A votre avis, que se passe-t-il quand la justice est impuissante face au crime organisé ? Daredevil, un aveugle, avocat le jour et justicier la nuit, se montre. La série de Marvel vient de terminer sa première saison, le débriefing commence.
Nous vous l’avions présenté dans cette préview sur les 2 premiers épisodes, DareDevil arrive sur petit écran pour une série estampillée : maison des idées. Après une adaptation sur grand écran qui ne marquera pas le public, Marvel retente de reprendre le héros dans un nouveau format. Sans non plus dévoiler de gros spoilers, cette critique reviendra sur le scénario et peut donc déplaire aux plus curieux. Diffusée sur la chaine NetFlix, la saison 1 vient de s’achever, c’est le moment de donner notre avis.
Daredevil est un héros atypique
Si vous ne connaissez pas les origines du héros, je vous invite à revenir sur notre présentation de la série. Daredevil est un super-héros certes, mais alors que bien des personnages sont dignes de modèles de réussite ou d’intégration, il faut reconnaître que peu ont une infirmité majeure, en mettant de côté évidement les super-héros bioniques. Car oui, l’infirmité – la perte de vision, de Matthew Murdock sera bien sa force. Un avis partant sur un discours émouvant sera évité ici et je préfère voir une volonté de s’écarter du schéma classique de construction du modèle social créé autour des super-héros.
Daredevil ne s’éloigne pas non plus totalement dans la construction de son personnage. Une infirmité certes, mais elle sera le déclenchement et la prise de conscience de la responsabilité qu’a notre héros sur la ville qui lui est chère. Témoin récurent de viols dans un immeuble voisin, son ouïe développée lui permettant d’entendre à grande distance, il franchira le pas en faisant comprendre par les poings à l’agresseur qu’il était dans son intérêt de ne plus recommencer.
Une première saison installe le décor de la série
Revenons à l’adaptation sur petit écran. La première saison de Daredevil est faite pour présenter en profondeur tous les personnages principaux de l’intrigue. Contrairement au film, nous avons ici 13 heures pour comprendre l’environnement où se tiendra l’action. La saison 1 prend le temps qu’il faut pour présenter son grand méchant : Wilson Fisk alias Kingpin. Uniquement la voix, puis de dos ou à contre-champ, il y a une réelle volonté de ne pas l’exposer directement. En accord total avec le personnage puisqu’il souhaite tirer les ficelles du crime organisé sans jamais se mouiller.
Autre particularité de celui-ci, il n’est pas présenté comme un homme sans scrupules, bien au contraire. Il n’est pas cruel pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il fait. En effet, même si cela peut paraître incohérent, ce n’est pas la profusion d’horreur émanant de lui qui créera chez le spectateur une appréhension négative du personnage. Pour éviter de tomber dans ce cliché facile, c’est bien au contraire en le rendant gentil, humain qu’il sera difficile de prédire son prochain coup bas. C’est une réussite ici pour Wilson Fisk qui montrera de l’affection, son côté humain en opposition à son règne sur le crime de Hell’s Kitchen.
Dans le même genre, le personnage de Daredevil se construira au fur et à mesure des épisodes. Par des flashbacks plutôt bien dosés, nous découvrirons les facettes du héros. Charlie Cox incarne très bien, à mon sens, le rôle de l’avocat aveugle. Le costume noir fait maison, avec une simple cagoule, se rapproche de ce que nous avons vu dans la série Arrow. Répondant au nom de « l’homme cagoulé », le comble sera de ne voir le costume définitif qu’au dernier épisode, tout comme son nom.
La série n’est pas un sans faute
Il y a un manque visible de profondeur à cette série. Pour le moment trop superficielle, nous ne ressentons pas encore le besoin de Daredevil dans Hell’s Kitchen. L’ambiance, assombrie en post-production par l’ajout d’un filtre à l’image, ne nous fait pas vivre l’enfer de la population. Le scénario se contente de survoler la souffrance, la noirceur, la détérioration ambiante de la société. C’est à la fois un manque de dualité pour radicaliser la situation et une insuffisance de représentations pour intriguer le spectateur.
La trame ne nous propose pas non plus de rebondissements constants. Ce point est pourtant plutôt positif. Il cherche à donner un vrai sens à une construction narrative au lieu de se contenter de créer une tension permanente qui se contente de n’être que rebondissements sur rebondissements, un phénomène bien trop répandu dans certaines séries. Il faut ici apprécier la mise en place méthodique d’un dessein plus grand. Malheureusement, couplé avec le point précédent, le rythme peut paraître assez lent. S’accélérant pour les quelques scène d’actions aussi biens faites soient-elles.
Le nouveau format avec cette série Daredevil est un succès. La première saison se termine en ouvrant des possibilités scénaristiques importantes. Le décor a été habilement exposé, les personnages développés. Malgré une superficialité critiquable de l’environnement, nous garderons un avis positif de ce retour à l’écran pour notre super-héros.
Si vous voulez en savoir plus sur la saison 1 de Daredevil, je vous conseille les liens suivant :
http://www.parismatch.com/Culture/Medias/Avec-Daredevil-Netflix-tente-le-diable-742644
http://www.telerama.fr/series-tv/avec-daredevil-netflix-a-vu-juste,124623.php
- Le retour de super-héros
- La construction scénaristique
- Le manque de profondeur de l’environnement