La bataille des Cinq Armées, nos adieux à la Terre du Milieu
Plus de 10 ans ont passé depuis La communauté de l’anneau. Le dernier volet du Hobbit et La Bataille des Cinq Armées vient clôturer la trilogie du même nom ainsi que par la même occasion, la saga du Seigneur des Anneaux. Marchons ensemble vers notre dernier notre voyage en Terre du Milieu et envoyons un adieu aux adaptations de Tolkien.
La Bataille des Cinq Armées est le 3eme et dernier film de la trilogie du Hobbit. Vous pouvez retrouver nos critiques sur les deux premiers volets : le Voyage Inattendu et la Désolation de Smaug. Comme les précédents, il est réalisé par Peter Jackson, mais non exclusivement écrit par ses soins, détail important sur lequel nous reviendrons plus tard. C’est également en Nouvelle Zélande que se déroulent nos aventures et encore une fois, l’immersion est totale.
La bataille des cinq armées – Les personnages
Pas de changement à ce niveau. Nous retrouvons nos compères habituels. Gandalf, Bilbo et toute la clique des Nains sont au grand complet. Absence totale attendue de Gollum qui ne reviendra que pour les Deux Tours. Tauriel, le personnage elfe inventé pour le film est encore là. Elle est au centre de la seule intrigue amoureuse du film, avec le nain Kíli. Nous comprenons l’idée de vouloir rajouter une romance pour un film grand public, lui donner un côté émotionnel et même si cette relation est plutôt bien intégrée dans La Bataille des Cinq Armées, on regrette peut être de vouloir partir sur cette facilité scénaristique. Très bien utilisée dans le Seigneur des anneaux avec Arwen et Aragorn, cette romance était suggérée, implicite, tout en restant le moteur de motivation de notre héros. Ici elle est clairement affichée et embrasse les codes classique avec l’échange de regards et les baisers volés.
La Bataille des Cinq Armées c’est aussi Legolas qui passe sur le devant de la scène. Plutôt en arrière-plan sur le dernier volet, il ressort sans modération ses flèches. Froid, distant et même vieilli, on ne retrouve pas le jeune fougueux dynamique du Seigneur des Anneaux. Compréhensible déjà par l’âge de l’acteur, Orlando Bloom, mais du coup un décalage chronologique se crée. Une autre raison possible à ce changement de personnalité se cache peut être dans le fait que Legolas n’est pas épanoui chez son père Thranduil, roi des Elfes Gris de la forêt Grand’Peur /Noire (Mirkwood). Il partira chez les Elfes de la Lothlórien rencontrer un mystérieux rôdeur descendant des Dúnedain. Rappelons que Legolas n’est pas présent originalement dans la trilogie du Hobbit. Sur ce personnage en particulier on remarque que Peter Jackson s’est encore fait plaisir : ici encore Legolas réalisera une prouesse défiant les lois de la gravité avec un ralenti en prime ! Pour finir sur notre elfe j’ajouterai le rajout totalement inutile de sa mère. En clair, en l’espace de 2 minutes, vous allez apprendre qu’il a eu une mère et qu’elle est morte pour finir sur un affligeant « Legolas ! Ta mère t’aimait… », puis on n’en reparlera plus jamais de toute la saga.
On notera que Bard est plutôt bien traité, il en va de même pour le personnage d’Alfrid qui fera tout pour ne pas se battre. Il semble faire écho au personnage de Grima aussi lâche et détestable. Bilbo est vraiment très intéressant notamment dans la scène avec le gland.
On retiendra de cette trilogie un survol comportemental et relationnel des personnages. D’une part à cause de 13 nains qu’il est impossible de suivre à part les 3-4 principaux, et d’autre part par une volonté de vouloir concentrer le scenario sur les évènements. La maladie de l’or affectant la ligne des Durin est le mal qui asservit Thorin dans La Bataille des Cinq Armées. Cette maladie, proche de celle qu’a l’anneau sur son porteur et qui était très bien illustré dans le Seigneur des Anneaux, n’est mise en scène qu’une fois. Certes d’une manière très bien faite, proche d’un questionnement Shakespearien, mais qui illustre le manque de volonté globale de vouloir s’attarder sur le ressenti de nos protagonistes.
La Bataille des Cinq Armées – les décors
La Bataille des Cinq Armées confirme l’énorme talent de l’équipe visuelle. Découvertes de la première saga, les paysages naturels de la Nouvelles Zélande se prêtent toujours autant à l’adaptation de la Terre du milieu. L’utilisation de la vraie 3D (en opposition avec le passage en 3D en post production comme 80% des films actuels) est un vrai régal. Pas non plus indispensable pour apprécier les décors, c’est une amélioration non négligeable pour apprécier les profondeurs de l’environnement. Les effets visuels sont également présents. On regrette peut être le passage du tout numérique à l’utilisation de la maquette, petite révolution à l’époque. Le rendu reste bien au-dessus de la moyenne. Les combats sont épiques. La bataille finale, La Bataille des Cinq Armées donc, n’est pas fouillis. Elle reste ordonnée, tout en nous en envoyant plein les mirettes. Il en va de même pour le combat d’Elrond, Saroumane et Galadriel contre les neuf mais à coté de ça le duel Sauron-Galadriel en particulier est vraiment trop exagéré. Alors que, dans le volet précédent, le combat entre Gandalf et Sauron était vraiment beau artistiquement parlant, sans pour autant tomber dans l’excès. Celui-ci se perd dans l’usage de trop d’effets spéciaux en même temps.
Il est apparemment même conseillé de regarder le film en HFR (Hight frame rate) à savoir 48 images / seconde au lieu de 24, rendant les prises de vues rapides beaucoup plus fluide, mais qui donne une sensation de vitesse au film qui peut être désagréable.
Le bestiaire est génial. Les trolls, golems et autres créatures immondes sont superbement bien représentées. Les expressions des visages et autres détails sont là et nous donne vraiment le sentiment de réel. Mention spéciale pour le cerf géant de Thranduil ainsi que le porc de Dáin, cousin de Thorin. Ces deux montures sont vraiment époustouflantes par leurs réalismes. Ou encore le design particulièrement intéressant du troll bélier ou des trolls catapultes.
La Bataille des Cinq Armées – Un scénario découpé au gourdin
La Bataille des Cinq Armées – Est-elle une réussite ?
La Bataille des Cinq Armées n’est pas un mauvais film, bien au contraire. Il est même au-dessus de ce qu’il est possible de voir dans le genre épique fantastique. Mais cette affirmation n’est vrai qu’en mettant de côté certains points. La première chose est qu’il n’est pas possible de regarder cette trilogie sans vouloir inexorablement faire une comparaison avec celle du Seigneur des Anneaux et, en ce sens, La Bataille des Cinq Armées et les films précédents y sont moins bien réalisés. Pour rappel, Peter Jackson ne voulait pas reprendre la direction du Hobbit sachant qu’il avait peur de se faire de l’ombre à lui-même. Guillermo Del Toro devait à la base être derrière la caméra. Mais derrière la pression de l’équipe déjà mise en place, Jackson s’est laissé emporter sur le projet, peut-être à contre-cœur. Ce point semble se vérifier dans les bonus où l’on sent le réalisateur moins dans son assiette.Après 15 ans de tournage sur le même univers, ça peut se comprendre.
Le deuxième point, directement lié au premier, est la base même de l’adaptation et l’écriture que l’on veut en donner dans le film. Le Hobbit est un ouvrage court et moins détaillé que le Seigneur des Anneaux. La Bataille des Cinq Armées et le reste de la trilogie n’y sont pas moins bons, non pas par le décor ou les acteurs qui sont excellents, mais bien par l’écriture et surtout le découpage à la hache d’orque du livre de Tolkien. Alors que La Bataille des Cinq Armées semble vouloir rectifier le tir après deux films « trop » longs, le mal est déjà fait. Alors que Le Voyage Inattendu était majoritairement fait de remplissage et La Désolation de Smaug une préparation, plutôt bien faite du grand ennemi des nains, ce troisième volet semble expéditif en comparaison. Malgré un temps à l’image plus long, nous ne nous arrêtons pas sur les personnages ou leurs sentiments. Nous arrivons directement au vif du sujet, en grande partie car la base elle-même n’est pas faite pour. On note également les tentatives, plutôt réussies pour faire le lien avec Le Seigneur de Anneaux, par exemple : La Bataille des Cinq Armées se terminant exactement au moment où La Communauté de l’Anneau commence, lorsque Gandalf frappe à la porte de Bilbo avant sa soirée d’adieux.
Pour finir je dirai qu’il est possible de décrire et de décortiquer à l’infini cette trilogie dans une tentative de la railler. Mais prise seule, elle est bonne. De par son réalisme, ses acteurs et ses visuels, tout est là pour nous faire plonger dans la Terre du Milieu. Et cela reste un vrai bonheur. Mais La Bataille des Cinq Armées et le reste de la trilogie du Hobbit n’est que le pâle reflet du Seigneur des Anneaux. Volontairement ou non, il est impossible de faire l’impasse. Moins approfondie sur les personnages et sur l’écriture, La Bataille des Cinq Armées et les aventures du Bilbo le Hobbit restera le préquelle non nécessaire à la sublime saga du Seigneur des Anneaux.
Si vous voulez en savoir plus sur La Bataille des Cinq Armées et la trilogie du Hobbit, nous vous conseillons les liens suivants:
http://www.premiere.fr/film/Le-Hobbit-La-Bataille-des-Cinq-Armees-3450942
http://www.warnerbros.fr/le-hobbit-la-bataille-des-cinq-armees.html
- Le bestiaire
- La bataille
- L’univers de la Terre du Milieu
- Le survol des personnages
- Les adieux ...