Le maître du rock progressif frappe encore. Steven Wilson semble être inarrêtable dans la conception de chefs d’œuvre musicaux. Hand. Cannot. Erase. confirme-t-il la tendance ?
La nébuleuse galaxie qu’est la musique progressive est source intarissable de sonorités, de rythmes ou d’ambiance. Encore faut-il pouvoir y accéder. Souvent cantonné, hélas, à une minorité de connaisseurs, ce style regorge d’attributs attrayants. Steven Wilson est devenu le maître dans cette catégorie. La sortie de son nouvel album se devait d’être entendue. Hand. Cannot. Erase. voilà notre avis !
Nul n’est prophète dans son pays ?
Depuis de nombreuses années, Steven Wilson nous a prouvé son talent. Qu’il soit chanteur-leader dans son groupe Porcupine Tree, à la production avec Opeth (Pale Communion) ou dans sa carrière solo (The Raven That Refused to Sing), il ne semble souffrir d’aucune faiblesse. Chaque apparition est gratifiée par le milieu, sans parler des salles combles lors de ses passages Lives.
La sortie de son nouvel album Hand. Cannot. Erase. disponible depuis le 27 février dernier nous imprègne d’une sensation de scepticisme. Est-il encore possible d’innover dans un milieu où tant d’autres ont échoué ? The Endless River – Pink Floyd bien qu’intéressant, souffre d’un manque clair de renouveau de style. En mettant de côté la particularité de la création de cet album, on pouvait peut-être s’attendre à quelques folies. Alors que The Raven That Refused to Sing était déjà une évolution des précédents albums, notre crainte reste, bien sûr, l’arrivée possible d’une banalité artistique. L’impression dégagée de Hand. Cannot. Erase. est heureusement positive.
Hand. Cannot. Erase. Tracklist
- First Regret 2:01
- 3 Years Older 10:18
- Hand. Cannot. Erase. 4:13
- Perfect Life 4:43
- Routine 8:58
- Home Invasion 6:24
- Regret #9 5:00
- Transience 2:43
- Ancestral 13:30
- Happy Returns 6:00
- Ascendant Here On… 1:54
Transitions mises à part, aucune chanson ne fait moins de 4 min. Nous restons dans un classique de diffusion dans le milieu. Hand. Cannot. Erase. a une durée totale de 65 minutes, nous avons la bonne sensation d’en avoir pour nos oreilles. L’album s’articule parfaitement. Travaillé et peaufiné, nous sentons le souci du détail dans les transitions fluides entre les différents morceaux. Rien d’étonnant à cela, le style progressif est fait pour ça.
Hand. Cannot. Erase. explore un style différent
Jamais très loin de son dernier album, The Raven That Refused to Sing très sombre et profond, Hand. Cannot. Erase. nous fait voyager vers de nouvelles sensations. Sans changer radicalement de support créatif, l’album va être sur un ton moins grave. « Perfect Life » est une balade mélancolique nous plongeant dans une humilité qui ressemble étrangement à un hommage dissimulé. Des sources folk-jazz sont de nouveau très présentes dans les titres comme « 3 Years Older » ou « Home Invasion » qui rappellera sans aucun doute certains morceaux de Pocrupine Tree. Avec une instrumentale reconnaissable, nous nous détachons du domaine du connu par la collaboration d’une voie féminine atypique: « Routine » en est un très bon exemple avec un changement de ton dans la seconde moitié de la chanson.
Nous retrouvons particulièrement la capacité intonative de l’artiste dans « Regret #9 » qui nous montre des rifts intenses et profonds avec un mix rythmé habile ainsi qu’une écriture également travaillée. « Transience » nous dévoile la voix mélodieuse de Steven Wilson, portée par des cœurs gothiques. Ou « Happy Returns » qui semble clôturer l’album par une sorte de concentration du possible artistique. Etonnamment, « Hand. Cannot. Erase. » est ici une expérience plutôt classique d’une chanson Pop/métal, un style non exploré par Steven Wilson pour le moment.
Hand. Cannot. Erase. a été inspiré par Joyce Carol Vincent
Joyce Carol Vincent est une femme retrouvée morte dans son appartement à Londres, trois ans après son décès. En difficulté sociale et recluse, son histoire a été révélée dans un documentaire « Dreams of a Life ». Celui-ci a inspiré Steven Wilson pour illustrer ses pensées. Hand. Cannot. Erase. est un voyage musical parsemé de nombreux moments de simplicité mélodique, mais rattrapé par des pensées d’aliénation urbaine et le détachement de la société.
Hand. Cannot. Erase. est une réussite. Ancrés dans la modernité sonore et spirituelle évinçant les débuts du style progressif, nous sommes tournés vers des paysages sonores industriels sombres et maussades. Virtuose méconnu du grand public, c’est encore avec beaucoup de plaisir que nous élevons, sans avis réservé, Hand. Cannot. Erase. au rang de chef d’œuvre.
Si vous voulez en savoir plus sur Steven Wilson et Hand. Cannot. Erase. je vous conseille les liens suivants :
http://www.theguardian.com/music/2015/feb/26/steven-wilson-hand-cannot-erase-review
http://recordcollectormag.com/reviews/hand-erase
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