Alain Souchon et Laurent Voulzy : Voyage au bout de l’ennui
Après une vie d’amitié et de collaborations plus ou moins lointaines, le fantasme de Laurent Voulzy et Alain Souchon est enfin devenu réalité : l’album qui porte leur deux noms est enfin sorti. Comble du bonheur, il connaît le succès, dépassant même les ventes du nouvel album de Johnny Hallyday. Quand deux sommités de la variété française mêlent leurs compétences (Souchon à l’écriture, Voulzy à la composition), cela donne-t-il deux fois plus de bonne musique ?
Au niveau de la recette, on retrouve déjà la patte de chacun. Alain Souchon apporte ses textes à la poésie douce, aux réminiscences adolescentes. Laurent Voulzy des mélodies acidulées qui fleurent parfois les Beatles, dans lesquels les harmonies s’ajoutent les unes aux autres, en plus de chœurs à n’en plus finir. Cela donne un album aseptisé, dans lequel les voix douces comme de la chantilly s’entremêlent en une substance évaporée, fragile et surannée, aux accents mélancoliques (Il roule – Les fleurs du bal, Bad Boys). En fait tout est tellement imbriqué qu’on ne distingue parfois plus la voix de chacun des chanteurs. Ce qui est tout de même dommage car on espérait au contraire des chansons qui mettent en valeur les qualités vocales de nos deux artistes.
Avec cette ligne douce et sucrée comme fil conducteur, on ne pourra pas dire que l’album manque de cohérence ! Mais quelle déception quand on attendait de Voulzy et Souchon des moments de grâce comme ceux qui ont parsemé leur carrières respectives. Même la jolie ballade La baie des fourmis, avec sa belle guitare sèche, et qui rappelle un peu le tube Le soleil donne de Laurent Voulzy, ou encore le piano de Souffrir c’est ce souvenir ne nous entraînent pas. Pire : ne nous enchantent pas. Même dans la tentative plus engagée politiquement de Oiseau malin, on se dit que cela sonne creux et faux. L’écoute de ce premier opus signé Laurent Voulzy et Alain Souchon s’avère lente et difficile, car tout se ressemble et dégouline de bons sentiments. Les grosses ficelles sont de sortie, finie la délicatesse charmante à laquelle nous avaient habitués les deux amis. Au final, ce premier album signé à deux déçoit doublement : d’abord par sa qualité moyenne, ensuite parce qu’on attendait mieux des deux acolytes qui nous vendent du réchauffé « déjà entendu »… en moins bon.
- Les jolies voix de ces grands artistes
- De jolies petites mélodies par ci par là
- Tout l'album se ressemble
- ... et ressemble aux autres albums des deux chanteurs, en moins bien