Test – Hotline Miami 2

Test de Hotline Miami 2, un jeu développé par Dennaton Games et édité chez Devolver Digital. Des psychopathes sous les tropiques pour une suite attendue que nous décortiquons dans cette critique.

Il aura fallu attendre quasiment trois ans pour voir débarquer Hotline Miami 2, la suite d’un des jeux indépendants les plus marquants de cette décennie. Hotline Miami, sorti en Octobre 2012, est tout comme sa suite développé par Dennaton Games, un duo Suédois bourré de talent. Dennis Wedin et Jonatan Söderström n’ont pas énormément d’expérience quand ils attaquent le développement du premier Hotline Miami, avec quelques dizaines de petits jeux étudiants (disponibles sur cette page) au compteur. Pour bien se démarquer d’un milieu un peu surpeuplé en ce moment, Dennaton Games tente un mélange à priori complètement fou : vue du dessus comme les premiers GTA, ambiance ensoleillée, anxiogène, ultra-violente et poisseuse, du die and retry pur et dur à base de run parfait ou mort assurée, une musique complètement tripante et une histoire sous acide nous menant jusqu’à un complot contre une alliance américano-russe. Le tout avec une forte référence à Drive. Hotline Miami a l’air fou furieux comme ça, et ça l’était, à tel point que les joueurs ont immédiatement accroché dans une grande majorité, faisant de Dennaton Games un studio surveillé de très près. Notamment par Sony qui, flairant le bon coup, s’offre l’exclusivité console du phénomène, et recommence le coup pour Hotline Miami 2.

Pulp Fiction se délocalise à Miami.

Résumer l’histoire de Hotline Miami 2 est une mission que même Ethan Hunt aurait du mal à accepter. Disons qu’elle met en place différentes intrigues, afin d’approfondir le background dégénéré du premier jeu. Nous n’allons pas dévoiler tous les personnages afin de vous laisser le plaisir de la découverte, mais citons-en tout de même quelques-uns. Martin, un acteur de film gore, star psychotique d’un film retraçant les événements du précédent soft. Une bande de fans (Tony, Corey, Mark, Alex et Ash) complètement dingos de Hotline Miami, s’ennuyant à tel point qu’ils s’inspirent des actes de l’anti-héros du jeu précédent. Manny, un flic corrompu et complètement déséquilibré, qui profite de chaque raid pour laisser parler son instinct meurtrier. D’autres frappadingues se joignent au scénario de Hotline Miami 2, se croisent, se trucident, pour mieux faire la lumière sur les exactions commises dans le premier épisode.

image couverture hotline miami 2Allongez-vous dans le divan.

Hotline Miami 2 donne donc dans le récit éclaté, et avec une réussite admirable. On retrouve tout de suite le feeling du précédent opus, même si nous allons faire la lumière sur les quelques nouveautés par la suite. Mais avant toute chose, on est rassuré quand au renouvellement scénaristique. Hotline Miami 2 donne à la fois dans le cryptique (à la limite du troglodytique) et l’auto-référence, et c’est une nouveauté. Le but est de parler du joueur, dynamiter le quatrième mur de manière efficace, donc en sous-texte. La bande de fans est évidemment l’exemple le plus parlant, la métaphore la plus directe de tout Hotline Miami 2 : le fanatique est tellement bien dans son confort qu’il ne demande qu’à y baigner et, au bout du compte, s’approprie un peu trop une œuvre qui ne lui appartient pas plus qu’aux autres. On le voit, Hotline Miami 2 parle, règle même certains comptes, et finit par être aussi intéressant à analyser après-coup qu’hypnotique à jouer.

Australie, pays du bush intellectuel et de la censure.

Car Hotline Miami 2, c’est avant tout un jeu (PEGI 18, alors que les parents fassent attention et s’occupent de leurs enfants, au lieu de se plaindre de la violence d’une œuvre qui ne leur est pas destinée !), et il est toujours bon de le rappeler à quelques personnes un peu trop à cran sur la violence étalée tout du long. Abordons d’ailleurs sur le tapage ridicule autour d’une séquence de pseudo-violence sexuelle, où trois pixels se rapprochant l’un de l’autre de manière tout à fait grotesque ont l’air de choquer grandement dans certains pays. En Australie plus précisément, cette contrée qui refuse toute référence à l’alcool dans le jeu vidéo, avant d’aller maltraiter les aborigènes. Décrivons tout de même ce passage précis de Hotline Miami 2, où le joueur incarne Martin, qui joue donc le rôle du tueur du premier jeu. Le carnage est grossi, devient un spectacle gore ridicule, comme le cinéma sait si bien le faire, et cette séquence est aussi là pour le dénoncer. Ça se termine donc par l’acteur qui se jette sur une actrice, le pantalon se baisse de deux ou trois pixel, et le réalisateur intervient pour couper et dévoiler qu’il s’agit d’un tournage. Voilà ce qui choque l’Australie, qui supporte de voir leur poignée de natifs encore en vie être réduite à moins que rien, tout en produisant (l’excellent) Wolf Creek qui montre mille fois plus. Précisons d’ailleurs que Hotline Miami 2 propose une option pour les plus sensibles d’entre nous, qui ne supporteraient pas la séquence incriminée : désactiver la-dite scène. Bref, revenons à ce qui nous intéresse : le jeu Hotline Miami 2.

image jeu hotline miami 2Quand les premiers GTA rencontrent un Manhunt sous acides.

Hotline Miami 2 reprend tout ce qui a bien marché chez son ainé, garde l’incroyable rythmique entre gameplay, vitesse d’exécution et die and retry. On a toujours l’impression de jouer à un Manhunt sauce rétro et hyperactif. Vous faire le topo du précédent soft est important, histoire d’avoir des éléments de comparaison. Voilà comment fonctionne un niveau de Hotline Miami : une aire de jeu limitée dans des environnements intérieurs et urbains, les étages d’un immeuble étant le principal décor. Votre personnage et son masque, choisis par le joueur, lui garantissant une capacité spéciale. Une vue du dessus rappelant furieusement celle des premiers GTA. Des ennemis aux patterns les plus basiques possible : je te vois, je fonce vers toi ou te tire dessus. Un coup ou deux balles c’est l’échec. Le but est simple : nettoyer la place, non pas avec de la javel, mais avec l’hémoglobine de tous les mauvais bougres du coin. Évidemment, le fait que Hotline Miami soit cloisonné dans des intérieurs fait que le décor est très important, et doit être abordé de manière à vous en faire un allié. Une vitre ? Pan, les balles la traversent. Un garde armé alors que vous ne l’êtes pas ? S’il passe derrière une porte à votre portée, poussez-là, assommez le vilain, achevez-le à terre en pressant un simple bouton et récupérez son arme avant de fondre sur une autre salle de l’appartement, remplie de féroces fielleux. Le tout baigné d’une musique parfaitement choisie, vous poussant sans cesse à atteindre le nirvana des joueurs : la « zone ». Oui, Hotline Miami 2 a un sacré grand-frère, il ne doit pas se louper.

Des bugs embarrassants.

Hotline Miami 2 reprend toutes ces données, mais en transforme et améliore énormément certains points. Concentrons-nous d’abord sur les quelques chagrins, ici ou là. Tout d’abord, et vous l’aurez compris avec l’histoire du jeu, on joue plusieurs personnages, et les masques sont de retours mais de façon bien surprenante. Moins nombreux et plus portés sur l’efficacité et non la fantaisie, on regrette certains absents à l’appel de ce Hotline Miami 2. Aussi, le fait de jongler entre plusieurs personnages limite le choix, qui au final ne porte que sur une poignée d’accessoires pour chacun. Une petite déception donc, mais très pardonnable tant ça reste cohérent avec la trame de Hotline Miami 2. On pourra aussi regretter que le système de verrouillage des ennemis soit toujours aussi approximatif, mais de toute manière son utilisation n’est pas recommandée pour tenter de jouer à la perfection… La véritable déconvenue se trouve dans ces bugs, déjà présents dans le précédent opus, et qui se retrouvent, certes amoindris dans Hotline Miami 2, mais toujours aussi embarrassants. Des ennemis qui restent coincés au moment de passer une porte, des sprites qui tournent sur eux-même dans une farandole hystérique, des cadavres traversant les murs… Certains, les speedrunners en tête, diront que ces imperfections font partie d’un ensemble, du gameplay ou du moins de la façon d’aborder les niveaux et d’organiser sa tuerie. C’est très possible, mais on ne peut s’empêcher tout de même de se faire la remarque de temps en temps en jouant à Hotline Miami 2, quand certaines situations sont beaucoup trop cocasses pour ne pas casser un peu le trip.

image hotline miami 2Better and bigger.

Passés ces déboires, certes peu nombreux mais tout de même regrettables, Hotline Miami 2 n’est que du bonheur, un long trip sous acides qui jamais ne semble vouloir s’arrêter. Tout d’abord, les décors ont été très largement agrandis et diversifiés. On avait tendance à passer sa vie dans des appartements auparavant, alors Hotline Miami 2 a décidé d’ouvrir les perspectives, de s’offrir des respirations dans des lieux gigantesques comparés à ceux de son ainé. On ne vous dévoilera pas grand chose en vous apprenant que vous irez trucider à tout va sur l’île d’Hawaï, ou encore dans une prison, pour l’un des passages instantanément cultes de Hotline Miami 2. Et c’est encore plus réussi côté direction artistique, sans faute de goût, toujours en cohérence avec l’univers du jeu. Du pixel art bien maîtrisé, une tendance qui semble faire ses preuves actuellement. Le jeu devient plus long aussi, et c’est normal avec des niveaux plus vastes, mais surtout un new game + qui permet de reparcourir le jeu avec une difficulté bien plus corsée, l’impossibilité de verrouiller automatiquement les ennemis, et la carte des niveaux inversée. Ajoutez à cela l’entêtante quête du highscore, la recherche de tous les petits secrets, mais aussi et surtout un éditeur de niveaux (toujours pas disponible au jour de ce test) qui promet de très longues heures de jeu en rab.

Laisse moi kiffer la vibe avec mon shotgun.

Beaucoup d’éléments se sont donc  perfectionnés dans Hotline Miami 2, et la bande son en est le meilleur exemple. Déjà formidable dans le précédent opus, elle devient ici invraisemblable de qualité. Le niveau de la prison, encore lui, vous restera longtemps dans le crâne et dans les oreilles. Ces mélodies tellement entraînantes nous procurent toujours la dose d’adrénaline indispensable pour atteindre « la zone », cet instant magique où la concentration du joueur est tellement maximale qu’il a l’impression de jouer comme un dieu. Les joueurs de F-Zéro et d’obscurs shoot’em up connaissent très bien cet état, qui a même un nom dans le domaine de la psychologie : le flow. Il fallait bien cette impression pour pouvoir supporter la difficulté de Hotline Miami 2, revue à la hausse en même temps que la caméra en vue du dessus s’est éloignée légèrement. On gagne donc en visibilité, mais les ennemis aussi, fatalement. D’ailleurs, du côté des vilains, on retrouve toutes les valeurs sûres, leurs patterns ridicules et leur IA proche du néant, un système pensé pour pousser le joueur de Hotline Miami 2 à être méthodique mais aussi un peu rentre-dedans. Tout pour en faire de joyeux collègues de massacre, mais on note un manque de renouvellement. On aurait aimé en avoir plus à ce niveau, ce qui n’est pas le cas pour les armes, plus nombreuses. Découper en deux un vilain avec une tronçonneuse avant d’aller fracasser le crâne d’un autre avec une batte de base-ball, quoi de plus savoureux ? On plaisante évidemment (sait-on jamais, si un australien lit ce test), même si Hotline Miami 2 est purement jouissif dans ces moments de violence débridée (et puis zut).

image gameplay hotline miami 2L’essayer, c’est l’adopter.

Au final, Hotline Miami 2 est tout simplement la forme finale du premier jeu de Dennaton Games. Tant mieux d’ailleurs, car les développeurs ont annoncé qu’il n’y aura pas de trilogie. Il s’agit donc d’un baroud d’honneur, pas dénué de tout reproche, mais qui appuie certaines qualités du premier, et en ajoute assez pour attirer l’attention de tous, même de ceux ayant passé des heures sur le premier opus. Notamment les plus fous d’entre nous, ceux qui ne verront pas d’objection à passer beaucoup de temps, manette en mains, mâchoire inférieure relâchée, complètement absorbés par l’ambiance incomparable de Hotline Miami 2. Notons que le jeu, de par son pixel art très peu exigeant techniquement, est compatible avec les configurations PC les plus faibles du moment (test effectué sur un AMD Dual-Core E1-2500, AMD Radeon HD 8240, 4 GB DDR3) et ça tourne à la perfection. Arrive enfin la question du prix de Hotline Miami 2 : 14.99€. C’est une somme, mais largement rentabilisée pour qui accroche au concept.

Hotline Miami 2, les bonus.

Pour avoir une idée des idées farfelues du studio de développement derrière Hotline Miami 2, visitez le site officiel de Dennaton Games.
Gamekult a consacré un Point GK à Hotline Miami 2.
N’hésitez pas à consulter d’autres tests de Hotline Miami 2, notamment chez Jeuxvideo.com et Gamelove.
Pour acheter Hotline Miami 2 sur PC, direction Steam ou GOG.

Test - Hotline Miami 2
Hotline Miami 2 emmène la recette d'origine à un niveau supérieur, même si le jeu reste victime de quelques soucis.
Graphismes
Durée de vie
Ambiance
Gameplay
On aime
  • L'histoire sacrément folle.
  • Durée de vie très satisfaisante.
  • Une B.O. culte.
On aime moins
  • Toujours ces petits bugs.
  • Le verrouillage pas toujours top.
  • Moins de masques.
3.9Note Finale
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