Music In Exile : Une musique métissée entre traditionnel et modernité
Des albums renferment parfois de sacrés histoires. Et c’est le cas de Music In Exile de Songhoy Blues né de la rencontre entre 4 musiciens maliens, tous originaires du peuple Songhaï (d’où « Songhoy » dans le nom du groupe) chassés de leurs terres par des mercenaires islamistes qui font des ravages notamment au Nord du Mali. C’est presque par accident qu’ils se retrouvèrent à Bamako et commencèrent à tourner dans des cabarets. La vitesse supérieure? Elle est enclenchée quand un certain Damon Albarn les découvre et réalise, avec Brian Eno, le morceau Soubour, premier des onze qui composent cet album… et pas le moins bien réussi !
La musique de Songhoy Blues ? Bien que la réponse soit plus ou moins dans la question, c’est par moment très électrique au point d’être plutôt considéré comme du rock plutôt que du blues couplé aux musiques traditionnelles maliennes, ce qui leur a notamment permis de créer de très belles sensations aux Transmusicales 2014 à Rennes, festival où de nombreux artistes étrangers ont pu faire leur baptême en France par le passé : Björk, Lenny Kravitz ou Nirvana pour ne citer qu’eux.
Les compositions sont équilibrées entre un blues électrique à la John Lee Hooker et les musiques du désert, à l’instar d’Ali Farka Touré. Cela offre une palette de couleurs beaucoup plus large pour le groupe qu’avec du blues standard. Le petit bémol que l’on pourrait souligner est que les couleurs apportées par les musiques du désert induisent aussi une certaine rigidité rythmique qui entraîne une légère redondance dans les percussions. Le mélange donne pourtant un ensemble assez atypique, dépaysant mais pas déroutant.
Avec un premier album réussi, Songhoy Blues symbolise une Afrique bien vivante et rejoint la génération montante africaine, dont Tinarwen en est l’un des plus jeunes et plus proche cousin.
- Le mélange des genres
- Le dépaysement
- La redondance rythmique