Avec Game dev Tycoon, contrôlez un développeur de jeux-vidéo !
Game Dev Tycoon est une simulation qui nous propose de remonter le temps. Voyageons jusqu’à une époque où deux traits et un rond faisaient, à peu près, le cultissime Pong. Le jeu nous met dans la peau d’un développeur, seul dans son garage, mais pas dénué de génie. A l’image d’un Eric Chahi s’arrachant les cheveux pour faire de Another World un hit, vous serez seul face à vos choix. Ceux-ci feront de vous un futur grand nom du jeu-vidéo, ou l’un des nombreux échecs de ce monde vidéo-ludique exigeant.
Le premier contact avec Game Dev Tycoon déroute. Tout d’abord, il faut préciser que le jeu est le fruit du travail de deux personnes : Daniel et Patrick Klug, plus ou moins aidés par une petite équipe. Il n’est donc pas étonnant de se retrouver face à un résultat très épuré techniquement, pauvre diront certains. A fond dans la mode du rétro revival, la 2D est propre mais ce qui peut faire tiquer est l’absence quasi totale d’animation. Notre avatar boit parfois un café ou gribouille sur son carnet, c’est tout. De même, la boucle musicale est bien agréable la première heure, mais elle finira mute bien vite sous peine de prendre gentiment la tête, voir provoquer de maux de têtes (oui, carrément). Heureusement, nous n’avons pas le temps d’afficher une petite déception au niveau technique, Game Dev Tycoon est une réussite sur les premières heures.
Game Dev Tycoon propose un didacticiel à la fois complet et assez rapide pour ne pas du tout mâcher le boulot. Ainsi, on apprend que le développement d’un jeu se divisera en trois parties de production : la pré-production, le développement et les résultats financiers. Dans la première partie, la pré-production, vous devrez choisir la machine sur laquelle votre œuvre sortira. Et si, au début, vous serez limité à deux ordinateurs, dont un Commodore, bien vite on est surpris tant Game Dev Tycoon suit l’histoire des jeux-vidéo. Commodore disparaîtra à cause d’un placement maladroit sur le marché, les consoles Japonaises arrivent, puis les premières consoles portables etc. Le joueur devra faire attention à plusieurs informations. Tout d’abord, les parts de marché : développer un jeu sur « Playsystem 2 » n’aura pas autant d’impact que sur « Mbox ». Les passionnés seront comme des poissons dans l’eau tant Game Dev Tycoon colle à la réalité en termes de réalité du marché. La console choisie, il faut choisir la taille du jeu (petit, moyen, grand, voir AAA), son public (jeune, tout public et adulte), le thème du jeu parmi 51 (de sport à arts martiaux, en passant par western ou cyberpunk), son genre (action, simulation etc.) et, enfin, le choix du moteur graphique. Les combinaisons sont nombreuses, mais ce n’est pas une raison pour donner dans le n’importe quoi. Les règles du marché doivent être respectées, ainsi sortir un jeu horreur-action pour adulte sur l’équivalent de la Nintendo DS n’a que peu de chance d’être rentable. Développer un jeu, ça coûte cher et un échec peut vous mettre en faillite, synonyme de game over. Les aventuriers devront donc attendre d’avoir fait fortune pour tenter certaines combinaisons exotiques dans Game Dev Tycoon. Une fois tous ces paramètres bien pensés, n’oubliez pas de donner un titre à votre œuvre et place au développement en lui-même.
Dans la deuxième partie de production de votre chef-d’œuvre, le développement, Game Dev Tycoon donne à gérer plusieurs données. Tout d’abord, autant vous commencerez seul au fond du garage, autant vous finirez dans un grand studio avec plusieurs développeurs sous vos ordres. Le jeu ne vous demande pas de devenir aussi pointu qu’un directeur des ressources humaines, mais vous devrez gérer la fatigue et surtout donner des tâches précises à chacun de vos collègues, le tout en fonctions de leurs capacités voir même, plus tard, de leur spécialisation. Et ils ont du boulot, ces héros des temps modernes. Gérer le gameplay, les graphismes, l’histoire, l’intelligence artificielle, le moteur, les dialogues etc, voilà un travail harassant. Et chacune de ces composantes est à doser, via une barre. Par exemple, pour une simulation de course automobile le son est important, donc il faudra lui donner plus de temps que pour le design du monde. Sachant que chaque combinaison thème/genre peut être géré différemment, les choix sont nombreux dans Game Dev Tycoon. Pendant que vous développez, il ne sera pas rare que des petits événements apparaissent, pas nombreux mais assez marrants, comme des interviews à donner. Développer un jeu attire l’attention du milieu et du public, ainsi il est possible de gérer une couverture médiatique plus ou moins onéreuse et dont les effets sur l’attente de votre œuvre n’est pas à négliger. Un jeu attendu a plus de chance d’être bien vendu mais attention, un campagne ressentie comme trop agressive par les clients pourra avoir des effets négatifs. Aussi, alors que vos avatars bosseront dur, vous générerez différents points : bugs, design, technologie et recherche. Les bugs doivent être réparés en fin de développement. Pas de soucis, c’est automatique, même si les grosses phases de débug peuvent avoir un impact de temps et donc sur l’attente des gens. Les points de design et de technologie sont redistribués dans les statistiques de maîtrise générale, nous faisant passer des niveaux comme dans un RPG. Les points de recherche sont eux à dépenser pour valider des éléments qui vous serviront pour élaborer vos moteurs de jeu. Éléments qui sont débloqués… quand on gagne des niveaux bien sûr. On passe donc son temps à débloquer de nouvelles choses dans Game Dev Tycoon.
Après cette intense période de développement, Game Dev Tycoon nous fait passer par la dernière phase : récolter ce qu’on a semé via les résultats financiers. Tout d’abord, on doit se frotter aux retours de la presse. Les notes tombent, et elles ont une influence décisives sur les ventes. Ces dernières peuvent alors débuter, en fond pendant que le joueur vaque à ses occupations. Dépenser ses points de recherche, faire une étude des résultats du jeu sorti afin d’en trouver les failles ou les réussites, voir enchaîner sur un autre jeu, vous êtes libre. Et si ce congé est, au début, un peu vide dans Game Dev Tycoon, il se comble rapidement avec des possibilités comme développer sa propre console. On regrettera tout de même l’impossibilité de fixer un prix de vente aux jeux, ce qui aurait pu avoir un intérêt afin de continuer à développer des petits jeux.
Game Dev Tycoon a un début, et une fin. Celle-ci pointe le bout de son nez une génération après celle en vente actuellement, donc avec une « Playsystem 5 » par exemple. On peut continuer à jouer à l’infini, ou presque. Car le jeu n’est malheureusement pas exempts de défauts. Tout d’abord, le contenu a beau être assez mirobolant dans les premiers temps, on en vient assez vite à bout un peu après la fin. Le fait que la prudence soit payante n’incite pas à tenter des combinaisons un peu folles : faire un jeu OVNI/casual sera bien l’échec auquel on se prépare. D’ailleurs, certains thèmes n’existent que pour le clin d’œil, comme « hôpital », qui rappellera évidemment une simulation bien connue des amateurs du genre. Alors certes, c’est rigolo et agréable de savoir que Game Dev Tycoon est développé par des joueurs, mais l’intérêt est limité à la référence sympathique et non au gameplay. On sent plein d’amour pour l’univers du jeu-vidéo (ce poster de Okami !), mais l’expérience est limitée dans le temps à cause de quelques petites imperfections, des détails pas rédhibitoires mais gênants. Par exemple, vous lancez votre console sur le marché, et vous pouvez voir les ventes de celle-ci. Sept millions, c’est super vous décidez de sortir un gros jeu en exclusivité sur votre machine, disons un clone de Skyrim. Génial, le développement est tonitruant et les ventes explosent : vingt millions. Bon, on a tous acheté un jeu avant d’avoir la console appropriée, mais quand même… Pour en finir avec les déceptions, Game Dev Tycoon est victime de gros ralentissements quand on a un studio complet, avec les deux labos. Le framerate est à la rue. Ca tombe bien, ça arrive au bout d’une dizaine d’heure, ce qui est la durée de vie du jeu.
Malgré tous ces petits défauts, il se dégage une bonne ambiance de ce Game Dev Tycoon. Tout d’abord, il faut noter que le jeu est « modable », c’est à dire que l’on peut rajouter du contenu gratuitement. Les fans sont actifs, et proposent par exemple des machines comme des bornes d’arcade. Cette info n’est pas négligeable au moment de l’achat, tant l’intérêt se trouve multiplié. Bon, les taquins feront remarquer qu’un autre jeu, Game Dev Story, avait tenté cette expérience de la simulation vidéo-ludique. Oui, mais le résultat n’était pas aussi probant, notamment côté gameplay qui ici est instinctif au possible. On est pris par l’action et la courbe de progression est telle qu’il est grisant d’évoluer dans cet univers. Les différentes options et ingrédients se débloquent avec un rythme régulier, ce qui donne l’impression de tout le temps découvrir un nouvel élément à gérer. Les sept premières heures passent en un clignement de cils tant on a envie de voir ce que le jeu peut nous réserver en terme de nouveauté, et il vous faudra faire attention à ne pas terminer le premier contact avec Game Dev Tycoon à une heure avancée de la nuit. Oui, ça sent le vécu. Signalons que le jeu est totalement traduit en Français, et disponible pour 8.99€ sur Steam hors soldes. Ce qui est un prix correct étant donné la durée de vie du jeu.
- Ambiance référentielle agréable.
- Durée de vie honnête.
- Interface instinctive.
- Techniquement à la ramasse.
- La musique horrible à la longue.