Sólstafir venu d’Islande, fait éruption avec un nouvel album, Ótta
On continue à découvrir des groupes lointains pour s’attaquer aujourd’hui au pays de glace : l’Islande. Sólstafir a sorti Ótta en août dernier, leur 5ème album studio. Préparez-vous pour un voyage au pays des nuits boréales et de l’éternel soleil.
Sólstafir avant Ótta
Sólstafir (rayons crépusculaires) est un groupe islandais fondé en 1995. Après beaucoup de difficultés techniques et autres déboires relatifs aux nouveaux groupes, c’est finalement en 2002 que nos nordiques sortent leur premier album. Retardé par la recherche d’une maison de disque, ce sera avec leur second album Masterpiece of Bitterness (2005) que Sólstafir connaîtra un accueil plus chaleureux. Ce n’est qu’en 2009 avec leur 3eme album, Köld, et surtout en 2011 avec Svartir Sandar, que commencera réellement l’aventure internationale. Solstafir enchaîne les festivals estivaux et reçoit d’excellents retours des critiques qui s’intéressent de plus en plus à cette équipe qui n’a pas peur du froid.
Ótta « la nuit » en islandais, vient pour consolider le début de notoriété qu’à le groupe dans le milieu de métal « folk ». Pour la seconde fois, c’est sous le label français « Season of Mist » que Sólstafir nous propose de nous faire découvrir leur musique particulière.
Ótta – Tracklist (avec une traduction approximative)
1. »Lágnætti » (Minuit) – 8:44
2. »Ótta » – (Nuit) 9:38
3. »Rismál » – (l’Aube) 4:24
4. »Dagmál » – (le Matin) 5:39
5. »Miðdegi » – (Milieu de journée) 4:18
6. »Nón » – (Midi) 7:47
7. »Miðaftann » – (Milieu après-midi) 5:39
8. »Náttmál » – (Crépuscule) 11:15
Otta – un album à écouter sans s’arrêter
Alors que les débuts de Sólstafir avaient des sonorités black métal, le groupe semble se tourner de plus en plus vers le progressif, post rock voire même le doom métal. Ótta s’écoute sans interruption. On remarque dès la tracklist, que l’album s’articule autour des phases du jour et de la nuit, chaque chanson y représentant un moment. Nous naviguons entre les pistes, l’enchaînement est fluide et correspond à des passages d’une phase de la journée à une autre: la nuit sombre et lente au début devient une accélération en milieu de journée pour redescendre enfin. Le résultat est agréable à l’écoute, mais restreint la mise en avant d’une chanson phare qui pourrait porter l’album (comme l’était « Fjara » dans Svartir Sandar). Ótta doit être, pour donner sa pleine mesure, entendu dans son ensemble et ne peut pas être fragmenté.
Ótta et le reste de la discographie de Sólstafir correspond tout à fait à la magie que peuvent apporter ces groupes venus du nord. Comme Sigur Rós ou même Björk, malgré des styles très différents, ils partagent une certaine pureté, une atmosphère particulière que l’on ne retrouve pas ailleurs. Les conditions climatiques semblent influencer la conception même de la mélodie, la transformant en un concept entre clarté, froideur et dureté. Les passages mélancoliques de Ótta nous rappellent ceux de Sigur Rós, sans plagier on sent que la source est la même. La différence de rythme dans les morceaux nous fait penser à un combat tenace avec la nature. La voix de son chanteur, Aðalbjörn Tryggvason (une bière si vous arrivez à bien le prononcer) est en fusion parfaite avec le style : souple, douce pouvant monter en puissance supportant alors la rythmique lourde de la basse.
Le concept artistique de la couverture de Ótta nous fait penser au « Vieil Homme Et La Mer » d’Hemingway. Ce roman symbolise le combat de l’homme face à la nature, un pêcheur et la capture d’un marlin. En prolongeant notre imagination et en s’inspirant du symbole du vieil homme aux différentes phases de la journée, on se retrouve volontiers dans la représentation de la vie humaine, de la naissance au trépas.
Ótta ne sera peut-être pas apprécié par les puristes des débuts du groupe. Loin du black métal, il s’agit de progressif mélancolique, à la fois oppressant et pur. Sólstafir semble être à l’apogée de son style et, cela pour notre plus grand plaisir.
Si vous voulez en savoir plus sur Ótta de Sólstafir, voici des liens :
http://www.noisemag.net/solstafir-otta-en-ecoute-integrale/
http://www.radiometal.com/article/solstafir-otta,156969
- L'appel du nord
- L'ambiance pure et dure
- Le manque de chanson phare