U2 – Songs Of Innocence

Critique de l’album Songs Of Innoncence de U2

Avec l’orchestration marketing de la sortie de Songs Of Innocence, la bande à Bono fait encore couler beaucoup d’encre… Mais que se cache-t-il véritablement sous la pochette ?

Avec une industrie du disque toujours plus morne, nous avons depuis quelques années des artistes tentant de casser les codes du business en réfléchissant sur de nouvelles façons de faire paraître leurs derniers travaux pour mieux attirer les mélomanes. Des exemples, il y en a des tas et depuis longtemps, avec de nombreux artistes qui laissent leurs albums en libre écoute pour se faire connaître, ou plus récemment avec Thom Yorke qui a sorti son album directement du BitTorrent ! Avec Songs Of Innocence, U2 fait encore plus fort en se liant dernièrement avec Apple afin que tous les utilisateurs d’un produit de la Pomme aient automatiquement le treizième album studio du quatuor Irlandais dans leur médiathèque, ce qui relève quelques controvers… Je laisse à plus érudit que moi le plaisir de débattre de toutes les questions qu’engendre la façon dont Songs Of Innocence apparaît pour me consacrer simplement à leur musique.

U2, un groupe qui aura connu son âge dans les 90’s, cristallisé par les énormes tournées dans les stades restés dans les mémoires de bon nombre de spectateurs, ne sont plus en odeur de sainteté même chez certains fans. En cause les engagements politiques de Bono et ses crises de mégalomanie, et surtout un groupe auquel on reproche toujours de faire la même chose depuis une dizaine d’années. Avec Songs Of Innocence, on retrouve ce même rock soft, résonnant et texturé qui a fait leur succès, mais plus lent que précédemment, comme une impression du groupe à vouloir lever le pied. On trouve quelques bonnes initiatives, mais qui tombent trop vite et trop souvent dans la facilité par des arrangements musicaux ou vocaux trop attendus, qui induit à l’échelle de l’album un ensemble plat et fade. On peut dénicher un ou deux morceaux à la hauteur dans le registre des ballades pop, notamment celle en guest avec Lykke Li (la chanteuse qui a signé le gros succès I Follow Rivers) mais la plupart des morceaux sont sans inspiration ni éclat égalant leur réputation. Pour certains, on entendrait presque du Coldplay, ce qui est, malgré tout le respect pour ces derniers, pas du même acabit. On relèvera deux morceaux en hommage, respectivement, aux Ramones et aux Beach Boys, mais dont je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas tenté de faire transparaître plus explicitement les influences, un exercice que Bono a déjà fait auparavant pour rendre hommage à d’autres artistes et qui aurait donné plus de couleurs à l’album. 

Pour conclure sur Songs Of Innocence, on retiendra malheureusement plus la façon dont il a été intronisé que la façon dont il a été construit : avec des matériaux de récupération. Il est déjà murmuré qu’un quatorzième album serait déjà en route, mais s’il est pour s’appuyer une énième fois sur leur réputation et sur l’indulgence de leurs fans, cela en vaut-il vraiment la peine ? La question est toute posée …