Critique – Blue Jasmine
Un nouveau Woody Allen, c’est toujours un petit évènement, quelle que soit la qualité du film. En l’occurrence Blue Jasmine fait grand bruit, en plaçant Kate Blanchett en pole position dans la course aux oscars.
Woody Allen ne s’en cache pas, il apprécie toujours traiter de la bourgeoisie, dans des décors et situations aisées. Il aime créer un décalage autour des « petites contrariétés » de ses personnages, afin de mettre en évidence leur mesquinerie. En général, le scénario tient sur un timbre-poste, et tout est filmé à la manière d’une pièce de théâtre. Peu de protagonistes, un univers clos (qui correspond bien à ceux-ci), quelques quiproquos, des décors bucoliques, voire pittoresques. Ce n’est pas du Feydeau, mais ça y ressemblerait presque !
Les films de Woody Allen gravitent avant tout autour de nombreuses muses. Après Diane Keaton, Mia Farrow, et plus récemment Scarlett Johansson on pourrait imaginer que la suivante ne soit autre que Cate Blanchett. Actrice accomplie, cette dernière s’est vu offrir de plus en plus de rôles intéressants ces dernières années (Je pense en particulier à l’étrange histoire de Benjamin Button). En l’occurrence, L’australienne crève l’écran dans Blue Jasmine. Elle incarne Jasmine, bourgeoise égocentrique arriviste, et légèrement torturée que l’on apprend à connaitre à travers de nombreux flash-backs. Suite au suicide de son mari en prison, elle se retrouve sur la paille et se réfugie chez sa sœur afin de repartir sur de nouvelles bases. Nous sommes alors les témoins de la situation surprenante où Cate Blanchett cette déchéance la pousse à… travailler ! Assez charismatique, l’héroïne est loin d’être sotte, en témoigne sa réplique « l’argent n’a aucun intérêt, pourvu qu’on en ait ! »
Que penser de ce film ? Disons que comme souvent chez Allen, la narration gravite autour de deux personnages, en l’occurrence ici Jasmine et sa sœur. On s’amuse du décalage entre la bourgeoise déchue et la fille plus modeste, deux personnages assez caricaturaux. Les nombreux flashbacks rythmant le film rendent sa narration assez décousue. L’environnement aseptisé, le grain d’image particulier et le thème jazzy récurent témoignent du fait que c’est bien du Woody Allen. Mais je ne retiendrai que la prestation de Cate Blanchett, particulièrement en vue, qui domine tous les autres personnages à l’écran. Je pense que ce film ne mérite d’être vu que pour cette performance car, bien qu’appréciant la patte du réalisateur, je n’ai rien trouvé de foncièrement nouveau dans Blue Jasmine.
- Cate Blanchett incarne une Jasmine troublante qui écrase toute la distribution
- Un récit à la Woody Allen, avec toutes les qualités et défauts que l'on lui connait
- Nous retrouvons cette ambiance à la Allen, qui sied relativement bien au propos. La bande son jazzy est assez lancinante toutefois.