Doctor Who saison 8 : un nouveau Docteur un peu trop sombre à mon goût
Nouveau Docteur, nouvelle saison. La 8e saison de Doctor Who vient de s’achever avec Peter Capaldi dans le rôle titre, et les fans ont assisté à un véritable virage psychologique de leur personnage préféré. Pour le meilleur ou pour le pire ?
Pour ceux qui n’ont jamais vu Doctor Who (les fans peuvent passer, compléter mes propos, ou rager sur mes approximations)
Doctor Who est la plus vieille série de SF de tous les temps, on a d’ailleurs fêté ses 50 ans fin 2013. De nombreux acteurs se sont relayés dans le rôle principal du Docteur, puisque la particularité de ce Seigneur du Temps (espèce alien capable de voyager dans le temps et l’espace à bord d’un vaisseau spatial en forme de cabine téléphonique) est de pouvoir se régénérer et revenir sous une apparence différente. La série suit les aventures de ce personnage haut en couleurs qui tente principalement de sauver l’humanité d’attaques extra-terrestres diverses et variées, ou doit résoudre des mystères insolubles sur une planète lointaine de l’univers avec, à ses côtés, une acolyte humaine.
Pour vous donner une idée du succès et de l’impact de la série, l’épisode du 50e anniversaire diffusé en novembre 2013 en simultané dans 94 pays a été suivi par 77 millions de téléspectateurs dans le monde.
Quelle est la particularité de la série par rapport aux autres séries SF ? Doctor Who demande un esprit ouvert sur des univers d’imagination. L’originalité des scenarii – sous la direction désormais de Steven Moffat (le créateur de Sherlock) – est stupéfiante, et réussit encore à surprendre le spectateur après ces 8 saisons (la diffusion de la série a repris en 2005). Qu’on voyage aux confins de l’univers sur une planète faite de flammes, qu’on chevauche aux côtés de la reine Elizabeth Ière, ou qu’on tente de résoudre une énigme vieille de plusieurs millénaires, on ne sait jamais à quoi s’attendre tant les intrigues sont renouvelées. Le personnage principal du Docteur est également extrêmement charismatique et chevaleresque : il représente le héros déchu, le dernier espoir, celui qui joue au naïf avec légèreté et qui doit pourtant prendre des décisions impossibles pour sauver la situation, humour british et petit côté kitsch inclus.
Doctor Who saison 8 : quand le soufflé retombe
Peter Capaldi (The Musketeers, The Hour) incarne le nouveau Docteur de cette 8e saison de Doctor Who. Un choix intéressant puisque l’Ecossais succède à de plus jeunes acteurs, apportant son expérience, son accent, et son physique sec assez particulier. Comme pour tout nouveau Docteur, on est d’abord un peu dubitatif, puis complètement emballé par son jeu d’une justesse et d’une variété exceptionnelle. Jenna Coleman, dans le rôle de son assistante, reste une très bonne actrice, bien que cette saison lui accorde une place un peu plus cucul que la précédente (dommage). Mention spéciale pour Michelle Gomez au rôle fort mystérieux, qui révèle dans les deux derniers épisodes un jeu savoureux, dans un rôle aussi suave que manipulateur qui lui sied à merveille.
Si on ne remet pas en cause le brillant Peter Capaldi, on s’interroge en revanche profondément sur le virage observé dans cette nouvelle saison de Doctor Who. Le Docteur n’est plus ce fringant alien jamais désarçonné qu’incarnait David Tennant (Broadchurch), il n’est plus non plus le jeune et déjanté, bien qu’un peu plus sombre, Docteur au fez de Matt Smith. Peter Capaldi est un Docteur sombre, parfois étonnamment égoïste, manquant de la compassion et de la joyeuse folie qui animait ses prédécesseurs. Il envisage désormais les situations avec gravité. Exit la légèreté et l’humour british en toute situation. La musique reflète même cette perte d’âme : finies les grandes envolées épiques, l’émotion est réduite au minimum.
La saison démarre d’ailleurs un peu mollement avant de ronronner sans jamais prendre son essor, même si certains épisodes se démarquent franchement par leur qualité (je pense à l’épisode du braquage de banque façon Ocean’s Eleven). La trame de fond est au mieux intrigante, se finissant par un double épisode de fin de saison assez décevant.
Après un épisode du 50e anniversaire haletant qui nous en apprenait énormément sur le personnage et son background (la chute de Gallifrey notamment !), on est assez déçu de ce tournant pour une série qui avait toujours su se renouveler. On espère que la saison 9 de Doctor Who saura retrouver un souffle épique et une âme…
En attendant et pour patienter, rendez-vous prochainement pour l’épisode spécial avec en guest le Père Noël himself.
- Peter Capaldi
- Les daleks
- Scénario un peu faiblard par rapport à d'habitude
- Un Docteur sans âme ?