Critique – 3000 nuits

On prend de l’avance avec notre critique de 3000 nuits, de Mai Masri qui sortira le 4 janvier 2017.

3000 Nuits est le 9ème film de Mai Masri, une réalisatrice palestinienne vivant aux Etats-Unis. Et on peut dire qu’elle frappe fort puisque le film était présenté au dernier festival de Toronto et surtout, il est pré-sélectionné pour l’Oscar du meilleur film étranger lors de la cérémonie qui aura lieu en février prochain. 3000 nuits représentera la Jordanie – la production est assez internationale : la Palestine, la Jordanie, la France et le Liban ont joint leur forces pour que le projet voit le jour. Le sujet : une jeune femme palestinienne se retrouve incarcérée suite à un attentat auquel elle n’a pas pris part . Le résultat : un film puissant et engagé.

Blue is the new black

1980. Layal (interprétée par la superbe actrice Maisa Abd Elhadi) est une jeune institutrice qui vit avec son mari Farid à Naplouse. Elle est un jour arrêtée et emprisonnée pour avoir portée secours à un jeune homme lors d’un attentat. Pour la justice israélienne, c’est une terroriste. Elle est traînée dans une prison où elle porte l’uniforme bleu, comme ses compatriotes. Les premiers jours, elle partage sa cellule avec des détenues israéliennes de droit commun. Et puis, elle découvre qu’elle est enceinte. Malgré la situation, et contre l’avis de son mari, elle décide de garder l’enfant.

affiche 3000 nuits

3000 nuits, c’est le temps que Layal va passer derrière les barreaux. 8 ans, pour un crime qu’elle n’a pas commis. Violence, drogue et corruption vont être son quotidien. Entre la pression des gardiennes, des autres détenues et la situation de son pays , c’est la naissance de son enfant qui donnera un sens à son existence.

Un film engagé

3000 nuits et son délicat sujet ont déchaîné les passions. Et pas la peine d’aller bien loin pour le constater puisque la projection du film a Argenteuil a été annulé, puis reprogrammée, avant d’être annulée à nouveau. Pour en savoir plus là-dessus, rendez-vous sur le site de Télérama qui explique tout cela très en détails.

photo de 3000 nuits

Le film de Mai Masri est une plongée au cœur de l’univers carcéral mais aussi une autre façon de raconter le conflit israélo-palestinien. Si les bombes explosent dehors, elles détruisent des vies au fond des cellules et chaque événements est l’occasion d’attiser les rivalités entres les détenues. La réalisatrice dénonce les conditions de détention des Palestiniennes et revient sur les massacres de Sabra et Chatila perpétrés en 1982 à Beyrouth.  3000 nuits s’inspire de faits réels et ressemble par certains aspects à un documentaire. La réalisatrice a rencontré et interrogé plusieurs anciennes détenues, dont une professeure, qui a donné naissance à son premier enfant en prison.

Le film est dur et certaines scènes presque insoutenables. Les cellules sont grises et très sombres, les visages durs. le fait que toute l’histoire se déroule dans le centre de détention ajoute à l’atmosphère étouffante et pesante. Le personnage de Layal est au centre de 3000 nuits. C’est à elle que l’on s’identifie, épousant sa souffrance, son combat mais aussi son espoir et son courage (elle reste honnête et fidèle à ses valeurs malgré les pression exercées sur elle pour qu’elle avorte ou encore qu’elle mente lors de son procès).

L’enfant-lumière

Dans cet univers cruel, Nour, l’enfant de Layal est symbole de vie et de renouveau. Choyé par toutes les co-détenues de l’héroïne, il est un peu comme le fils ou petit fils de ces femmes . L’une d’elle dira même, peu après la naissance et au milieu des youyous qui égayent les couloirs sales, « on a un bébé! ». Nour est aussi à l’origine d’une réconciliation entre les palestiniennes et une détenues israélienne, Shulamit (Raida Adon), qui se met à chanter la gloire du nouveau né en arabe, s’attirant les foudres de ses compatriotes. Un symbole très fort, le début d’un pont entre deux peuples qui occupent le même territoire et parviendront peut-être un jour à être véritablement voisins.

Pour lire un autre article sur 3000 nuits , je vous conseille de faire un tour sur le site On Orient.

Critique - 3000 nuits
3000 nuits est un film choc et engagé qui va secouer les consciences
Acteurs
Mise en scène
Scénario
Image et son
On aime bien
  • le personnage principal
  • un film engagé et une réalisatrice passionnée
On aime moins
  • Le côté documentaire
4.0Note Finale
Note des lecteurs: (0 Vote)
  • Titre : 3000 nuits
  • Année de sortie : 2016
  • Style : drame
  • Réalisateur : Mai Masri
  • Synopsis : Années 80, à la veille des événements de Sabra et Chatila. La révolte gronde dans une prison israélienne, où sont détenues des prisonnières politiques palestiniennes. Layal, une jeune institutrice de Naplouse, vient d’arriver, condamnée à 8 ans de prison pour un attentat dans lequel elle n’est pas impliquée. Elle partage la cellule d’israéliennes condamnées pour droits communs et s’habitue progressivement à l’univers carcéral. Mais Layal découvre qu’elle est enceinte. Envers et contre tous, elle décide de garder l’enfant.
  • Acteurs principaux : Maisa Abd Elhadi, Nadira Omran, Raida Adon
  • Durée : 1h43