Critique – The Americans saison 1
Des espions soviétiques se faisant passer pour un gentil couple américain sur le sol de l’Oncle Sam en pleine Guerre Froide ? Nous sommes en pleines années 80, et à l’ère du papier carbone et des tous premiers ordinateurs, Jack Bauer aurait bien du mal à faire son travail. Plongée dans les méandres de l’espionnage à l’ancienne, du bon vieux stylo-micro-enregistreur planqué sur une étagère à l’intervention musclée en rouflaquettes, brushings outrageusement volumineux inclus.
Phillip et Catherine forment un couple sans histoires, habitent dans une banlieue sans intérêt avec leurs deux enfants et travaillent dans une agence de voyage, alors que Ronald Reagan débute son mandat. Sous cette couverture idyllique se cachent en réalité deux agents spéciaux du KGB infiltrés aux Etats-Unis. De l’assassinat discret à la récolte d’informations, leurs missions s’avèrent plus périlleuses les unes que les autres. Et dans un pays qui offre de multiples plaisirs et libertés, conserver ses convictions pour une Mère Patrie fort lointaine s’avère parfois extrêmement difficile.
Outre une restitution particulièrement réussie du mode de vie des années 80 aux Etats-Unis, The Americans met en lumière le dilemme permanent agitant les deux blocs lors de la Guerre Froide : deux pays aux convictions opposées. Deux pays ayant le doigt sur la gâchette nucléaire. Deux pays ne voulant toutefois surtout pas être le premier à embraser le monde.
Ce dilemme est ici représenté par nos deux héros, puisque le point de vue développé est celui des agents soviétiques. Formés et conditionnés dès leur plus jeune âge pour toutes les missions d’espionnage requises en territoire ennemi, ceux-ci sont confrontés jour après jour à un mode de vie qui ne leur paraît finalement pas si hostile. La réalité du terrain et celle des ordres venant de Moscou, s’enflammant à la moindre étincelle vécue comme une provocation, entrent d’ailleurs parfois en contradiction.
Outre les enlèvements, tortures, infiltrations à coups de perruques incroyables, et placements de micros quotidiens de nos deux agents, nous suivons ainsi la myriade d’espions, agents doubles et sympathisants qui mènent la guerre souterraine. Et si les convictions sont fortement et souvent répétées en public, les retournements de veste et autres trahisons meurtrières pour cause d’intérêts particuliers sont légion. Chaque camp pousse ses pions, espérant gagner un avantage sur une ligne de front mouvante. Cette partie d’échecs sans fin participe vraiment au charme de la série.
Le casting de The Americans est également sans conteste une de ses grandes forces. Servis par un scénario efficace, Keri Russell (vue dans Mission Impossible 3 et à l’affiche cet été du prochain opus de La planète des singes), l’incroyable Margo Martindale (nominée d’ailleurs aux Emmy Awards pour ce rôle, aperçue dans Million Dollar Baby et plus récemment dans Esther), et Matthew Rhys livrent des prestations proprement stupéfiantes de justesse.
Un mot enfin sur un générique nominé aux Emmy Awards qui vaut le détour. Un montage vraiment intéressant mêlant images d’archives et images de la série, plus une musique qui met directement dans l’ambiance : à mettre pour moi directement dans la catégorie des génériques qui ne servent pas simplement à montrer le titre de la série, et apportent même quelque chose.
Faut-il regarder The Americans ?
Sans conteste une réussite. The Americans a l’élégance et le charme des séries créées et tournées avec soin, avec un casting intéressant et une histoire qui accroche le spectateur tout au long de ses 13 épisodes (malgré une légère baisse de rythme en milieu de saison). La saison 2 arrive d’ailleurs rapidement avec un premier épisode dès le 26 février prochain sur les écrans américains. Cela laisse amplement le temps de voir et apprécier cette saison 1 qui se termine en plein cliffhanger.
- Des premiers rôles formidables, des seconds rôles justes et intéressants
- Plutôt captivant : de l'action, de la stratégie
- La reconstitution, les décors
- Un milieu de saison un peu plus mou