Un demi-centenaire de musique à son actif, Neil Young a récemment sorti The Monsanto Years. Une attaque directe envers le géant américain, mais The Loner a-t-il encore les dents suffisamment aiguisées?
Après toutes ces années, Neil Young fait partie de ces icônes intouchables du rock, idolâtrées comme craintes, avec une véritable aura, et dont l’influence est toujours impressionnante sur la jeune génération. Pour cause, sa présence dans des groupes mythiques comme Buffalo Springfield et Crosby Stills Nash & Young, mais également des albums solos cultes comme After The Gold Rush (1970) et évidemment Harvest (1972), puisque ce dernier est jugé comme l’un des albums majeurs de l’histoire du rock et le plus emblématique de sa discographie. Chanteur à la voix haut-perchée et guitariste au style reconnaissable quasi-instantanément, sa musique oscille entre un folk-rock acoustique teinté de country et un rock abrasif, strident où la guitare sursaturée est omniprésente. En cela, Neil Young est considéré comme le créateur des premières formes de hard-rock et de grunge. The Loner est également reconnu pour ses textes militants, aux thèmes récurrents comme la lutte contre la drogue (The Needle And The Damage Done) ou pour la préservation de l’environnement (Natural Beauty, After The Gold Rush).
The Monsanto Years rentre dans cette dernière catégorie, où il attaque également une forme trop capitaliste de l’économie et les hommes trop avides. La voix est intacte, et la musique souvent intense et généreuse notamment grâce à la présence des deux fils de Willie Nelson, nés avec la country de leur père mais nourris par la fougue du rock. Un très bon épaulement pour Neil Young, même s’il n’a pas perdu de ses qualités de musicien. L’album est varié et mélodique, entre les plaintes acoustiques folk-country où l’on est touché par la voix fragile de Neil, et les morceaux heavy où ce dernier exprime toute sa colère. En somme, les compositions et les chorus de guitares bien acides sont très fidèles au style de Neil Young, mais les arrangements et la fraîcheur prodiguées par Promise Of The Real rendent les morceaux plus agiles et dynamiques qu’avec Crazy Horse (le groupe avec qui Neil Young a l’habitude de travailler). Morceau après morceau, on constate que l’album prend en masse et le propos acquiert de la force, jusqu’à « Monsanto Years » où l’on peut notamment entendre « le fermier, pour vendre sa production, est poussé à l’utilisation d’OGM […] qui sait quel avenir se profile pour les sols nourris par Monsanto ? ». Vous l’avez compris, avec cet album, Neil Young ne compte toujours pas se reposer sur ses lauriers et, pour reprendre une de ses hymnes, « Keep On Rockin’ In The Free World » !
- Ce rock abrasif
- Les textes engagés
- La collaboration avec Promise of the Real
- Seulement 9 pistes