Trixie Whitley – Fourth Corner
Trixie Whitley c’est d’abord une voix reconnaissable entre mille. Une voix chaude et dense, aux fêlures indistinctes, à la gravité sensible. Hésitante parfois, dans des modulations ondulant entre maîtrise et émotion. Trixie Whitley ce sont les tripes qui parlent, et ça s’entend. Une chanteuse atypique et discrète, fille d’un grand musicien, qui nous livre avec Fourth Corner un premier album riche de 17 morceaux à la pop mêlée de folk, aux accents blues et soul.
Entrer dans cet album s’apparenterait presque à une transe. Une sensualité nocturne imprègne cet ensemble d’une mélancolie charnelle, brute. Car si cette voix à la limite de la rupture embrase l’imaginaire grâce à un fort pouvoir évocatif, elle habille également avec force des textes où sens et sensations s’entremêlent, où absence et amour sont souvent synonymes.
Fourth Corner possède en cela une grande cohérence. Une alternance de morceaux doux, assez planants (Morelia, A Thousand Thieves) et de rythmes plus rocks (Never Enough, Gradual Return). De guitares électriques rauques ou accoustiques, de piano acidulé et de percussions tripantes. Un bloc d’émotions brutes, à fleur de peau, dont le seul bémol serait peut-être des enchaînements à la structure assez proche, une orchestration des morceaux parfois très similaire. Et cette voix également, à la présence physique, brûlante, souffre mal des choeurs qui semblent à certains moments de trop.
C’est là toute l’ambiguïté et l’intérêt de ce premier album. De cet ensemble prometteur, parfois bouleversant, et toutefois perfectible, émane une délicatesse touchante. L’impression d’un partage intime avec une artiste qui nous dévoile, le temps de quelques morceaux, toute sa fragilité. A l’heure de la surenchère instrumentale, du photoshop vocal, d’albums marketés aux recettes toutes faites, c’est d’ailleurs dans les morceaux les plus sobres, dans la simplicité que brille le plus Trixie Whitley. Et si le premier single Breathe you in my dreams se révèle sympathique et se rapproche des standards radiophoniques, le charme frissonnant et blues du guitare /voix de Oh the joy ou de certaines versions live de l’album, plus épurées, semblent parfois meilleures que la version studio.
- La voix de Trixie Whitley
- Une instru avec peu d'effets
- Les morceaux bouleversants
- Parfois un peu répétitif