Sans trop approfondir en comparant la mini-série au roman The casual vacancy, cette critique présentera le décor et surtout un avis sur les personnages.
JK Rowling a choisi de s’écarter de la saga Harry Potter qui l’a rendue si célèbre en publiant The casual vacancy (Une place à prendre en version française). cette auteur désormais connue dans le monde entier grâce à l’univers fantastique qu’elle a créé change complètement de registre avec une ambiance sérieuse et des personnages réels au possible.
Une adaptation originale
La chaîne britannique BBC a diffusé les trois épisodes au format d’une heure de la mini-série. Le scénario ne colle pas exactement au roman comme Sarah Phelps la scénariste l’a précisé, mais il est d’autant plus intriguant de découvrir un projet unique qu’une adaptation stricte du roman à l’écran. C’est le cas, notamment grâce à un travail de réalisation esthétiquement soigné par Jonny Campbell (Doctor Who, In the flesh) qui révèle l’ambiance parfois bucolique de The casual vacancy, mais aussi parfois plus violente et sordide. Cette nuance est atteinte avec maîtrise, sans trop de lenteur dans le rythme malgré un format peut-être discutable mais adapté à un visionnage à la suite.
Un village banal témoin de la lutte des classes
L’intrigue se déroule dans le village anglais de Pagford où les personnages se querellent au sein du Conseil paroissial afin de voter les projets pour l’entretien des lieux publics. Les personnages sont intéressants car ils évoluent grandement entre le premier et l’ultime épisode, à travers l’éventail des différentes classes sociales anglaises : en effet, ce phénomène est très précisément décrit au Royaume-Uni partant du « précariat » à l’élite de la société.
Le précariat est ici représenté par Krystal Weedon, une adolescente perturbée par un cadre de vie déplorable dans lequel elle lutte néanmoins et reçoit la protection de Barry Fairbrother. Mais quand celui-ci décède, elle est livrée à elle-même et doit faire face à des soucis qu’une jeune adolescente ne devrait pas avoir à gérer et c’est pourquoi elle est le symbole de cette histoire : son personnage est un lien dans la communauté, elle vit dans « les champs » le lieu délaissé par les habitants de la ville qui redoutent la fréquentation malfamée de cet endroit, mais elle étudie dans le même lycée que les classes supérieures et fréquente ces classes-là.
La psychologie de son personnage est brillamment retranscrite par Abigail Lawrie, grande révélation de cette série. A seulement 16 ans lors du tournage, elle dégage une confiance en soi inébranlable à l’écran en jouant un rôle pourtant difficile et émouvant. Keeley Hawes interprète Samantha Mollison, une épouse désabusée et mère diabolisée par des jumelles qui inspirent tout le mal que l’on puisse éprouver envers la génération adolescente actuelle. Shirley est une outsider qui ne correspond pas aux critères de bru parfaite et se sent incomprise en évoluant parmi des gens guindés et hypocrites, sa détresse transmet une compassion qui la rend attachante.
On découvre également Michael Gambon qui jouait le professeur Dumbledore dans Harry Potter. Voilà pour le lien de la série avec JK Rowling, mais ici le registre est totalement différent puisqu’il interprète Howard Mollison : un vieux plutôt repoussant, aisé et un peu pervers. Il mène ce rôle en duo avec Julia McKenzie qui l’égale dans l’exécrable épouse qu’elle joue.
Un message politique fort
Dans une époque où les aides sociales sont vivement critiquées, le personnage principal, Barry, met en garde son entourage avec des dialogues sincères sur l’importance d’aider les moins bien lotis et de pas profiter outre mesure des privilèges que l’on possède car c’est là que réside l’équilibre entre les puissants et les démunis de la société. La classe ouvrière est aussi en jeu avec Simon Price, le frère du défunt Barry Fairbrother qui n’a aucun point commun avec lui puisqu’il est aigri dans sa condition moyenne et agit de manière violente avec sa famille, comme un défouloir.
Sans lui pour prêcher la bonne parole, le couple avare des Mollison a la main mise sur le conseil et oriente les décisions du groupe afin de se débarrasser finalement de l’épine dans leur pied qu’était Barry. Seulement, la majorité des membres ne vote pas en leur faveur et lutte tout au long du film contre leur projet égoïste qui ne cache qu’un désir d’écarter au maximum les habitants dans le besoin alentour.
Une diversité ethnique représentée
Un autre point positif de The casual vacancy est l’ethnie des personnages : le Dr Jawanda est hindoue et porte librement son sari, Kay Bawden et sa fille Gaia sont deux femmes noires. C’est agréable de suivre une histoire qui ne présente pas uniquement des personnages blancs, et confirme la diversité des représentations dans la série. The casual vacancy s’achève en un dénouement sinistre mais qui laisse à réfléchir, d’ailleurs les personnages sont tous changés par un événement choquant et nous quittent sur une note d’espoir avec un champ d’ouverture en suspens.
Voici une critique du roman The casual vacancy de JK Rowling par l’Express: http://www.lexpress.fr/culture/livre/une-place-a-prendre-le-nouveau-roman-de-j-k-rowling-passe-le-test-de-la-page-99_1167114.html
- L'adaptation originale du roman
- Les personnages divers et intéressants
- La critique sociologique développée
- Le format un peu long