Critique – Warpaint
Après 4 années d’absence, le groupe Warpaint est de retour depuis le 14 janvier dernier. Le titre éponyme de l’album illustre un manque de motivation, d’inspiration ou, pour faire critique d’art, indique que le groupe « a retrouvé son moi à l’intérieur dedans son corps » (critique d’art des Chtis à Ibiza). Voici le dénommé Warpaint (le nom de l’album ET du groupe, mais suivez un peu !). Une si longue attente, mais pourquoi ? Mais pour qui ? Mais le groupe dormait-il ? Mais ou et donc or ni car ? Ce temps de réflexion a peut-être été le moyen pour le groupe de prendre du recul sur le succès de son premier album The Fool (Une nouvelle critique ? Si vous êtes sage) ? Eh bien sans plus tarder, découvrons ce quatuor féminin (Ah ! Je sens votre attention renouvelée).
Le Groupe
Stella Mozgawa (batterie), Emily Kokal (chant guitare), Theresa Wayman (chant guitare), Jenny Lee Lindberg (chant, basse)
Il faut d’abord resituer le contexte. Warpaint n’est pas connu de tous et une petite description du groupe s’impose. Il s’agit d’un groupe de filles d’environ 30/35 ans créé en 2004 à Los Angeles sous l’impulsion de Shannyn Sossamon, musicienne et actrice (40 jours et 40 nuits), ex-batteuse, et Jenny Lee Lindberg. Après un EP, Exquisite Corpse, le groupe sort son premier album et accède à la célébrité outre-Atlantique. Le style est tissé de guitares complexes, de voix hypnotiques, en un post punk magnifique. Oscillant entre psychédélisme et intimité, ces filles réussissent à lier les deux sans complexe. Warpaint sonne comme la canalisation de voix d’un autre monde, lyrique et mystique.
L’Album
No. | Titre | Durée | |
---|---|---|---|
1. | « Intro » | 1:51 | |
2. | « Keep It Healthy » | 4:02 | |
3. | « Love Is to Die » | 4:52 | |
4. | « Hi » | 5:11 | |
5. | « Biggy » | 5:55 | |
6. | « Teese » | 4:42 | |
7. | « Disco//very » | 4:04 | |
8. | « Go In » | 4:00 | |
9. | « Feeling Alright » | 3:33 | |
10. | « CC » | 3:48 | |
11. | « Drive » | 5:12 | |
12. | « Son » | 4:07 | |
Durée totale: | 51:16 |
Une rythmique fondée sur une basse qui va de pair avec une batterie très « libre ». Ajoutons à cela une guitare qui se fait discrète, des voix douces, et un synthétiseur pour l’ambiance : nous obtenons la base de Warpaint. La basse de Jenny Lee Lindberg s’accorde bien à la batterie, et la guitare n’est admise que par pointes disséminées. On peut parler du « son Warpaint », tant l’atmosphère est reconnaissable. Les musiques ne retombent jamais, portées par les choeurs et les guitares, par petites touches. La basse est soit discrète soit surjouée, et se laisse guider par une batterie en totale liberté. Son rythme ne change pas mais elle peut nous surprendre à tout moment.
Theresa Wayman et Emily Kokal (Rough Trade Session)
Je parle souvent de chant et il faut reconnaitre qu’il y a du travail sur les voix, ainsi qu’un peu de reverb. Cette touche lyrique et mystique dans le chant est envoûtante. Afin d’éviter les préjugés, j’ai écouté quelques lives et ce n’est pas du flan, le son et les voix sont toujours aussi bons.
Le travail impressionnant effectué sur le son est particulièrement intéressant sur cet album. Le groupe avait annoncé « quelque chose de nouveau et de l’expérimentation » et en effet, il est au labo. Mais il ne l’a pas quitté et nous avons dans les oreilles un produit qui ne semble pas totalement achevé, bien que tout de même très bon.
Pour conclure, si son premier album nous avait conduit à penser que Warpaint mérite d’être écouté, ce nouvel album nous confirme qu’il faudra compter avec ces filles à l’avenir. La prise de risque pour l’expérimentation et la sonorité de l’album montre à quel point elles maitrisent leur sujet, cependant elles devraient faire attention à ne pas se perdre dans leur labo pour parfaire les finitions. Et ça, j’achète ! (j’en fais trop ?)
- Des titres détonnants
- Une ambiance feutrée et rythmée par un drum n bass captivant
- Un 2e album avec une grande maturité
- Des musiques qui peuvent sembler se confondre par leur ambiance
- L'album risque de se perdre dans ses expérimentations