Critique John Frusciante – Enclosure
John Frusciante. Ce nom n’est peut-être pas inconnu des mélomanes amateurs des Red Hot Chili Peppers. Et pour cause, souvent présenté comme un surdoué de la guitare, John Frusciante est surtout l’homme des grandes heures du groupe de rock californien. Ses deux passages ont marqué dans leur musique une empreinte qui a rimé avec les principaux succès du groupe. A son actif, les albums Blood Sugar Sex Magic, puis Californication, By The Way et Stadium Arcadium. A titre personnel, passé ce dernier opus, les Red Hot ont arrêté d’exister, car ils n’ont su tourner la page Frusciante après le départ de ce discret guitariste à la voix fragile, passé du statut de boutonneux surdoué sous héroîne à celui de brillant compositeur habité.
En parallèle du faste des tournées des Red Hot, Frusciante a pris soin de continuer à alimenter son impressionnant stock de compositions personnelles. Au point que de ses doigts de fée ne sortent pas moins de 6 opus entre juin 2004 et février 2005. Prolifique, vous dis-je !
Enclosure est le dernier album en date sorti par John Frusciante (sorti en février 2014). Et le moins que l’on puisse dire, c’est que sa période de pur guitariste hendrixien est bel et bien terminée. La couleur qu’il donne à cette œuvre est clairement élecro-pop, avec même quelques influences new wave. Ici, synthés, batterie électronique, samples et autres effets psychés sont mariés pour envelopper la voix fluette du chanteur, ainsi que sa guitare, étrangement très peu mise en valeur. Ainsi, rares sont les morceaux où l’on entend clairement la compagne à six cordes de Frusciante (Stage). On a l’impression de tenir ici un opus très expérimental, une sorte d’ensemble de morceaux issus d’un week-end bidouillage en studio (Shining Desert). Si certains morceaux sont plus soignés (Fanfare), ils peuvent rappeler une pop plus traditionnelle, presque 80’s.
Mention spéciale pour le titre Cinch, à mon sens le plus équilibré, et le plus proche de la délicate alchimie musicale que recherche l’album. On ne se refait pas : la partie guitare y est particulièrement bonne !
Si le choc fut de taille à l’écoute de cet album, je dois dire que j’ai été le premier étonné d’y avoir pris goût. Je ne trouve clairement pas de bombe musicale, mais il a à mon sens deux mérites. Le premier : il désarçonne les amateurs de Frusciante qui attendent ici un récital de guitare électrique à la Steve Vai. Le second : il peut aisément s’écouter en boucle, en fond musical, sans pour autant lasser. C’est peut-être finalement cela que l’on appelle « bien composer »…
- Un John Frusciante totalement inattendu...
- ... auquel on s'habitue très bien
- Il y a moyen de mettre plus de guitare steuplait ??