Retour sur la plage avec Kendji Girac : feu de paille ou feu de joie ?
Alors que les précédents vainqueurs du concours The Voice n’ont pas particulièrement fait date, Kendji Girac, grand gagnant de la dernière édition connait un succès nettement plus franc avec son album sobrement intitulé Kendji Girac. Au point d’être nommé dans la catégorie « Révélation francophone de l’année » aux NRJ Music Awards. Serait-il possible que The Voice profite à d’autres artistes qu’aux 4 coaches vedettes ?
Lorsqu’on se penche sur la jaquette de l’album de Kendji Girac, tout est dit. Un beau gosse aux allures gitanes nous accueille sur une route ensoleillée qui nous rammène à nos souvenirs d’un été trop vite passé. Fort heureusement, Kendji Girac nous propose de nous replonger dans cette ambiance estivale, et de nous faire bronzer en écoutant un album, certes de variétés, mais aux très fortes allures latino. L’album de Kendji Girac se veut volontiers métissé, bâti bien entendu sur la guitare classique (musique gitane oblige), mais sur des sons et des rythmes plus atypiques (rythmiques electro, ragga, RNB). Le chanteur n’est pas sans évoquer un Enrique Iglesias en herbe, ascendant Ricky Martin. Mais sa musique semble s’en démarquer sur bien des aspects.
Une chose est sure, pour assurer le succès de cet album, les producteurs de Kendji Girac ont eu un objectif principal : surfer sur le succès de The Voice en sortant un premier disque rapidement, avant que les fans du chanteur ne l’oublient et passent à autre chose. Une stratégie qui aboutit à un album sorti le plus vite possible, avec des chansons écrites à la va vite peut-être ? Car des 13 titres de de l’album de Kendji Girac, tous ont un côté popcorn jetable pour une génération qui zappe. A l’écoute de cette œuvre, on pourrait penser qu’elle est à la musique ce que le roman de gare est à la littérature : des chansons légères, sans saveur et sans odeur, une sorte d’album de plage en somme. Si ce côté insouciant et sans profondeur passe parfois lorsqu’il est interprété dans une langue étrangère, la musique francophone a, elle, une tradition de chansons à texte. Et c’est là que le bât blesse. Kendji Girac décline sur tous les tons son univers latino où le voyage, la fête, les filles caractérielles et le soleil (dites-moi si j’en oublie) sont évoqués tour à tour. Et pour lier ces thématiques clés, tous les prétextes sont bons, tant et si bien que certaines pistes revêtent des faux airs de concours de kamoulox. Les paroles sont interchangeables, on saisit au vol une idée principale simple et clichée déclinée en un couplet qui ne veut finalement pas dire grand chose.
Un exemple avec le titre “Au sommet” :
Chaque jour, c’est le même combat
Être plus heureux qu’hier
Cette main tendue quand je tombe
Les cœurs ne s’ouvrent qu’en hiver,
N’attends pas l’été pour te paumer
Y a des jours comme ça où tout va de travers
Pour porter ces paroles ensoleillées, Kendji Girac fait de son mieux. Sa voix n’est pas désagréable, son timbre chaleureux, et sa prestation convaincue (à défaut de convaincante) révèle un enthousiasme que nous saluons. Sauf quand il tente de monter dans les aigus ou de pousser un peu trop sa voix. Des défauts que nous pardonnerons à ce chanteur débutant, qui a bien le temps de prendre des cours. Des défauts qui auront tout de même tendance à nous pousser vers les chants d’autres sirènes latino (oui même toi Shakira).
Les titres ont beau ratisser large en se construisant tantôt sur des beats ragga, tantôt sur du RNB, on ne retiendra pas la variété des chansons. Les morceaux sont dans l’ensemble très ressemblants, et au bout de quelques minutes d’écoute on se perd à se demander combien de chansons du même genre on a déjà entendu dans l’album. Un album de plage, vous dis-je.
- Un album qui donne le sourire
- La faiblesse des textes
- La voix limitée