Eric Clapton And Friends – The Breeze

The breeze an appreciation of J.J. Cale par Eric Clapton and friends, un petit hommage pour un grand bluesman

Le vendredi 26 Juillet 2013, nous apprenions la triste nouvelle du décès du très influent bluesman J.J. Cale. Un an plus tard, voici l’hommage que lui rend l’un de ses amis et plus proches admirateurs, Eric Clapton, avec la participation de nombreux autres confirmés de la 6 cordes : The Breeze, An Appreciation Of J.J. Cale.  

« J.J. Cale, l’un des artistes les plus importants dans l’histoire du rock ». C’est ce qu’avait déclaré Eric Clapton dans son autobiographie sortie en 2007,  et qui aura été l’un des artistes à avoir eu une influence des plus directe sur celui que l’on taguait « The God » dans les rues londoniennes à l’époque de Cream. Un peu au même titre qu’un Buddy Guy, « The Breeze » (en lien avec son chant très murmuré et élégant) n’a obtenu une réelle reconnaissance qu’à partir de l’arrivée de la génération 70’s, et en l’occurrence  la sortie des tubes After Midnight ainsi que Cocaïne par Clapton, deux morceaux incontournables dans les deux répertoires des deux artistes, qui se sont rejoint pour faire un album ensemble en 2006, The Road To Escondido, album pour lequel ils ont remporté un grammy. Il est vrai que J.J. était pour le moins marginal (un bluesman blanc, c’était déjà une rareté pour l’époque) car très discret, ne livrant que très peu de concerts, et préférant se concentrer sur la musique, qui était assez novatrice pour l’époque, car teinté de country, de rock’n’roll et d’un peu de jazz : Le Tulsa Sound. C’est par le biais de ce style particulier que J.J. a influencé beaucoup d’artistes de renom comme Johnny Cash, Santana, Mark Knopfler ou encore Lynyrd Skynyrd. 

C’est donc en l’honneur de cette patte musicale que Clapton a souhaité concevoir The Breeze, An Appreciation Of J.J. Cale et dans l’optique que les reprises soient le plus fidèle possible à l’esprit de J.J. mais sans se faire trop de cheveux blancs, car il était certain que le style de ce dernier ressortirait naturellement dans la performance de chacun. Un style très atypique comme je le disais, mais dont la country et le blues prédominent, connaissant des variantes vers un son plus mordant (pour le rock) ou vers un son plus doux et rond (pour le jazz). Un son qui sent bon l’Amérique donc, avec deux genres comme le blues et la country qui sont nés sur ces terres et qui sont , vous le savez, totalement imprégnées dans la culture Outre-Atlantique. J’admets qu’il m’est parfois arrivé lors de l’écoute d’imaginer ses longues étendues désertes et ses tumbleweed comme on en trouve en Oklahoma, pays natal de JJ.

Ce qu’il faut tout d’abord souligner dans The Breeze, An Appreciation Of J.J. Cale, c’est la cohérence de l’album avec des interprétations très personnelles, mais aussi très similaires par l’esprit global et le tact de chaque artiste pour ne pas s’éloigner de l’idée de base. Cela rend l’album à la fois très uniforme et aussi extrêmement diversifié, de par également les différences de jeux des guitaristes. On retrouve donc toutes les facettes de la musique de The Breeze et qui se sont parfois retrouvées améliorées grâce au talent de chaque musicien. En effet, car outre Clapton dont ses qualités ne sont plus à démontrer (pour lequel nous avons fait une critique précédemment), il y a également Mark Knopfler qui nous apporte son style unique, très aérien et fin, et nous fait rendre compte à quel point son chant très élégant et décontracté que l’on a connu à l’époque de Dire Straits rappelle celui de JJ.  Il y a aussi la participation de Don White, un nom peu connu mais qui est totalement imprégné du « Tulsa Sound » ainsi que Tom Petty qui incarne très bien ce blues-rock américain. Je souligne aussi la participation du jeune mais déjà sous les ailes de ténors du blues, John Mayer, qui développe un jeu très propre et qui nous rappelle celui de son modèle Stevie Ray Vaughan. Je regrette cependant l’absence de Carlos Santana, qui aurait pu interpréter un des morceaux latino de J.J., et qui aurait pu élargir encore plus l’éventail technique et musical de l’album (un nom parmi tant d’autres).

Pour conclure, vous l’aurez compris, The Breeze, An Appreciation Of J.J. Cale est très réussi et constitue un très bel hommage collectif à tout un univers musical et surtout à un homme qui préférait tourner autour du moule musical de son époque plutôt que d’y entrer, et qui est devenu l’une des figures les plus influentes de sa génération.