S’il y a bien un album à ne pas louper en ce début de mois d’août, c’est bien le nouvel opus de Dr. Dre, Compton : A Soundtrack, surtout si vous êtes un amateur de rap, de hip-hop ou tout simplement du bon docteur.
Le docteur est donc de retour après plus de 15 ans d’absence laissant derrière lui deux œuvres musicales, The Chronic et 2001, sorties respectivement en 92 et 99. Depuis, le rappeur a fait beaucoup de business, notamment dans la vente de casque Beats. Mais pas que, puisqu’il a produit de grosses pointures du rap, comme The Game, Eminem et plus récemment Kendrick Lamar, sa nouvelle poule aux œufs d’or.
De Detox à Compton : A Soundtrack
L’album a pris énormément de temps avant de sortir puisque le projet Detox débute en 2001. Après deux singles jugés douteux par ses fans et Dre lui-même, le vétéran du rap décide de tout reprendre à zéro et de changer le titre de son opus en Compton : A Soundtrack. Ça tombe bien puisqu’en ce moment, Compton est plus que populaire, merci à Kendrick et au film N. W. A. – Straight Outta Compton (une biographie sur l’ancien groupe de Dr. Dre) qui sort dans moins d’un mois. Coïncidence ? Non, Dr. Dre dit s’être inspiré de son film pour créer son album.
Rentrons dans le vif du sujet, que vaut ce nouvel opus ? Le rappeur est-il desséché? Ou saura t-il raviver les flammes dans les yeux des fans ?
A la première écoute, il peut se montrer repoussant. L’album est très loin de l’ambiance G-Funk ou rap Old-School instaurée par ses anciens projets, mais est-ce un mal ? Le monde du rap a bien changé et Dre a également vieilli, il a donc choisi de vivre avec son temps. Pari gagné, le résultat est plus que concluant.
Le sujet
L’album commence avec une intro’ réussie, un jingle de film (Universal) et une présentation de Compton en tant que The Black American Dream. Puis le second titre arrive, laissant place au premier featuring, King Mez. Il ouvre la seconde piste de l’album avec un gros I don’t give one fuck, mettant tout de suite en condition. L’album est loin d’être calme, et c’est ce qui peut choquer quand on le lance pour la première fois.
L’ambiance est donnée, l’album parlera de Compton, de la Black American Dream, des gangsta’s, du succès et du passé de Dre. Et tout cela à l’aide de nombreux featuring’s.
Les featurings
Dr. Dre assume le fait qu’il ne soit pas le meilleur au micro. Il laisse donc la place à ses anciens compères plus ou moins oubliés comme Xzibit, Ice Cube & Snoop Dogg, à de nouveaux rappeurs/chanteur comme Anderson .Paak, Jill Scott, Justus, BJ The Chicago Kid…, et surtout à ses poulains Eminem, Kendrick Lamar, & The Game.
Pour commencer, il y a de bonnes surprises. Par exemple, BJ The Chicago Kid peut rappeler la voix de Nate Dogg, un des meilleurs hookers de sa génération.
Anderson .Paak est la plus grosse surprise de ce Compton : A Soundtrack. Il a une voix originale, et rend certaines musiques plus mélodieuses.
Mais il y a aussi des choses qui se confirment, Kendrick Lamar est bien au-dessus de tout le monde en ce moment. Il a un flow de folie, il enchaîne, et rap sur les meilleures instru’s. Heureusement parce que Kendrick est présent sur trois pistes.
Eminem a son propre duo avec Dre, et il assure comme d’habitude, même s’il commence à sentir le réchauffé dans ses textes comme dans sa façon de rapper. C’est à dire rapper calmement et monter crescendo jusqu’à crier à pleins poumons.
Game possède également son propre son (It’s motherfuckin’ Game time !) montrant encore une fois toute sa rage et son côté gangsta’. On aime ou on n’aime pas, mais faut avouer que le travail est bien fait. Surtout que le tout est adouci par la belle voix de la chanteuse Asia Bryant.
Malheureusement, il n’y a pas que du bon. Certains artistes, comme Snoop Dogg, se retrouve complétement effacé surtout dans One Shot One Kill. Le son est super énervé, on est donc loin du monde de Snoop. Heureusement qu’il retrouve sa place dans Satisfaction, la seule piste lorgnant vers la G-Funk. Mais ce n’est quand même pas inoubliable.
Au niveau des feat’s, ce que l’on pourrait reprocher c’est que chacun raconte un peu ce qu’il veut : par conséquent, dans une musique, on peut retrouver deux couplets avec deux univers bien différents. C’est dommage ça casse un peu le côté harmonieux.
Les prod’s
Fini, le rap, parlons des prod’s, parce que oui, Dr. Dre n’est peut être pas le meilleur rappeur, mais la production, c’est son monde, et ça se ressent. Les instru’s sont travaillées. Elles sont évolutives, et c’est ce qui fait que l’album est réussi. Il est impossible de s’ennuyer.
Entre instruments réels, instru’ G-Funk, instru’ plus actuels, on ne sait plus où donner de la tête. Mais le tout est tellement bien agencé, bien rythmé qu’on ne peut que souligner le travail de professionnel. Tout est fluide, du coup l’album s’enchaîne à une vitesse folle. Pour se terminer en beauté sur un son plus old-school laissant le micro à Dr. Dre. Il conclut avec l’aide d’un solo de trompette, et d’une phrase de son défunt ami, Nate Dogg.
Les coups de cœur
Impossible de partir sans proposer quelques sons coup de cœur. Pour commencer, Darkside/Gone est la piste la plus réussie grâce à sa seconde partie Gone, mettant en avant un piano, Dr. Dre, et surtout un Kendrick Lamar qui défonce tout sur son passage. Il signe ici le meilleur couplet de l’album et de loin.
Ensuite il y a bien All In a Day’s Work qui met en avant Anderson .Paak. En solo, il n’a pas l’air d’être exceptionnel mais en tant que Guest, il apporte beaucoup.
Pour se procurer Compton : A Soundtrack, l’album est disponible exclusivement sur Apple depuis le 7 août mais, pour les plus patients, il arrivera sur Spotify et autre Deezer à partir du 21 août.
Conclusion
Compton : A Soundtrack est un coup de cœur de cette première partie de l’année. C’est un album à se procurer d’urgence sauf si on est allergique au changement. Mais franchement ça vaut le coup d’essayer.
- Les couplets de Kendrick Lamar
- Anderson .Paak
- Les prod's en général
- Le manque de cohérence entre les couplets
- Snoop Dogg sous-exploité