de même cette découverte, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, Venom vs Carnage est l’occasion de retrouver les symbiotes, une espèce extraterrestre qui rentre en symbiose (d’où le nom) avec un hôte, le recouvrant d’un costume vivant. Véritable parasite, le symbiote par qui le concept nous devient familier est Venom, apparu pour la première fois en 1984 dans le numéro 252 de The Amazing Spider-Man. Personnage très populaire chez l’homme-araignée, notamment pour son aspect imposant et répugnant, ainsi que pour son côté double maléfique, Venom (et son rejeton Carnage) n’a que rarement été aussi bien dessiné que par Clayton Crain. C’est donc avec un bonheur qu’on voit l’artiste être aux commandes de Venom vs Carnage. Avec lui, Peter Milligan est crédité au scénario, encore une présence rassurante quand on sait à quel point cet auteur a réussi de bonnes choses avec la série X-Force.
Dévastation filiale.
Venom vs Carnage s’attarde donc sur les symbiotes, ces extraterrestres aussi repoussants que robustes. Cette espèce se reproduit de façon asexuée, une seule fois par individu, et n’ont pas vraiment le sens de l’amour filial. Quoi de plus naturel, donc, que de retrouver Venom et son affreux bambin entrain de méchamment se chamailler ? C’est dans l’ordre des choses, certes, mais la raison de cette querelle familiale violente est pour le moins surprenant : Carnage ne veut pas donner naissance à celui qui doit prendre sa succession. Son fils, que Venom son grand-père nomme par avance Toxin, doit devenir la millième génération de symbiote, un chiffre qui semble ne pas plaire à Carnage. Et pour cause, car il est synonyme de grand trouble psychologique pour le futur nouveau-venu, et sans aucun doute d’une haine profonde, meurtrière, pour son propre père…
La logique en ruine.
Ce Venom vs Carnage a de quoi décontenancer à la lecture de ce pitch, car les connaisseurs le savent bien : les symbiotes sont motivés par la survie de leur espèce. C’est un trait de caractère sur lequel bien des histoires ont pris appui, et ici il est purement et simplement balayé par le traitement du personnage de Carnage. Ce dernier, toujours aussi dangereux de par la personnalité de son hôte (Cletus Kassady, rien de moins qu’un tueur en série) couplée avec la surpuissance du symbiote, a donc une peur bleue de son futur enfant, qui doit fatalement venir au monde. C’est illogique et cavalier, d’autant plus que Venom vs Carnage ne prend en aucun cas la peine d’essayer de justifier quoi que ce soit par une ouverture qui serait autre chose qu’une démonstration de la force des symbiotes. Venom, lui, tente de mettre une grosse raclée à son fils, histoire de le ramener à la raison, et surtout dans l’espoir que son petit-fils, le futur Toxin, soit un allié dans le combat contre Spider-Man. Une situation qui donne lieu à des cases bien énervées, parfois pas super lisibles mais qu’on a plaisir à admirer de longs moments tant les monstres sont magnifiques de détails. C’est au moins ça de gagné : visuellement Venom vs Carnage est agréable quand les symbiotes sont dans le cadre, dans des joutes qui manquent cependant de dévastation, d’une figuration d’un danger latent.
Hécatombe à l’écriture.
Venom vs Carnage n’arrive pas à convaincre sur son postulat, et ça ne s’arrange pas dans le développement. Tout est beaucoup trop rapide, abrupte, même si on peut être touché par le personnage de Patrick Mulligan, flic de New-york qui devient l’hôte de Toxin. Ce dernier deviendra un symbiote motivé par son envie de justice, et trouvera en Spider-man un allié, et non un ennemi. Mais autour de lui, tout part à vau-l’eau dans Venom vs Carnage, une véritable déception aussi bien chez les personnages que dans les dialogues. La tension entre Venom et son fils Carnage ne donne pas assez dans la folie furieuse, et si on apprécie les petites phrases entre les deux, donnant à leur relation un aspect comique pas désagréable, on aurait quand même aimé plus de relief, plus de punchline. L’utilité de Spider-Man dans le récit de Venom vs Carnage se résume certainement à essayer de ne pas brusquer le fan de cette licence en lui proposant de quoi se raccrocher à un super-héros. Et que dire de la Chatte Noire, l’équivalent Marvel de Catwoman (cette dernière étant le modèle original…), qui cumule à la fois superficialité du traitement et design étrangement abject sur certaines cases…
Reste le grand spectacle…
On ressort donc de ce Venom vs Carnage assez déçu par le scénario, et même par certains dessins loin d’être soignés. La Chatte Noire fait partie de ces déceptions, et les personnages humains ne sont pas en reste, avec des visages bien trop grimaçants pour être impactant. C’est une déconfiture à ce niveau. Par contre, les fanatiques des symbiotes seront aux anges avec certaines cases de Venom vs Carnage qui valent à elles seules le coup d’œil sur cet album. Ces extraterrestres, tout en griffes acérées et crocs incisifs, font tout le spectacle de ce premier album de la collection Marvel Dark. C’est un peu léger, surtout étant donné le tarif exorbitant qu’a décidé Panini Comics France : 12 euros. L’aspect cartonné et la bonne qualité du papier se paie évidemment, mais pour une histoire de moins de 100 pages, et même pas agrémentée de bonus, ça fait un peu cher pour un Venom vs Carnage finalement décevant.
Venom vs Carnage, les bonus.
N’hésitez pas à lire d’autres critiques de Venom vs Carnage, notamment sur Planète BD.
Connaissiez-vous Truth in journalism, un court-métrage amateur, signé Adi Shankar (producteur sur le film The Voices), traitant du personnage de Venom ?
- Patrick Mulligan
- Les symbiotes et leur charisme.
- Quelques cases splendides...
- ... Beaucoup d'autres affreuses.
- Les personnages secondaires.
- Ce prix !