Découvrez la fille du maître dans notre critique de Miss Hokusai
Qui ne connaît pas Hokusai ? Artiste japonais emblématique du courant Ukkiyo-e, il est une référence dans le monde de l’art. Nous connaissons tous ses célèbres vagues, d’ailleurs présentes sur l’affiche du film. En revanche, nous connaissons beaucoup moins sa fille, O-Ei, qui avait hérité du talent de son illustre papa et travaillait parfois avec lui. Miss Hokusai, réalisé par Keiichi Hara (Colorful) et présenté au Festival d’Annecy, nous propose de passer une année avec elle et découvrir son joli coup de crayon mais aussi son intimité et sa vie de famille un peu bohème. Grand plongeon dans un film d’animation où le rock’n’roll se mêle aux traditionnels kimonos. Une recette efficace ?
Miss Hokusai, fille de… mais pas que
Lorsque Miss Hokusai débute, O-Ei (qui est aussi la narratrice), commence par nous parler de son père, qu’elle décrit comme un excentrique, qui dessine aussi bien sur d’immense pièce de bois que sur de minuscules grains de riz.
Nous sommes au 19ème siècle (malgré la musique rock qui accompagne les images), à Tokyo, qui s’appelle alors Edo. Le foyer de la jeune femme est éclaté : elle vit avec son père dans un modeste logement où la propreté n’est pas une priorité. Sa mère vit un peu plus loin en ville et sa jeune sœur, aveugle de naissance, est dans un pensionnat. O-Ei a hérité de son père un incroyable don pour le dessin, une passion dont elle tente de vivre. Une héroïne moderne, qui vit comme bon lui semble dans une société pourtant traditionnelle. Avec son père, la relation est très particulière : ils se parlent peu et il n’est pas évident de savoir qui a de l’autorité ou de l’influence sur l’autre. Keiichi Hara nous les présente comme deux artistes à part entière et très complémentaires. On voit souvent Miss Hokusai terminer les œuvres de son père; celui-ci pouvant se montrer dispersé.
L’art dans Miss Hokusai
La création artistique occupe une place prépondérante dans le film. De nombreuses scènes montrent le Sensei (maître) et sa fille penchés sur une feuille, ou encore cherchant l’inspiration au bord de l’eau ou dans un bordel de la ville (le dessin et la peinture érotiques peuvent rapporter beaucoup). Le réalisateur fait des « pauses » dans son intrigue et transforme certaines scènes en tableaux, la mise en scène faisant alors corps avec le sujet. C’est très poétique mais cela implique d’être un temps soit peu embarqué dans cette histoire à la fois biopic et tableau animé où l’esprit de l’héroïne vagabonde loin d’une trame dramatique classique.
Miss Hokusai prend parfois des allures de film fantastique : apparitions, cauchemars et scènes mystiques s’invitent dans la vie des artistes. Par exemple, lorsque O-Ei, son père et un disciple de ce dernier rendent visite à une prostituée, l’inspiration artistique et la création se lient à des phénomènes presque surnaturels, selon les croyances et la sensibilité des individus.
Une histoire de famille
Miss Hokusai se déroule sur un an. Nous ne sommes pas dans un film biographique à proprement parler, nous avons simplement un aperçu de la vie d’une femme, d’une artiste dans le japon du 19ème siècle. O-Ei, qui semble déterminée et peu encline à se laisser déstabiliser, montre une facette plus sensible lorsqu’elle s’occupe de sa petite sœur O-Nao, non-voyante et de santé fragile.
La relation entre les sœurs Hokusai est très attendrissante, et on écoute attentivement O-Ei décrire le rouge d’une fleur de camélia et le rire de O-Nao lorsque des flocons de neige tombent sur ses cheveux. Ces moments d’intimité sont abordés avec pudeur et finesse, comme pour montrer leur grande fragilité. Derrière le travail artistique de Miss Hokusai qui semble prendre toute la place, c’est toute une vie de famille, avec ses joies et ses deuils, qui se joue ici, discrètement, comme tapie dans l’ombre. Aussi est-on un peu surpris lorsque la fin du film approche. Miss Hokusai n’a pas de véritable intrigue avec « introduction, péripéties, conclusion » et nous laisse un peu sur notre faim.
Pour un autre article sur Miss Hokusai, c’est par ici.
- La relation entre les deux soeurs Hokusai
- Un film très poétique, tout en finesse
- Le film laisse un petit goût d'inachevé
- Titre : Miss Hokusai
- Année de sortie : 2015
- Style : Anime, Manga
- Réalisateur : Keiichi Hara
- Synopsis : En 1814, HOKUSAI est un peintre reconnu de tout le Japon. Il réside avec sa fille O-Ei dans la ville d’EDO (l’actuelle TOKYO), enfermés la plupart du temps dans leur étrange atelier aux allures de taudis. Le "fou du dessin", comme il se plaisait lui-même à se nommer et sa fille réalisent à quatre mains des œuvres aujourd’hui célèbres dans le monde entier. O-Ei, jeune femme indépendante et éprise de liberté, contribue dans l’ombre de son père à cette incroyable saga artistique.
- Durée : 1h33